Nouvel engagement du Canada à la COP22 : « De la science-fiction ! »

2016/11/21 | Par Monique Pauzé

L’auteure est députée du Bloc Québécois

Alors  que les participants à la COP22 s’entendent sur la nécessité de redoubler d’ardeur dans la lutte aux changements climatiques, la porte-parole bloquiste en matière d’environnement, Monique Pauzé, s’en prend aux prétentions du gouvernement fédéral de participer à l’effort mondial avec ses nouvelles cibles de réduction des gaz à effet de serre (GES).

« 80 % ? Pourquoi pas 100 ? Pourquoi pas 150 ? Ottawa pige un chiffre dans un chapeau pour bien paraître devant ses partenaires internationaux, mais tant qu’il continuera d’investir dans les énergies fossiles, on est dans le domaine de la science-fiction », a déploré Mme Pauzé.

À l’issue de la COP22, la ministre fédérale de l’Environnement, Catherine McKenna, projetait le plan canadien de lutte aux changements climatiques dans l’avenir en déclarant viser 80 % de réduction des GES d’ici 2050, comme « tous les pays du monde ».

Or, le monde, incluant le Québec, utilise majoritairement 1990 comme année de référence et non pas 2005. Ce faisant, le Canada se lave les mains de 15 années de pollution reliée à l’exploitation des sables bitumineux. Pendant ce temps, les libéraux ont récemment donné le feu vert au projet de gazoduc Pacific Northwest LNG, qui deviendra l’un des principaux émetteurs de GES du Canada. Le Canada considère toujours le développement de l’industrie des sables bitumineux avec les projets de pipelines Énergie Est et Trans Mountain, en plus du retour de Keystone XL à l’ordre du jour depuis l’élection de Donald Trump aux États-Unis. Cette semaine, des groupes environnementaux estimaient les subventions canadiennes aux énergies fossiles à 3,3 milliards $ pour la seule année 2015.

Le gouvernement du Québec a exprimé ses doutes quant à la capacité du Canada à atteindre ses objectifs. Le premier ministre Philippe Couillard a rappelé à Ottawa que son plan devra tenir compte des efforts des provinces.

« Les efforts du Québec pour suivre le courant international sont freinés par l’indifférence d’autres provinces et le double jeu du fédéral. La ministre McKenna illustrait qu’il ne fallait pas se diriger là où se trouve la rondelle, il fallait plutôt se placer là où la rondelle ira. Le problème, c’est que le Canada reste dans les estrades. Si on veut arriver à un résultat dans la lutte au réchauffement de la planète, encore faut-il au moins essayer », a conclu Mme Pauzé.