Vive les journaux papier !

2016/12/21 | Par Pierre Dubuc

Après plus d’un an d’activités, le magazine sous forme tablette BazzoMag de Marie-France Bazzo a cessé de paraître. Dans une entrevue au Devoir, Marie-France précisait que sa publication « vivait d’une subvention du Fonds Québecor », mais qu’elle n’avait pas été en mesure de trouver d’autres sources de revenus.

Mais un autre constat de Mme Bazzo retient l’attention. Selon elle, les médias sous forme papier ont encore une longueur d’avance devant les publications uniquement numériques.

« Vraiment, ma première et principale conclusion, c’est que si tu veux un magazine indépendant, malgré tout, vas-y papier. C’est fou hein, mais vas-y papier », confie-t-elle au journaliste du Devoir.

 

Deux types de lecture, complémentaires

L’aut’journal croit aussi au papier. Bien que nous consacrions beaucoup d’énergies à notre site Internet depuis plusieurs années, nous n’avons jamais envisagé de mettre fin à l’édition papier, qui existe depuis 32 ans, soit depuis le 1er mai 1984.

En fait, devant la pléthore actuelle de sites Internet d’informations, nous croyons encore davantage à l’importance d’une publication papier, particulièrement pour le type d’articles que nous publions.

Pour des commentaires rapides sur l’actualité, Internet est imbattable. Mais pour des articles de fond, plus longs, demandant une plus grande attention, le papier est encore irremplaçable. Nous sommes devant deux types de lecture, complémentaires.

Mais les implications financières sont fort différentes. Il est possible de lancer un site Internet respectable avec des moyens financiers limités. Cependant, pour un journal sur support papier, il faut comptabiliser l’imprimerie, la distribution, les frais postaux, l’entreposage, la gestion des abonnements, etc.

Dans le cas de l’aut’journal, s’ajoute le fait que nous avons décidé, il y a plusieurs années, de privilégier la distribution gratuite du journal.

Au départ, nous avons expérimenté la vente en kiosques, mais nous nous sommes rendu compte qu’il fallait des moyens financiers considérables en termes de publicité dans les autres médias pour s’assurer que notre journal soit distribué adéquatement.

 

Un marché marginal

Marie-France Bazzo explique la fermeture de son magazine Internet par la difficulté de trouver des revenus publicitaires et d’autres commanditaires que le Fonds Québecor.

C’est un problème auquel sont confrontées toutes les publications. Les journaux papier se plaignent de la migration de la publicité vers l’Internet, mais celle-ci n’atterrit pas dans les pages d’un magazine comme BazzoMag. Elle est plutôt aspirée par les GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple).

Si, aux États-Unis et en France, quelques médias alternatifs sur Internet affichent une certaine rentabilité, c’est parce qu’ils peuvent compter sur un nombre appréciable d’abonnés payants et/ou le soutien de riches mécènes.

Au Québec, nous n’avons pas rencontré de mécènes prêts à investir dans une presse libre et indépendante. De plus, un lectorat payant, proportionnellement similaire, issu d’une population de quelques 7 millions de francophones (Québec) comparativement à 70 millions (France) et à 350 millions (États-Unis), ne fait pas le poids pour défrayer des coûts de production comparables.

Autrement dit, s’il existe, aux États-Unis et en France, un marché pour des publications marginales, au Québec, c’est l’ensemble du marché qui est marginal.

 

La recette de l’aut’journal

Le premier ingrédient d’une récente gagnante est le militantisme des chroniqueurs de l’aut’journal, dont aucun n’est rémunéré pour ses articles.

Pendant plusieurs années, nous n’avons eu qu’un employé permanent rémunéré, soit Louis Bourgea, qui s’occupe de la permanence et de l’intendance.

Plus récemment, nous avons pu embaucher, de manière intermittente, un ou une reporter pour le « beat » syndical, une longue tradition abandonnée aujourd’hui par tous les grands médias, bien que près de 40% de la main-d’œuvre soit syndiquée et que les organisations syndicales représentent des acteurs incontournables dans notre société. Depuis quelques semaines, ce poste est occupé par Richard Lahaie.

À défaut de revenus de publicités commerciales et de subventions gouvernementales, l’aut’journal compte essentiellement sur le soutien financier d’organisations syndicales et de son lectorat pour boucler un budget d’environ 200 000 $ par année.

 

Des projets pour un journal progressiste et indépendantiste

Dans un contexte général où la pensée unique néolibérale, dans ses différentes variantes, domine toujours dans les grands médias et que le projet souverainiste est mis, à toutes fins pratiques, sur la touche par le Parti Québécois, s’impose plus que jamais la nécessité d’une presse libre et indépendante, progressiste et indépendantiste.

 Pour amplifier cette mission, l’aut’journal projette d’augmenter son tirage – actuellement de 20 000 exemplaires – et sa diffusion.

En plus de notre reporter syndical, nous voudrions procéder à l’embauche d’un reporter dont l’attribution serait de réaliser des reportages sur les régions.

Enfin, nous voulons publier d’autres carnets et des livres sur des questions relatives au monde ouvrier et syndical, de même que sur des sujets touchant l’indépendance du Québec.

Pour cela, nous avons besoin de votre soutien financier.

 

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