Pour clore le dossier de la fluoration de l’eau potable à Trois-Rivières

2016/12/19 | Par Robert Duchesne

Le projet d’imposer la fluoration de l’eau potable à toute la population trifluvienne qui, majoritairement, n’en voulait pas, a échoué. Disons-le autrement : la volonté citoyenne de ne pas se laisser imposer un traitement médical litigieux a triomphé.

Nonobstant l’attitude et les propos bornés et dénigrants de 2-3 animateurs-trices radiophoniques réputés pour être les béni-oui-oui du souverain de la place, il est notoire que la plupart des médias régionaux permirent aux citoyen-ne-s d’exprimer leurs connaissances, inquiétudes et revendications sur ce sujet.

Comme citoyen ayant milité pour empêcher le détournement du système d’approvisionnement en eau potable de sa fonction unique et vitale, je souhaite féliciter et remercier les journalistes, particulièrement ceux et celles du quotidien régional Le Nouvelliste, de l’Hebdo Journal de Trois-Rivières et de Radio-Canada, pour avoir couvert ce sujet avec le plus d’objectivité possible.

Je tiens à souligner le fait que la section Lettes d’opinions du Nouvelliste fut souvent l’unique tribune permettant aux citoyens de s’adresser librement et publiquement aux élus municipaux, les séances publiques du conseil municipal étant monopolisées par le maire alors qu’elles devraient être l’occasion par excellence d’échanges entre élus et citoyens.

D’ailleurs, les propos récents du maire révèlent encore une fois son incapacité chronique d’être à l’écoute de la population : pour lui, une pétition endossée par 18 000 signataires ne vaut pas plus que de la schnoute.

Plutôt que de sauter sur cette occasion pour admettre que les élus ont le devoir de représenter les citoyens et de reconnaître leur volonté, pour justifier sa volte-face il préfère prétexter un manque de collaboration de la part du MSSSQ, lequel pourtant préparait une nouvelle phase de propagande pro-fluoration et lançait son étude-bidon pour imposer la fluoration à toute la population.

Le maire l’aura devancé pour se tirer d’affaire tout en sauvant la face sans reconnaître l’impact de l’action citoyenne.  

En juillet dernier, en s’opposant à une suspension des travaux en vue de consulter les citoyens lors des prochaines élections, l’empereur avait aussi raté une bonne occasion de se mériter la confiance de ses sujets.

Dans sa chronique du 26 novembre, le journaliste du Nouvelliste Jean-Marc Beaudoin identifie clairement le véritable motif de notre grand démocrate : « Personne n’a été dupe des desseins qui se cachaient derrière la volte-face du maire...Il est clair que la manoeuvre était fortement colorée de teintes électoralistes. »

En 2017, nous nous souviendrons que ce n’est qu’in extremis que lui et certains conseillers auront reconnu, mais pour les mauvais motifs, que les citoyens ont leur mot à dire pour décider ce qui est bon ou mauvais pour leur ville et leur santé.

D’autre part, on a entendu le doc Christian Caron, directeur de l’étude sur la santé bucco-dentaire de quelques cohortes d’enfants, déclarer que cette décision est « la victoire de l’ignorance et de la démagogie ».

Surprenant de la part d’un scientifique qui se proclame neutre dans ce débat et qui s’abaisse à de faux arguments comme de comparer le fluor au chlore ajouté dans l’eau, sachant très bien que le chlore sert à rendre l’eau potable et que le fluor n’a rien à voir avec le traitement de l’eau.

Le prof Caron déclare aussi faussement que la fluoration n’est pas un traitement médical, ignorant ainsi le jugement de la Cour Suprême du Canada qui la définit comme étant « une médication de masse, un traitement médical collectif coercitif ».

Peut-on considérer comme neutre et éthique un chercheur qui approuva les trois biais fondamentaux de cette étude : fluorer 135 000 citoyens pour n’en observer que 500; demander la permission des parents pour examiner la bouche de leurs enfants sans nécessité d’autorisation  parentale pour leur administrer le produit dont on veut étudier les effets sur leur santé; avant même le début de l’étude, proclamer d’emblée l’efficacité et l’innocuité de la fluoration mais gaspiller néanmoins les fonds publics pour le démontrer?

Les propos du docte prof insultent les 18 000 signataires de la Pétition citoyenne pour une eau saine sans fluorures ajoutés et les nombreux experts, professionnels  et scientifiques qui, à travers le monde, se prononcent contre la fluoration et dont les formations et expertises n’ont rien à envier aux siennes. Il insulte aussi la militante de la Coalition trifluvienne pour une eau très saine (CTETS) qui, bien qu’opposée à la fluoration, faisait partie du comité de suivi de cette étude-bidon.

Les deux seuls objectifs du MSSSQ avec cette étude étaient : s’en servir de prétexte pour imposer la fluoration à la population trifluvienne et pour la poursuivre à Chateauguay. Avec raison et persévérance, les trifluvien-ne-s ont fait échouer le premier volet, les Châteauguois-es auront la perspicacité, l’intelligence et la détermination de contrer le second.

Par ailleurs, on pourrait saluer l’humilité avec laquelle le PDG du CIUSSS Mauricie-Centre-du-Québec Martin Beaumont dit recevoir la décision, tout en se demandant s’il est humble devant son ancien complice le maire Lévesque ou devant les citoyens qui, faut-il le lui rappeler, bien qu’étant les principaux concernés en tant que bailleurs de fonds et bénéficiaires présumés de ce traitement médical, sont aussi ceux que les fluocrates méprisent en les traitant de démagogues, ignorants, extrémistes, voire même criminels, allant même jusqu’à affirmer, comme le président Dolman de l’Ordre des dentistes du Québec, que les gens sont tellement ignorants que le gouvernement a le devoir de leur imposer ce traitement, ou, comme le fait un certain dentiste de Lévis du nom de Christian Fortin, jusqu’à les comparer stupidement à Trump, double démonstration de l’insignifiance de leur argumentaire!

Le 22 novembre, au cours d’une entrevue avec TVA, le PDG Beaumont nous révélait  qu’il faudrait désormais avoir recours à des moyens plus importants, plus coûteux et aux résultats plus imprévisibles, avec des stratégies plus spécifiques pour aller chercher les clientèles plus vulnérables, ce qui serait beaucoup plus dur, selon lui.

Ces superlatives affirmations nous rappellent les questions restées sans réponse posées en 2015 par la CTETS à la Direction de santé publique (DSP) : « Sur quelles études comparatives et quelles évidences scientifiques fondez-vous votre affirmation que la fluoration est la méthode LA plus économique, sécuritaire et équitable pour contrer la carie dentaire? », et « Quelles sont ces autres méthodes de prévention de la carie dentaire déjà utilisées ou potentiellement utilisables? ».

Permettons-nous ici de faire au PDG deux propositions prometteuses pour identifier et éprouver de telles méthodes :   

Exiger du MSSSQ qu’il investisse le million récupéré sur la fluoration de Trois-Rivières en formation et prévention auprès des personnels directement concernés (écoles, CHSLD) plutôt que de diminuer du tiers les dentistes travaillant en prévention comme il souhaitait le faire pour rogner…un million. Idem pour les dizaines de millions que coûterait leur projet de fluoration pan-québécoise.

Entreprendre une campagne anti-surconsommation de sucre, principale cause de carie dentaire, avec la collaboration de l’UQTR (et ses nombreux départements en santé, dont médecine et sciences infirmières), qui accepterait sans doute (!!!) d’éliminer de ses machines distributrices les boissons sucrées et barres de chocolat en grand nombre, démontrant ainsi que l’université priorise la santé bucco-dentaire estudiantine à ces revenus. Rappelons que l’UQTR avait refusé à la CTETS la tenue d’un kiosque d’information sur la fluoration sous prétexte que ça pourrait déplaire à certains fournisseurs (?).

De plus, considérant la remarquable implication citoyenne des opposants à la fluoration, ils participeraient certainement à cette initiative de santé publique, de pair avec COMSEP, dont la directrice, Madame Sylvie Tardif, exprimait son souhait en ce sens, alors que justement les membres de la CTETS ont souvent offert leur collaboration à la DSP pour des actions favorisant la santé bucco-dentaire de la population trifluvienne.

L’arrêt du programme de fluoration de l’eau potable à Trois-Rivières est une victoire citoyenne qui s’insère dans un vaste mouvement national et international pour contrer cette aberration de plus en plus dénoncée par des scientifiques et chercheurs réputés et pour empêcher l’inadmissible et périlleux détournement de fonction des systèmes d’approvisionnement en eau potable.