Hochelag’ et HoMa : Quelle vision d’avenir?

2016/10/24 | Par Pierre-Luc Baril

Le 23 octobre, le Pavillon d’éducation communautaire Hochelaga-Maisonneuve (PEC) était l’hôte de l’Assemblée de lutte contre la gentrification de Hochelaga-Maisonneuve. L’évènement avait pour objectif d’entendre les citoyens du quartier sur leur expérience de la gentrification afin d’organiser la lutte contre le phénomène.     

Organisé conjointement par Chlag.info, organisation qui se veut le « comité hochelaguien de lutte anti-gentrification » et le Comité Bails, organisme pour l’action et l’information en faveur du logement social, l’assemblée s’est ouverte sur la projection de deux courts vidéos.  

L’un mettait en scène un jeune couple profitant des commerces de la rue Ontario et l’autre un promoteur immobilier parcourant le quartier à vélo. Ce qu’il faut comprendre, c’est que les deux vidéoclips étaient en fait des annonces publicitaires de deux importants groupes immobiliers. Dans les deux cas, on retrouve une vision, pour reprendre les mots d’une membre de l’assemblée, « homogène, lisse et surtout très propre » du quartier « HoMa ».  

C’est sur cette projection que s’est ouverte la première partie de la rencontre misant sur les interventions citoyennes. Tour à tour, des habitants du quartier ont défilé au micro. La gentrification a d’abord été défini par l’assemblée comme « un processus d’appropriation d’un quartier par des investisseurs extérieurs ».  

Chacun et chacune y alla de sa propre expérience et de sa vision de la gentrification. De nombreux thèmes récurrents au phénomène furent évoqués: l’augmentation de la valeur foncière des lieux, le déplacement des ressources sociales, la hausse du prix du loyer, le faux idéal de la mixité sociale, le nettoyage social fait par la police et plusieurs autres.  

De nombreux reproches furent adressés à l’encontre de la Société de Développement Commercial Hochelaga-Maisonneuve (SDC). Un citoyen a mis l’accent sur le Plan stratégique 2014 de la SDC pour la revitalisation du quartier.  

L’idée générale de cette stratégie est de mettre en place « une image de marque » telle que l’exprime la SDC pour le quartier. Dans ce plan, il est question de la modification de l’« alternance de commerces bien tenus et d’anciens magasins aux vitrines peu engageantes » et de « la présence de dépanneurs, "magasins d’escompte" et de vêtements peu attractifs ». Tous des types de commerces fréquentés par les plus démunis qui forment une large proportion des habitants du quartier.  

À ce moment-là, la tension a grimpé d’un cran lorsqu’un membre de la SDC a pris la parole au micro. Celui-ci défendait les petits commerces et la situation des commerçants. Le micro de l’homme a même été coupé, sa position ne rejoignant pas « la position de l’assemblée », selon les animatrices.   

En dehors des tensions présentes à certains moments, la rencontre s’est orientée vers les initiatives futures. Cette seconde période a débuté par une précision pertinente faite par un citoyen. Il expliqua brièvement que l’arrondissement avait pris note du phénomène, notamment par une étude de l’INRS, et avait formé un groupe comprenant la Table de quartier, la SDC, les élus provinciaux et plusieurs autres organismes afin de discuter de l’enjeu. Cependant, quelques organismes, dont le Comité Bails, ont quitté l’association, car on tentait de légitimer le phénomène de gentrification dans les discussions.  

Un grand nombre d’initiatives intéressantes ont été proposées, notamment par les moyens de contestations traditionnels comme la manifestation, l’information publique, etc. Mais d’autres ont également évoqué des idées comme la mise en place de règlementations et de moratoires sur la construction de condominiums, la création d’un registre des dépenses faites dans le quartier, établir la liste des organismes qui ont besoin de locaux, développer une monnaie locale ou faire usage de l’art pour la dénonciation.  

Bien d’autres solutions furent proposées, mais toutes s’inscrivaient soit dans l’usage des voix officielles, de l’éducation populaire, des lieux à défendre ou des moments pour faire la lutte. C’est sur ces quatre thèmes que s’est conclue l’assemblée tandis que les participants s’assemblaient en sous-groupes de discussion et de travail, sous l’un ou l’autre de ces thèmes.  

Ainsi, cette assemblée se voulait le point de départ d’une vaste lutte contre la gentrification dans Hochelaga-Maisonneuve qui devrait s’échelonner dans les mois, voire l’année, à venir. Comme en témoignait l’un des citoyens présents, « c’est une belle lutte qui s’annonce pour la sauvegarde de notre Hochelag’».   

Liens  

Chlag.Info : http://chlag.info/ 

Plan stratégique 2014 de la Société de Développement Commercial Hochelaga-Maisonneuve : http://www.promenadeshm.ca/fichiers/plan_strategique_2014.pdf