Déversement du pipeline de Suncor à Rimouski

2017/02/27 | Par L’aut’journal

Les groupes environnementaux NON à une marée noire dans le Saint-Laurent, Prospérité sans pétrole et Greenpeace sont fort préoccupés suite au déversement de plus de 3700 litres de pétrole par le pipeline de Suncor à Rimouski.

Ils exigent davantage de transparence de la part du gouvernement et de Suncor et que les mesures de protection de la population et de l’environnement soient renforcées. Selon eux, ce déversement soulève une panoplie de questions et de préoccupations quant à l’état des installations vieillissantes de Suncor.

Pour les groupes, il est particulièrement préoccupant de constater que c’est le deuxième déversement majeur à survenir en à peine deux ans à Rimouski et que des traces d’hydrocarbures ont été détectées sur le Saint-Laurent.

Il semble d’ailleurs que la compagnie Suncor n’a toujours aucun système automatisé pour détecter les fuites et ne procède qu’à des inspections visuelles. Les deux derniers déversements ont d’ailleurs été signalés par des résidents et des employés qui ont senti une forte odeur d’essence. « Ce n’est pas normal que le nez de la population environnante serve de système de détection des fuites alors que la sécurité de cette dernière est en jeu,a déclaré Benoit St-Hilaire de Prospérité Sans Pétrole. Il est plus que temps que le gouvernement exige que les procédures et les systèmes de détection et d’alerte en cas de fuite soient renforcés de manière à protéger la population et l’environnement. »

Selon Martin Poirier de NON à une marée noire dans le Saint-Laurent, « ce deuxième déversement majeur à survenir en à peine deux ans soulève des questions quant à l’état des installations vieillissantes qui date du milieu du siècle dernier. En effet, les deux oléoducs qui permettent le transbordement du quai de Rimouski jusqu’au réservoir de la compagnie ont été construits en 1955. Le ministère de l’Environnement ayant été créé en 1977, ces installations ne relèvent donc d’aucun standard comparable aux normes en vigueur présentement. Nos inquiétudes face à la désuétude de ce terminal pétrolier sont plus que légitimes et sont partagées par plusieurs membres de la communauté. »

Les deux pipelines et les réservoirs sont situés à proximité d’un foyer pour personnes âgées, à moins de 76 mètres d’une école secondaire et à moins de 200 mètres d’une école primaire. Dernièrement, la Direction de la santé publique a dû procéder à une relocalisation des élèves du secondaire dû à une possible contamination des sols entourant le terminal. Une étude sera faite ainsi que la caractérisation des sols.

« Ce déversement rappel que le transport de pétrole par pipeline amène d’importants risques pour les communautés et l’environnement. Il est temps que le Québec accélère la transition vers les énergies à 100% renouvelables, et se libère rapidement de sa dangereuse dépendance aux combustibles fossiles qui menacent la population, l’environnement et le climat planétaire », a déclaré Patrick Bonin, responsable de la campagne climat-énergie à Greenpeace Canada. « Le seul moyen d’éliminer complètement les risques liés aux hydrocarbures est de s’en libérer le plus rapidement possible, ce que nous devons d’ailleurs faire de manière à éviter une dangereuse augmentation des catastrophes environnementales liées aux changements climatiques. » 

Les groupes demandent également à ce que le rapport d’enquête suite au déversement de 2015 soit rendu public immédiatement, en particulier pour ce qui est des recommandations et des améliorations mises en place pour renforcer la sécurité en lien avec les activités pétrolières. Ils exigent également que le délai entre le début de la fuite et sa détection soit connu ainsi que les causes et le nombre officiel de litres déversés le 21 février dernier.

Ils rappellent que Suncor a été mise à l’amende pour un montant presque symbolique de 10 000$ pour le déversement de 2015. Selon les organisations, pour qu’elles soient efficaces, il importe que les amendes imposées par le gouvernement soient plus significatives de manière à dissuader les pétrolières de négliger l’aspect sécurité.  

Finalement, les organisations rappellent que la décontamination des terrains suite au déversement de 140 000 litres d’essence en janvier 2015 n’est toujours pas complétée et que le ministère de l’Environnement n’est toujours pas en mesure d’obtenir une date de fin des travaux auprès de la compagnie Suncor.