La part de responsabilité du Canada dans l’élection de Trump

2017/01/17 | Par Pierre Dubuc

Dans un livre remarquable, salué par la critique, Dark Money. The Hidden History of the Billionnaires Behind the Rise of the Radical Right, l’auteure Jane Mayer raconte en détails l’histoire des frères Koch, à la tête du réseau de milliardaires états-uniens, qui ont financé au cours des dernières décennies les instituts de recherche (Cato Institute, Heritage Foundation, etc.), des fondations et des médias, des campagnes électorales, tant aux niveaux local, étatique et national, de la frange la plus à droite du Parti Républicain, du Tea Party et d’autres organisations similaires.

On y apprend que le joyau de l’empire industriel des frères Koch est la raffinerie Pine Bend – autrefois connue sous le nom de Great Northern Oil Compangy – située à Rosemount au Minnesota.

Détenue majoritairement par les frères Koch à partir de 1969, Pine Bend est devenue, selon Jane Mayer, une véritable mine d’or à cause de sa situation géographique exceptionnelle, qui lui permettait d’acheter du Canada le pétrole peu coûteux et de mauvaise qualité des sables bitumineux. Une fois raffiné, il pouvait être vendu au même prix que les autres essences. Pine Bend pouvait donc en tirer une marge de profit beaucoup supérieure aux autres raffineries.

En 2015, Pine Bend raffinait quelque 350 000 barils de pétrole canadien par jour. Selon David Sassoon du Inside Climat News, associé à l’agence Reuters, « cette seule raffinerie des Koch était responsable en 2012 de 25% des 1,2 million de barils de pétrole des sables bitumineux que les États-Unis importent chaque année du Canada », rapporte Jane Mayer.

Au terme de son étude, dans laquelle elle nous apprend, entre autres, comment le réseau des frères Koch a été à l’origine de victoires électorales dans différents États qui ont permis la modification des délimitations des circonscriptions pour favoriser l’élection de républicains au Congrès américain, Mme Mayer affirme que le réseau des frères Koch est le groupe de pression le plus influent des États-Unis.

Son livre est paru quelques mois avant l’élection de 2016, mais elle affirmait que le réseau Koch avait prévu dépenser 889 millions $ pour soutenir différents candidats.

Se présentant comme le candidat anti-establishment, Donald Trump s’est habillement démarqué de ce réseau et a traité, sur twitter, les autres candidats républicains de marionnettes des frères Koch.

Cela n’empêche évidemment pas, aujourd’hui, des membres de son réseau de faire partie du cabinet Trump, comme Betsy DeVos nommée secrétaire à l’éducation. À signaler que son père, Richard DeVos, co-fondateur de l’entreprise de vente pyramidale Amway, a plaidé coupable à une accusation pour avoir fraudé le gouvernement canadien de 22 millions $ en droits de douane en 1982.

 

Bois d’œuvre

Le Canada et le Québec n’en ont pas fini avec les frères Koch. Ils sont les propriétaires de Georgia-Pacific, l’énorme entreprise de produits forestiers, acquise en 2005 pour 21 milliards $. Lors des précédentes négociations de l’accord sur le bois d’œuvre entre le Canada et les États-Unis, Georgia-Pacific a été le fer de lance de l’offensive états-unienne pour l’imposition de droits douaniers pour l’importation de bois d’œuvre canadien aux États-Unis.

Selon Gordon Ritchie, qui a été directeur-adjoint de l’équipe canadienne lors des négociations de la première entente de libre-échange entre le Canada et les États-Unis, le bois d’œuvre sera en tête liste des revendications de l’administration Trump lors des négociations commerciales avec le Canada.

À suivre.