À bas les tueurs d’oiseaux

2016/11/03 | Par Pierre Dubuc

Michel Chartrand aurait eu 100 ans le 20 décembre prochain. À l’hommage qui lui est rendu par l’impressionnante sculpture d’Armand Vaillancourt au parc qui porte son nom à Longueuil, s’ajoute « À bas les tueurs d’oiseux! », un livre de témoignages et de réflexions d’amis et de membres de sa famille sur son parcours militant.

De nombreuses photos et le magnifique design graphique de Jean Gladu font de ce livre une pièce de collection que les admiratrices et les admirateurs de Michel Chartrand voudront se procurer.

La pièce de résistance de cet ouvrage est sans contredit le texte sur le parcours militant de Michel Chartrand rédigé par sa fille Suzanne et intitulé : Michel Chartrand : un indigné conséquent. Le mot important ici est « conséquent ».

Selon elle, les valeurs et la pensée politique incarnées dans l’action militante et la force physique et morale de lutter avec courage et détermination, Michel les a puisées à deux sources : son interprétation du christianisme et son contact intime avec les travailleuses et les travailleurs en lutte.

« C’est du christianisme que Michel Chartrand s’est inspiré toute sa vie et non du catholicisme qui était, pour lui, intimement associé à l’institution de l’Église et à toutes ‘‘ ses turpitudes’’ ».

« Sa conception du christianisme était assez simple : un être s’est incarné pour vivre parmi les hommes, leur prêcher l’amour et la solidarité, les nourrir quand ils avaient faim, dénoncer les exploiteurs et les profiteurs, exiger le respect de tous : hommes et femmes, jeunes et vieux, riches et pauvres, et, surtout, les plus marginaux de la société. »

Sur plusieurs pages, Suzanne relate de façon concise et exhaustive les multiples luttes auxquelles Michel a été associé. « Il en tire, selon elle, une grande leçon : les travailleurs en lutte forment l’avant-garde de la classe ouvrière, ils montrent la voie et, même lorsqu’ils ne sont pas suivis dans l’immédiat, ils font avancer l’ensemble du peuple.

« Selon lui, il ne faut pas attendre que tous se mettent en marche pour lutter contre l’exploitation capitaliste et les pouvoirs qui la rendent possible; il faut soutenir ceux qui ont décidé de se battre. »

Suzanne est en désaccord avec le fait d’associer Michel Chartrand à l’anarchisme ou à l’anarchosyndicalisme. « Il n’en est rien. Au contraire, sa vision du socialisme confère aux institutions politiques et sociales démocratiques un rôle fondamental et l’État doit jouer un rôle politique, économique et social. Cela est à l’extrême opposé de l’anarchisme comme théorie et pratique politiques. Il s’en démarque aussi quant à sa conception de la démocratie participative dans le mouvement syndical. »

Pierre Dubuc

Suzanne G. Chartrand, À bas les tueurs d’oiseaux. Didactica, c.é.f. / Éditions Trois-Pistoles