Val-d’Or : La goutte qui a fait déborder le vase

2016/11/24 | Par Paul de Bellefeuille

Le gouvernement doit cesser de tergiverser. La communauté de Val-d’Or a un urgent besoin de savoir précisément ce qui se passe dans sa ville. Et seule une commission d’enquête gouvernée au Québec, et par le gouvernement du Québec, pourra nous donner un portait exact de la situation. Il est trop facile de balayer la poussière sous le tapis du gouvernement fédéral comme le fait le gouvernement Couillard.

Le problème de la communauté de Val-d’Or ne se réduit pas aux difficultés des membres de la sûreté du Québec dans ses rapports avec certains membres de la communauté autochtone. Le problème est plus profond et plus complexe que cela. Il faut rapidement y regarder de plus près et y impliquer plusieurs acteurs tant de la société civile que des institutions publiques.

La priorité est d’établir le plus clairement possible l’état de la situation sur plusieurs plans avant d’agir. Comment bien traiter et corriger un ou des problèmes sans avoir au préalable posé le bon diagnostic. Notre médecin premier ministre ne peut ignorer ce principe fondamental si on veut se donner une chance d’apporter les soins nécessaires à une communauté qui, visiblement, souffre socialement parlant.

Le terme systémique est dorénavant utilisé pour caractériser les rapports entre la police et la communauté autochtone de Val-d’Or. Il y aurait, dit-on, un phénomène de racisme érigé en système. Si tel est le cas, le problème est profond et mérite qu’on s’y attaque sérieusement.

Ce n’est pas en tentant de trouver des solutions à court terme que nous réussirons, en tant que société, à éradiquer les racines du mal.  Il n’y a qu’à regarder du côté de nos voisins états-uniens pour se convaincre des difficultés que cela pose. Ce n’est pas d’hier que ce fléau social est combattu là-bas et on sent actuellement une résurgence de ce racisme qui, soit dit en passant, est sans commune mesure avec ce qui, à mon humble avis, peut se vivre au Québec.

Il ne faut toutefois pas banaliser le problème. Si les rapports entre la police et les membres de la communauté autochtone sont teintés de racisme, il y a fort à parier que ce sentiment est en partie partagé par d’autres membres de la communauté de Val-d’Or.

Serait-il possible que toute une société soit atteinte, à divers degrés, par un sentiment raciste à l’endroit des autochtones? Si tel était le cas, il faudrait l’établir par une enquête terrain et ainsi mesurer correctement l’étendue du phénomène.

Il doit y avoir des gestes concrets, à court terme, pour répondre à l’urgence de cette crise sociale.  Toutefois, si le problème est aussi sérieux et profond qu’on le prétend, le travail pour le résoudre ne peut se réaliser dans un court laps de temps. L’ensemble de la communauté autochtone et non autochtone est interpellé par ce défi de rétablir l’harmonie dans la collectivité de Val-d’Or.

Visiblement, les moyens à leur disposition ne sont pas à la hauteur du défi et des enjeux auxquels ils et elles font face. Seule une commission d’enquête publique ayant un mandat clair et large pourra permettre de débuter un processus de guérison et de réconciliation des communautés en présence. Et ce n’est que le début d’un chantier qui s’étirera sur des décennies non seulement pour la communauté de Val-d’Or mais pour tout le Québec dans ses rapports avec les premières nations.  Et cela débute d’abord par une enquête publique sur les événements de Val-d’Or.