Parler d’indépendance, partout.

2017/02/20 | Par Martine Ouellet

Comme vous le savez probablement déjà, j’ai accepté l’invitation lancée par des députés et des militants du Bloc Québécois et j’ai décidé de me lancer dans la course à la direction du Bloc Québécois.

Je suis convaincue que le Bloc Québécois doit préparer l’indépendance du Québec et créer des conditions favorables à sa réalisation. Le Bloc Québécois, c’est un grand parti, fort et profondément enraciné dans toutes les régions du Québec.

C’est aussi près de 25 000 membres, partout sur notre territoire. C’est plus que les ailes québécoises du NPD et du Parti conservateur réunies !

Je me lance dans cette course, car je veux porter cette voix des Québécoises et des Québécois haut et fort.

Les enjeux environnementaux, économiques et sociaux sont plus que jamais importants, tant ici qu’au plan international. Le pipeline de pétrole Énergie Est est un exemple frappant, éloquent et clair qu’il n’y a que l’indépendance qui peut réellement nous permettre de dire non à ce projet dangereux et rejeté par la population du Québec.

J’ai également annoncé que, par respect pour mes collègues, je me retirais temporairement du caucus péquiste, le temps de la course. Si je suis élue chef, je continuerai de siéger comme député indépendante, indépendantiste et amie du Parti Québécois à l’Assemblée nationale.

 

Le Bloc comme seul rempart

Chaque année, c’est 50 milliards de dollars que le Québec envoie au Canada. On doit s’occuper de nos affaires ! C’est l’argent de tous les Québécois, ça nous appartient. En attendant qu’on s’en occupe sans intermédiaire, les indépendantistes doivent être partout où des décisions se prennent.

Déjà, le caucus des dix députés actuels du Bloc, qui mélange expérience et nouvelles idées, se fait remarquer par son efficacité parlementaire et son excellent travail.

Au nombre des dossiers qu’il a traités ou qui sont dans sa mire, il y a le retrait des dispositions de la loi C-29 sur la protection du consommateur, qui auraient permis aux banques de contourner la loi québécoise; la concurrence déloyale de Muskrat Falls; l’autorisation par le ministre libéral de l’Économie canadien de permettre la perte du siège social de Rona; l’opposition à Énergie Est; la défense de nos producteurs fromagers; la pétition qui exige le retrait de la Procureure générale du Canada dans la contestation de la Loi 99; la crise du bois d’œuvre qui pointe à l’horizon, les paradis fiscaux.

 

Un premier dossier : la renégociation de l’ALÉNA

Comme la renégociation de l’ALÉNA semble être imminente, comme l’a annoncé le nouveau président américain, le gouvernement du Québec doit s’empresser de se positionner clairement, afin d’assurer les intérêts du Québec.

Étant encore dans l’impossibilité de négocier nos propres traités en fonction de nos intérêts et dans le respect de nos priorités, nous devons au moins être clairs dans nos positions.

Coincé entre le protectionnisme étroit prôné par Donald Trump et le libre-échangisme effréné et débridé de Justin Trudeau, le Québec risque fort d’en payer encore le prix.

Vers une nouvelle ère

Plusieurs juristes, politologues et autres analystes considèrent l’ALÉNA comme un traité d’un autre siècle, qui n’est plus du tout adapté à la réalité contemporaine.

Le temps est venu de changer la donne et de faire des traités de libre-échange de véritables outils de croissance économique et sociale, dans le respect de l’environnement pour les citoyens et les collectivités.

Avec la renégociation annoncée, nous avons une belle occasion de moderniser l’ALENA en fonction de la réalité de 2017. Après 25 ans, nous connaissons les avantages, mais aussi les inconvénients, de cet accord. Je suggère la mise en place de 10 éléments pour une modernisation de l’ALENA, afin que cet accord reflète les enjeux de notre société

 

10 éléments pour un accord d’ALÉNA d’aujourd’hui :

  1. Retirer la clause « investisseur », le fameux Chapitre 11, qui permet aux investisseurs de poursuivre les gouvernements. Cela constitue une atteinte à la démocratie et à la souveraineté des États, en plus d’avoir des impacts directs ici, au Québec ;
  2. Appliquer l’ALÉNA au bois d’œuvre, sans ententes parallèles protectionnistes, qui nuisent grandement au secteur forestier québécois;
  3. Maintenir la gestion de l’offre dans le secteur agricole;
  4. Protéger la culture en
    • maintenant l’exception culturelle;
    • protégeant nos entreprises culturelles et de télécommunications;
    • prévoyant des mécanismes de rétribution adéquats pour la propriété intellectuelle de nos créateurs;
    • développant un standard pour les vitrines d’accueil sur Internet afin de mettre en valeur les créations québécoises par géolocalisation;
  5. Encadrer le commerce électronique en rendant obligatoire la perception des taxes par équité fiscale;
  6. Maintenir l’exclusion des services publics pour les citoyens;
  7. Protéger les travailleurs en tenant compte des accords de l’Organisation internationale du travail (OIT), qui assurent que le profit des entreprises ne se fasse pas au prix d’une dégradation des conditions d’emploi;
  8. Se donner les moyens de protéger l’environnement en détenant tous les leviers nécessaires;
  9. Permettre l’instauration d’un équivalent québécois du Buy American Act;
  10. Maintenir l’exclusion du commerce de l’eau dans l’accord.

 

Le libre-échange doit d’abord servir les citoyens, les travailleurs plutôt que de profiter presque exclusivement qu’aux multinationales et aux entreprises étrangères.

La clause « investisseur », qui permet aux entreprises de poursuivre un gouvernement, est une atteinte à la démocratie et à la souveraineté des États, en plus d’avoir des impacts directs ici, au Québec.

Un tel accord ne devrait pas entraîner une dégradation de l’environnement, des pertes d’emploi ou une détérioration des conditions de travail. Il devrait permettre la diffusion des meilleures pratiques plutôt qu’un nivellement par le bas.

Dans cette perspective de l’intérêt citoyen, il est essentiel de maintenir l’exclusion des services publics et du commerce de l’eau. Je propose également que le Québec s’assure de pouvoir mettre en place un équivalent québécois du Buy American Act afin de favoriser les marchés locaux, les circuits courts, les emplois d’ici pour les contrats publics.

 

Le bois d’œuvre

D’autres enjeux cruciaux pour le Québec feront l’objet de la négociation. Le bois d’œuvre, qui risque d’entrer de nouveau dans un conflit coûteux pour les Québécois, est inclus dans l’ALÉNA, mais a fait l’objet d’ententes parallèles spécifiques, protectionnistes, qui l’ont soustrait de l’ALENA, faisant ainsi perdre plus de 20 000 emplois au Québec, à cause des quotas et des surtaxes.

Même les décisions favorables du tribunal de l’ALENA n’ont pas été respectées par les États-Unis. Il est grand temps de corriger la situation pour l’industrie forestière et ses travailleurs.

 

Agriculture, culture et commerce électronique

La gestion de l’offre en agriculture pour le lait, les œufs et le poulet permet la planification de la production en fonction de la demande des consommateurs et elle offre aux citoyens un accès à des produits d’ici, de grande qualité, à des prix raisonnables. Elle doit aussi être protégée. Il en va de l’avenir de notre souveraineté alimentaire et de l’agriculture de type familial au Québec.

Tout ce qui touche le secteur de la culture doit demeurer exclu de l’accord. C’est non négociable pour notre identité culturelle et la diversité. L’exception culturelle doit être conservée, mais on doit également s’assurer que la création d’ici soit protégée, diffusée et rémunérée adéquatement dans un contexte où le commerce électronique ne cesse de croître.

À ce propos, avec la croissance fulgurante du commerce électronique ces dernières années, il est essentiel de rendre obligatoire la perception de la taxe par justice fiscale.

Profitons de cette renégociation pour se doter d’un accord moderne, en lien avec la réalité de 2017 et qui permettra la croissance des emplois, des entreprises québécoises à travers les exportations d’entreprises privées, tout en utilisant les marchés publics pour favoriser le maintien et le développement de notre expertise.

 

Rassembler et inspirer

Comme mouvement souverainiste, j’ai envie qu’on se donne un nouveau souffle. On peut et on doit sortir des sentiers battus. Quand nous sommes mobilisés, c’est extraordinaire ce que l’on peut accomplir !

Reprenons l’offensive, fièrement ! Rompons avec la routine politique et le cadre traditionnel. Amener un pays à son indépendance, c’est à la fois la chose la plus naturelle et la plus innovante qui soit.

J’ai envie d’inviter tous les indépendantistes à réinventer nos approches, nos discours, nos façons de faire, afin de faire du Québec le 194e pays à faire son entrée à l’ONU !