Rassemblement des femmes et de leurs alliés

2017/01/30 | Par Pierre Jasmin

Foule rassemblée à l’Esplanade de la Place des Arts à Montréal Photo Daniel Gingras 

L’auteur est vice-président des Artistes pour la Paix

Samedi 21 janvier, premier jour plein de la présidence du « pussygrabber » Donald J. Trump, des millions de femmes se rassemblaient à travers le monde pour signifier au nouvel empereur qu’elles protestent contre ses actes d’agression: ici même à Montréal, à la Place des Arts,  à l’appel des réseaux sociaux et d’Amnistie internationale (Béatrice Vaugrante), une action à laquelle les Artistes pour la Paix, résolument féministes, ont répondu avec la présence dans la rue d’Odette Bougie, André Cloutier, Gisèle Comtois, Guy Demers, Martin Duckworth, Daniel Gingras, Yolande Michaud et une membre de l’Alliance canadienne pour la paix, Judith Berlyn.

Ce fut une belle manifestation haute en couleurs. Merci aussi à Izabella, Camille, Pierre, André M. et Christian qui nous ayant avisé qu’ils ne pouvaient être là, ont été avec nous en pensées. Notre bannière très visible nous a mis en interaction avec beaucoup de manifestants-es présents-es.

La FFQ signale des antécédents célèbres:

« La Marche mondiale des femmes, un mouvement irréversible

Née en 2000 à l’initiative de la Fédération des femmes du Québec, la Marche mondiale des femmes (MMF) est rapidement devenue un mouvement mondial incontournable. C’est pendant la Marche « Du pain et des roses » que l’idée d’entreprendre une Marche mondiale des femmes pour marquer le début du XXIe siècle a germé dans l’imaginaire de militantes québécoises et de déléguées de plusieurs pays du Sud venues marcher avec les Québécoises.

Mondialisation, désengagement de l’État, montée de la droite, des fondamentalismes et de l’antiféminisme, c’est dans ce contexte mondial, dont les échos résonnaient jusqu’au Québec, qu’est née la Marche mondiale des femmes. Dans une telle conjoncture, la nécessité de poursuivre nos luttes avec les femmes du monde s’est avéré un enjeu fondamental. À la mondialisation des marchés, nous allions opposer la mondialisation de nos solidarités! Depuis, des millions de femmes, à travers le monde, ont marché contre la pauvreté et la violence lors de la première et de la deuxième édition d’actions internationales, en 2000 et 2005. En 2010, la Marche mondiale des femmes a rallié quelques 4500 groupes provenant de 150 pays et territoires différents. »

Écoutons le président des APLP, Daniel Gingras : « Françoise David[1] était l’initiatrice de la Marche du Pain et des roses, avec 137 autres femmes dont Suzanne Lambert. Une des porte-parole était Marie-Claire Séguin et c’est lors de cette marche que j’ai fait ma première approche afin de devenir membre des Artistes pour la Paix. Suzanne m’avait dit en 2000 qu’il y avait des femmes d’autres continents qui participaient et qu’elles allaient retourner chez elles sans savoir ce qui les attendait, qu’elles se sentaient insécures de retourner chez elles en ne sachant pas ce qui leur arriverait.

La violence physique et psychologique est inadmissible pour toutes les personnes humaines et il est observable et vérifiable que sur la terre-mère, il y a eu depuis 2001, tant de violations des droits de l’Homme (dont je rêve encore de voir changer pour la déclaration universelle des droits humains, car hommes et femmes se doivent d’être égaux en droit et dans les faits, car nous savons que nous sommes aussi complémentaires) ».

 

2- Internationalisation des luttes des femmes

D’un quart à un demi-million de femmes dans les rues de Washington et des centaines de «marches sœurs » en d’autres villes des États-Unis, dont New York, Boston, Los Angeles et Seattle, ainsi que dans plusieurs grandes métropoles du monde, se sont rassemblées au lendemain de l’intronisation du « pussygrabber » Donald J. Trump.


L’animateur Martin Labrosse s’étonnait à RDI de voir tant de femmes habillées en rose rassemblées pour amorcer l’immense marche de Washington, avec aucun des invités en mesure de raconter l’ascendant considérable pris par une composante activiste du mouvement PACIFISTE MONDIAL (oui ! Ce mouvement multiforme existe, messieurs de Radio-Canada, même si vous faites tout pour le nier et le censurer) : il s’agit de CODEPINK.ORG avec qui les APLP entretiennent des liens fraternels comme en fait foi le message reçu reproduit ci-dessus et dans l’Aut’Journal du 20 janvier, parce que nous avions, suite à leur demande exigé par courriels la grâce présidentielle d’Obama pour la whistleblower Chelsea Manning. On sait aussi que l’expression de Trump « Grab them by the pussy »  a fait éclore ces couvre-chefs en forme de têtes de minous (pussycat).

Le mouvement féministe pour la paix prend aussi une forme qui rend mal à l’aise certains pacifistes purs, face à ce qui est pourtant une légitime défense des Kurdes contre le groupe armé hyperviolent, l’Armée Islamiste. C’est à cette dure réalité que nous confronte le film « Gulistan : Terre de roses » de la réalisatrice de l’Office National du Film Zaynê Akyol dont nos pages culturelles rendent compte.

 

3- Un décret signé entre hommes

Mais la sinistre attaque de l’autorité américaine ne s’est pas faite attendre.

 

SAUL LOEB/AFP/GETTY IMAGES  Le cabinet Trump contient une majorité de blancs et de mâles telle qu’on n’en a pas vue depuis plus de trente ans (depuis le premier cabinet de Ronald Reagan).


Les paragraphes suivants sont en grande partie tiré de l’Agence France-Presse

Le nouveau président américain Donald Trump, entouré d'une dizaine d'hommes (mais d’aucune femme!), a signé lundi le 23 janvier un décret interdisant le financement d'ONG internationales qui soutiennent l'avortement. Trump a pris cette mesure au lendemain du 44e anniversaire de "Roe V. Wade", l'arrêt emblématique de la Cour suprême qui a légalisé l'avortement en 1973 aux États-Unis, et deux jours après que des millions d'Américaines aient manifesté pour leurs droits.

Parfois appelée "politique de Mexico", car annoncée sous la présidence du président républicain Ronald Reagan à l'encontre de la conférence internationale des Nations unies sur la population (Mexico, 1984), la politique remise en vigueur par Donald Trump prévoit que les fonds fédéraux d'aide internationale ne peuvent être alloués à des ONG étrangères qui pratiquent l'avortement ou militent pour rendre l'avortement légal [On avait connu cela sous Harper!]. Ces restrictions avaient été annulées par le président démocrate Bill Clinton, puis remises en place par le républicain George W. Bush avant d'être annulées à nouveau par le président démocrate Barack Obama.

 

4- Les 'Pro Life' jubilent

[rappelons que les Artistes pour la Paix se sont objectés il a une quinzaine d'années à cette appellation mensongère d’un groupe dit PRO-VIE qui n’a JAMAIS manifesté contre les guerres impérialistes provoquant pourtant des millions de morts évitables].

Les associations "Pro Life", qui militent contre l'avortement, ont félicité Donald Trump pour son initiative. "Il s'agit d'une étape cruciale sur la voie pour rendre sa grandeur à l'Amérique", a jugé Tony Perkins, président de l'organisation conservatrice Family Research Council, en reprenant le slogan du milliardaire. Donald Trump s'est par ailleurs engagé à nommer très prochainement à la Cour suprême un juge farouchement opposé à l'IVG. A terme, a expliqué M. Trump, le nouveau rapport de force qu'il compte instaurer à la haute juridiction pourrait déboucher "automatiquement" sur l'annulation de l'arrêt "Roe V. Wade".

 

5- Les femmes vulnérables

« Les femmes les plus vulnérables dans le monde vont souffrir de cette politique, qui va saper des années d'efforts en faveur de la santé des femmes », a réagi Cecile Richards, la présidente de Planned Parenthood, le plus grand réseau de planning familial des Etats-Unis. "Cela va provoquer des fermetures de cliniques dans le monde entier, avec pour corollaire une augmentation des grossesses non désirées et des avortements dangereux", a-t-elle averti en appelant au "combat". Le décret signé par Donald Trump "représente une agression à l'encontre de la santé des femmes", a de son côté jugé l'ACLU, la grande association américaine de défense des libertés. "Le fait que le gouvernement de M. Trump et les républicains du Congrès mettent à profit leur première semaine aux commandes de l'État pour s'attaquer à la santé des femmes en dit long sur leurs priorités", a dénoncé pour sa part le parlementaire démocrate Steny Hoyer.

 

En conclusion

N’est-il pas navrant de voir le gouvernement Trudeau, qui s’était proclamé pro-femme et pro-environnement « parce qu’on est en 2015 », s’aplatventir de façon infâme devant Trump et ses politiques pro-Keystone et anti-femmes en 2017? Où sont les beaux principes « canadiens » qu’on nous a vantés?

Et qu’en est-il du gouvernement Couillard? Le caricaturiste Garnotte au Devoir fait un raccourci saisissant, s’inspirant de deux mésaventures du vice-doyen de l’Assemblée nationale, M. Pierre Paradis, un libéral que d’aucunes accusent de suivre les traces d’un autre député libéral exclu du caucus, Jerry Sklavounos…

 

[1] Une pensée pour Françoise David, instigatrice de cette marche, qui vient de prendre sa retraite de la politique en démissionnant comme députée de Québec solidaire, et pour Marie-Claire Séguin (APLP1995) qui avait composé sa célèbre chanson sur un texte d’Hélène Pedneault (Hommage posthume APLP 2009).