FRAPRU : François Saillant prend sa retraite

2016/12/16 | Par Richard Lahaie

Le 14 décembre, François Saillant, coordonnateur du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), a annoncé sa retraite. Figure de proue du FRAPRU depuis 1979, il sera remplacé par Josée Corriveau, à la coordination, et par Véronique Laflamme, qui sera la principale porte-parole de l’organisme.

En conférence de presse, M. Saillant a rappelé les principales batailles qu’il a menées pour le droit au logement. En plus des actions sur l’enjeu du logement social, il y a eu celles sur la conversion de logements locatifs en condominiums, la lutte contre la démolition de logements à bas loyer, la « crise du logement » du début des années 2000, etc.

Au fil des années, il a également été porte-parole de plusieurs coalitions sur l’aide sociale, l’élimination de la pauvreté, la lutte contre les politiques d’austérité et le financement des organismes communautaires autonomes.

Dans son bilan, M. Saillant a souligné qu’à ses débuts au FRAPRU, les grandes préoccupations étaient le maintien du parc de logements à bas loyer pour la population à faible revenu.

« Aujourd’hui, ces enjeux-là sont encore d’actualité. La gentrification des quartiers populaires, la transformation de logements locatifs en condominium se fait encore et, de façon détournée, la location temporaire d’appartements à des fins touristiques comme avec la plateforme Airbnb ».

« L’épisode le plus sombre de la lutte pour le logement social est assurément le retrait du gouvernement fédéral du financement de nouveaux logements sociaux », précise François Saillant.

Suite au retrait du fédéral, le FRAPRU s’est mobilisé pour convaincre le gouvernement du Québec de se doter de son propre programme en matière de logement social. Ces efforts ont mené à la création du programme « AccèsLogis » en 1997.

AccèsLogis est un programme d’aide financière, qui encourage le regroupement des ressources publiques, communautaires et privées. Il vise à favoriser la réalisation de logements sociaux et communautaires pour les ménages à revenu faible.

« Le retrait du fédéral a coûté 69 000 logements sociaux au Québec. Le gouvernement Trudeau ne doit pas rater l’occasion de rembourser cette dette avec sa Stratégie nationale sur le logement promis pour 2017 », a ajouté M. Saillant.

Le FRAPRU a utilisé de nombreuses tactiques pour ses actions telles que des pétitions, des campagnes de lettres d'appui, des rencontres avec des ministres ou hauts fonctionnaires, des manifestations, des occupations de bureaux de ministres ou de sièges sociaux de grandes compagnies, le squattage de Rideau Hall, etc.

François Saillant est scandalisé que le logement ne soit pas encore considéré comme un droit au Canada et au Québec. « Je suis extrêmement préoccupé du sort des droits sociaux et du droit au logement, qui est aussi important que le droit de vote et le droit d’expression. Il y a suffisamment de richesse au Canada et au Québec pour réaliser l’ensemble des droits de toute la population », a déclaré M. Saillant.

 

Les propriétaires délinquants

François Saillant explique « qu’il y a toujours autant de propriétaires délinquants qui ont en tête le profit à tout prix, d’autant plus que le gouvernement s’est retiré des programmes de rénovation domiciliaire. Ça n’améliore pas les choses. Dans les nouvelles compétences accordées à la ville de Montréal, on n’a pas donné le droit de saisie sur les propriétaires délinquants comme pour ceux qui ne paient pas leur taxe municipale ».

 

L’accès à la propriété

« C’est un leurre de penser que tout le monde peut avoir accès à la propriété. Il peut y avoir des programmes qui facilitent l'accès, mais les crises économiques et les récessions font en sorte que les moins fortunés sont ceux qui perdent leur maison à ce moment-là. Donc, la solution doit être plutôt collective, soit celle du logement social (coopératives d’habitation, HLM, etc.) », précise M. Saillant.

 

La réquisition de logements

Contrairement à la France, nous n’avons pas de loi qui permet la réquisition de logements vides en hiver pour loger les itinérants. Monsieur Saillant se désole « qu’en plus, ici, les propriétaires ont le droit d’expulser un locataire en période hivernale ».

La nouvelle porte-parole du FRAPRU, Véronique Laflamme, a dit que « le FRAPRU doit beaucoup à M. Saillant. Mais je vous assure que l’équipe va continuer le même travail. Il y a quatre enjeux majeurs qui s’en viennent : La Stratégie nationale sur le logement social, l’avenir du programme AccèsLogis, le Plan de lutte à la pauvreté, et la nouvelle loi qui accorde des nouvelles compétences à la ville de Montréal en matière d’habitation ».

Photo : ledevoir.com