Tentative de putsch à l’Université de Montréal

2017/01/26 | Par FQPPU

La Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université (FQPPU) dénonce énergiquement les démarches insidieuses entreprises par la direction de l’Université de Montréal et défendues par son recteur, M. Guy Breton, qui visent à modifier la Charte de l’Université pour limiter la capacité de la communauté universitaire d’être au cœur des décisions qui concernent la gestion de l’institution et faire en sorte de donner un pouvoir déterminant à des administrateurs « externes », issus du monde des affaires.

Les réformes que le recteur souhaite voir adoptées, qui auraient pour effet d’en faire le véritable P.-D.G. de la firme, incluent aussi une transformation du rôle des doyens pour concentrer le pouvoir entre ses seules mains.

« Les universités ne sont pas des entreprises à but lucratif, mais des institutions de création et de transmission du savoir qui doivent être administrées de façon collégiale », affirme Jean-Marie Lafortune, président de la FQPPU. « Les artisans qui œuvrent à la réalisation des missions d’enseignement et de recherche doivent impérativement continuer d’être partie prenante des décisions qui les concernent, dans le respect de la liberté académique et des conventions collectives en vigueur. »
 
La réforme de la Charte que la direction de l’Université de Montréal tente de mettre en place consacre, pour sa part, une vision strictement entrepreneuriale des universités, où les professeurs et leurs collègues enseignants ne sont que de simples exécutants dont le rôle se limite à fournir un service à des étudiants-clients. « Guy Breton peut s’attendre à une levée de boucliers, non seulement à l’Université de Montréal, mais aussi de la part de toute la communauté universitaire », renchérit M. Lafortune.
 
Rappelons que l’idéologie selon laquelle les universités seraient mieux administrées par des gestionnaires parachutés de l’entreprise privée que par les personnes qui œuvrent en son sein s’enracine dans les prises de position propagandistes de l’Institut sur la gouvernance d’organisations privées et publiques (IGOPP).

Cette idéologie s’était frayée un chemin jusque dans un projet de loi déposé en 2009 par la ministre Courchesne pour réformer la « gouvernance universitaire ». Ce projet de loi a été battu en brèche devant l’ampleur de la mobilisation qu’il a suscitée parmi les partenaires universitaires.

La FQPPU avait, à l’époque, combattu avec fougue les manigances des tenants d’une privatisation déguisée des institutions universitaires.

La Fédération continuera donc de résister à toutes les initiatives qui ont pour objectif de mettre à mal les principes d’accessibilité, de collégialité, de liberté académique et de service public. « Ces principes doivent impérativement guider le développement du réseau universitaire et c’est pour cette raison que nous souhaitons les voir pérennisés dans une loi-cadre des universités », conclut M. Lafortune.
 
La FQPPU représente la majorité des professeures et professeurs réguliers dans les universités francophones et anglophones du Québec.