Le PQ et les plaques tectoniques

2016/10/12 | Par Paul de Bellefeuille

Ça bouge au Parti québécois! Certaines secousses sismiques, provoquées par le mouvement de certaines plaques tectoniques dans ce camp politique, sont-elles annonciatrices d’un tremblement politique d’une plus forte intensité?

L’élection de Jean-François Lisée, à la tête du Parti québécois, est certainement une de ces secousses, de forte intensité, qui provoquent stupeur et tremblement en la personne de Philippe Couillard mais aussi chez certains Libéraux comme le ministre de l’éducation Sébastien Proulx ou encore Jean-Marc Fournier, leader parlementaire du gouvernement. Ces deux fidèles serviteurs n’ont pas attendu très longtemps pour dégainer leurs sempiternelles menaces que le ciel « séparatisse » allait nous tomber sur la tête. Le mois d’octobre, Halloween oblige, est certainement propice à sortir tous les épouvantails susceptibles d’effrayer les petits et grands enfants.

Toutefois, quelques secousses secondaires sont surprenantes. Le camp de la famille souverainiste est aussi touché par certaines craintes à l’endroit du nouveau chef. Les propos et attitudes de Gilles Duceppe et de Louise Beaudoin ne trompent pas. Gilles Duceppe évoque avec joie l’élection du Jean-François Lisée nouveau, suite à l’écoute de son discours de victoire, mais ajoute craindre que le mauvais Lisée sorte du placard. Évidemment, Radio-Canada ne pouvait être plus enthousiaste à faire tourner en boucle les paroles de Gilles Duceppe.

De même Louise Beaudoin, lors de la soirée de l’élection sur les ondes de Radio-Canada, n’a pas raté l’occasion d’évoquer ses craintes à l’endroit du nouveau chef de son ancienne formation politique. Saura-t-il écouter sa garde rapprochée, se demande-t-elle? Manifestement, sa réponse est non. Il est clair que son candidat idéal ne portait pas les initiales JFL.

Autre secousse sismique, ou plutôt un pavé lâché dans la mare péquiste est la présentation du documentaire de l’ancien membre du groupe d’humoristes les Cyniques, Marc Laurendeau, sur le Parti québécois. Ce documentaire pose la question suivante : le PQ serait-il le parti politique d’une seule génération? Ce documentaire ne devait être diffusé qu’en novembre 2016. Il fut présenté, à la demande expresse de Radio-Canada, le jeudi 6 octobre 2016, soit la veille de la fin de la campagne électorale. Quel heureux hasard!

Ce pavé fait des vagues depuis sa présentation. Les commentateurs politiques, surtout Radio-Canadiens, reprennent en boucle l’argument de l’âge vénérable des membres du PQ. Semer le doute dans l’esprit de ses adversaires est une vielle tactique utilisée sur le terrain politique comme il est d’usage courant en stratégie militaire.

Les autres membres de la famille élargie des indépendantistes sont sur leur garde et Sol Zanetti, chef d’Option nationale, évoque la décadence du PQ faute de ne pas avoir choisi, en priorité, la voie royale de l’Indépendance.

Québec solidaire va dans la même direction en déclarant que le programme de son parti prévoit la tenue d’un référendum dans un premier mandat. Il serait donc difficile de travailler avec un parti qui repousse la tenue d’un référendum. L’appel à la convergence des forces souverainistes a déjà du plomb dans l’aile.

Il ne fait aucun doute que l’élection de Jean-François Lisée provoque aussi certaines secousses, plus subtiles ou secrètes celles-là, dans le camp de ce qu’il est convenu d’appeler l’establishment du parti. Comment les autres candidats et candidates à l’élection, ainsi que les députés qui les ont appuyés et la machine péquiste, sauront faire preuve de solidarité et de loyauté, à court, moyen et long terme, à l’endroit du nouveau chef?

Il est relativement facile de combattre un adversaire connu qui annonce clairement ses couleurs. Mais comment lutter contre certaines forces de l’ombre qui minent l’organisation et le moral des troupes.

Nous sommes bien en plein Halloween! En espérant que les fantômes sauront retrouver, une fois la fête passée, leurs vielles maisons hantées dans le plus grand intérêt du bien commun. La politique générale d’austérité du PLQ a assez duré. Le Québec mérite mieux.

Il est donc fortement recommandé au Parti québécois de reprendre le pouvoir, dans le plus grand intérêt des Québécois et Québécoises, mais aussi le bâton du pèlerin de l’Indépendance une fois élu. Ce chantier a trop longtemps été délaissé. Il ne manque pas de bons députés pédagogues au PQ pour entreprendre cette démarche d’éducation politique.