Le personnel de soutien de l’enseignement supérieur veut sa juste part

2017/03/03 | Par Anne Dionne

L’auteure est présidente de la Fédération du personnel de soutien de l’enseignement supérieur (FPSES-CSQ)

N’allez pas croire que la semaine de relâche est reposante pour tout le monde! Ce n’est pas la réalité du personnel de soutien de nos cégeps et de nos universités, qui se retrouve dans une situation de plus en plus difficile en raison de l’austérité.

 

Une situation sans bon sens

Dans ce contexte, le personnel de soutien de l’enseignement supérieur a bien hâte de voir comment se concrétisera la promesse du ministre des Finances, Carlos Leitão, de réinvestir dans nos cégeps et universités. Les besoins sont criants partout à travers la centaine de corps d’emploi que notre fédération représente, car c’est le personnel de soutien qui a principalement fait les frais des compressions.

Prenons l’exemple des techniciennes et techniciens en éducation spécialisée (TES). Alors qu’on assiste depuis 2010 à une hausse fulgurante du nombre d’élèves handicapés ou en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage (EHDAA) dans nos établissements d’enseignement supérieur, l’embauche de TES n’a pas suivi en conséquence.

On se retrouve donc dans une situation sans bon sens. Si l’on ne s’ajuste pas à la hausse, la réussite de jeunes qu’on a soutenus au primaire et au secondaire, pour lesquels on s’est battus afin qu’ils obtiennent des services d’aide adéquats, pourrait être mise en péril. Après les avoir encouragés à persévérer jusqu’aux études supérieures, il ne faudrait pas les abandonner faute de ressources.

 

Des ressources qui manquent à l’appel

La réalité est extrêmement préoccupante à la grandeur du Québec et inégale d’un endroit à l’autre. Au Cégep de Ste-Foy, qui est le centre collégial de soutien à l’intégration de l’Est-du-Québec, on compte 7 TES pour environ 900 EHDAA. Malgré tout, on peine à y offrir tous les services auxquels les étudiants seraient en droit de s’attendre. Pourtant, parmi les collèges que nous représentons, cet établissement est celui qui a le plus de ressources pour intervenir dans ce domaine.

Il est donc facile de qualifier la situation d’inacceptable au Collège Dawson, alors qu’on ne compte qu’un seul TES pour environ 700 étudiants diagnostiqués. Et malheureusement, le portrait est semblable dans l’ensemble des cégeps et universités.

L’essoufflement du personnel de soutien est loin de se limiter à l’exemple des TES. L’austérité libérale a frappé partout et n’a épargné aucun de nos membres, que ce soit dans les services informatiques, au soutien administratif, chez les techniciennes et techniciens de laboratoire ou chez les personnes préposées à l’entretien, etc.

 

La barre est haute pour le ministre

Le budget de Carlos Leitão sera-t-il à la hauteur de nos attentes? Nous verrons bien. Une chose est certaine : la barre est haute. Le personnel de soutien, qui plus souvent qu’autrement est le premier à faire les frais des coupes et compressions qui s’accumulent, a perdu confiance dans ce gouvernement.

Si le ministre veut renverser la vapeur, il devra donner au personnel de soutien la juste part qui lui revient. Il en va de la qualité des services dans nos cégeps et universités.