La diversité et l’identité : un couple inséparable

2017/02/13 | Par Gaston Michaud

Je suis particulièrement fier de l’attitude des Québécois en réaction à l’assassinat incompréhensible et injuste de six musulmans dans la mosquée de Québec.  L’élan de solidarité a été global et profond.  À certaines exceptions près cependant, dues sans doute à l’ignorance et surtout à l’importance caractérisée de l’islamisme radical dans le monde. C’est ce qu’on appelle l’amalgame.

J’ai cependant eu un malaise sérieux devant l’attitude de nos politiciens.  Ils en mettaient trop et toujours du même côté : la tour de Pise. En construction, on sort le niveau quand on doute.  Face aux idéologies, c’est plus compliqué.  Monsieur Couillard en particulier a continuellement instrumentalisé la situation à son profit.  À tel point qu’étant donné la blessure profonde des victimes, personne n’osait apporter de nuances de peur de faire mal.  Merci à Djemila Benhabib qui a osé sortir le niveau.

L’objectif de monsieur Couillard (et Trudeau) était clair : bien montrer que les questions de culture, de valeurs, d’identité, avancées par les autres partis que le sien, avaient été des facteurs de développement du racisme, de l’islamophobie, spécialement chez les francophones.

Pendant les dernières élections provinciales, on a parlé beaucoup de « charte des valeurs ».  Avec le succès douteux que vous connaissez et surtout le refus de reconnaître aux Québécois certaines valeurs fondamentales acquises au cours de leur histoire et particulièrement lors de la révolution tranquille.  Et pourtant, monsieur Trudeau, dans la perspective d’une rencontre avec le président des USA, ne trouve rien de mieux à dire qu’il défendra les « valeurs canadiennes ». Les valeurs canadiennes, c’est bon, les valeurs québécoises, c’est pas bon! La tour penche.

Le multiculturalisme, c’est la reconnaissance de la diversité.  Parfait.  Mais la diversité, c’est la diversité des identités.  J’ai assez voyagé dans le monde pour savoir pertinemment qu’un Thaïlandais n’a pas la même culture qu’un habitant des Andes, un Tunisien, un Malien, un Cubain, un Français, un Québécois.

Le plaisir que nous avons à connaître l’histoire et les coutumes de chacun est toujours renouvelé, pour ne pas dire plein de surprises. Pourquoi telle coutume ici et pas là?  Pourquoi les juifs et les arabes ne mangent pas de porc qui est un animal au pied fourchu sans cornes? Un animal qu’on mange presque partout ailleurs.

La connaissance de notre histoire à nous, notre résilience, nos écrivains, nos chansonniers, nos familles nombreuses, notre langue, notre Saint-Laurent,  Papineau-Nelson, Maurice Richard, Louis Cyr, Éva-Circé Côté, Hubert Reeves, Thérèse Casgrain, Félix Leclerc, Leonard Cohen, Borduas, René Lévesque,  Bombardier, Laliberté, Céline Dion, Dany Laferrière, Louise Harbour,  etc,  font partie de notre identité.

Une identité dont nous sommes fiers. Une identité que nous sommes fiers de partager.  C’est sur cette fierté que se fonde notre capacité d’accueil, notre ouverture, notre tolérance.

Si, à chaque fois que nous revenons sur notre histoire, que nous parlons d’identité et de valeurs on nous accuse de favoriser le racisme, si nous sommes obligés d’être des poteaux en mélamine pour accueillir des baobabs, des épicéas et des arbres à caoutchouc, nous ne développerons jamais la fierté nécessaire à l’accueil.

Notre identité, nous l’avons acquise de haute lutte.  La démocratie, la séparation de l’Église et de l’État, la laïcité de l’État, la liberté de parole, l’égalité hommes-femmes ne nous sont pas arrivés tout cuits dans le bec.  Ils font partie de notre identité acquise et nous n’avons vraiment pas le goût de revenir en arrière.  Vraiment pas!

Ce sont les identités qui fondent la diversité.  Le respect pour les autres commence par le respect pour soi-même.