SPVM : faire une ronde autour de l’éléphant dans la pièce

2017/02/27 | Par Michel Gourd

Philippe Couillard aura beau promettre la meilleure enquête possible au sujet des accusations dans le dossier du SPVM, il ne pourra jamais dissiper les soupçons d’ingérence politique qui l’accablent déjà.

La raison de cette situation est simple. Le système de nomination des chefs de police au Québec prête flanc a de l’ingérence politique. Il est reconnu que l’indépendance des différents pouvoirs concourt à l'État de droit. La séparation entre le législatif, le juridique et le politique doit créer un équilibre qui doit toujours être scruté par les médias et validé par le peuple.

Malheureusement, au Québec, les chefs de la Sureté du Québec sont nommés par le gouvernement provincial qui aime les avoir à sa main. Les changements de gouvernements entraînent souvent un remplacement rapide du chef de la SQ.

Non seulement il n’y a pas apparence d’indépendance, mais les faits dans l’affaire Lagacé pointent plutôt vers la transformation de la SQ en police politique qui gère les problèmes politiques que causent les journalistes avec des méthodes policières telles la filature et l’écoute électronique.

Il est révélateur que ce soit un agent de la SQ qui ait averti le SPVM que certains de ses policiers parlaient à des journalistes. On apprenait d’ailleurs en novembre 2016 que la SQ avait obtenu secrètement des registres téléphoniques de six journalistes, dans le cadre d'une enquête sur les fuites d'informations aux médias.

Si des journalistes de renom comme Alain Gravel, Denis Lessard, Marie-Maude Denis, André Cédilot et Isabelle Richer peuvent être espionnés de cette manière, aucun journaliste n’est à l’abri des agents de la SQ.

Comme le rapport de la nouvelle enquête policière sur le SPVM sera remis à des politiciens ou a des gens nommés par eux et non directement à la population, il y a encore là une double apparence de conflit d’intérêts.

Non seulement des agents de police dont le grand patron est nommé par le politique risquent de s’autocensurer pour garder leur emploi, mais les résultats qui seront défavorables au ministère de la Justice risquent aussi d’être dilués ou corrigés à l’interne avant que le rapport soit rendu public.

Tant qu’ils ne permettront pas une réelle indépendance des pouvoirs législatifs et juridiques, les politiciens québécois ne feront que danser en rond les yeux bandés autour de l’éléphant dans la pièce qu’est l’ingérence politique dans la justice.