Plaidoyer pour l’art québécois

2017/01/18 | Par Colette Bernier

Le Devoir des 7 et 8 janvier publiait un texte de Pierre Bourgie « Plaidoyer pour l’art » qui constatait le « désengagement progressif de plusieurs médias importants dans la défense et la reconnaissance des artistes ».

Sans la nommer, il parlait entres autres de l’artiste Corno (sœur d’Yves Corneau morte dernièrement) vivant de son art à New York et il disait : « Il est devenu extrêmement difficile pour plusieurs artistes de chez nous de se faire connaitre, de se faire entendre et d’être reconnus à leur juste valeur ».

Ayant visité la semaine précédente les œuvres de la Biennale de Montréal exposées au musée d’art contemporain, j’avais ressenti cette quasi-absence des artistes québécois et francophones au sein de l’exposition.

Si la Biennale de Montréal (BNLMTL) est, selon Wikipédia, « un évènement artistique multidisciplinaire ayant comme objectif de confronter les pratiques artistiques québécoises et canadiennes à celles d’artistes étrangers », la présence des artistes québécois était toute relative dans les œuvres exposées au MAC. Elle n’était en tous les cas pas mise au premier plan ou en confrontation avec la production artistique à l’étranger.

D’abord, sur la cinquantaine d’artistes exposés au MAC, seuls six d’entre eux vivaient et travaillaient au Québec. Une représentation de quelque 10% peut paraitre intéressante pour un évènement à caractère international. Cependant, au total, les œuvres d’artistes québécois n’étaient pas autrement mises en valeur ou liées à la culture et à la langue parlée au Québec, de sorte qu’on aurait pu se croire n’importe où ailleurs dans le monde!

Je ne prendrai ici comme exemple que les vidéos de la Biennale présentées au MAC. Sur l’ensemble, une seule vidéo, celle de Myriam Jacob Allard, présentait l’œuvre de cette artiste québécoise en français. Un autre artiste montréalais, Michael Blum dont l’œuvre avait pourtant été produite et commandée par la Biennale voyait ses vidéos présentées en anglais seulement!  Sur un total de onze (11) arrangements vidéos, six (6), soit plus de la moitié, étaient présentés en anglais seulement, sans même de sous-titres français!

Aussi, au sortir de cette exposition de la Biennale de Montréal, l’amateur d’art, qu’il soit québécois, canadien ou touriste étranger n’avait aucune idée de ce qui pouvait bien différencier les artistes québécois de n’importe quel artiste à travers le monde. Il pouvait même ne pas avoir remarqué qu’il se trouvait dans un musée financé par le gouvernement du Québec dans la plus grande ville francophone d’Amérique du Nord.

De là à dire que la reconnaissance des artistes québécois (ou au contraire leur non reconnaissance) pourrait passer par la mise en valeur (ou non) de la langue française dans le milieu de la culture subventionné, il n’y a qu’un pas que je n’hésite pas à faire.