L’affaire Andrew Potter

2017/03/27 | Par Michel Gourd

L’affaire Andrew Potter et les propos qui ont entouré son texte « How a snowstorm exposed Quebec’s real problem: social malaise », publié dans le magazine Maclean’s peuvent déjà être considéré comme un exemple des deux solitudes du pays.

À voir les réactions à ce texte, on peut remarquer qu’il y a une différence marquée entre la manière dont ils ont été perçus dans les médias du « Rest of Canada » (ROC) et ceux du Québec.

La majorité des textes dans les médias du ROC touchent la démission de l'ex-rédacteur en chef de l'Ottawa Citizen de son poste de directeur de l’Institut d’études canadiennes à l’université McGill.

Ceux des médias du Québec se concentrent plus sur la perception qu’a exprimée Andrew Potter des causes profondes des événements qui se sont passés pendant la tempête du 14 mars sur l’autoroute 13.

Le pire dans cette situation est que, en paraphrasant un proverbe arabe, bien que le sage ait montré la lune, tout le monde regarde le doigt.

Le ROC trouve déplorable ce qui est arrivé à son possesseur tandis que plusieurs médias du Québec considèrent que c’était un doigt d’honneur qu’on faisait à leurs lecteurs.

Dans un éditorial, le 24 mars, « McGill sends the wrong message about academic freedom », le Toronto Star a d’ailleurs dénoncé la réaction de l’université McGill à la crise. Le directeur général de l'Association canadienne des professeures et professeurs d'université, David Robinson considère aussi avec suspicion cette démission et dénonce à l’avance McGill s’il s’avérait qu’il aurait osé la demander.

Du côté québécois, les élus de l’Assemblée nationale ont serré les coudes devant la dernière salve du Maclean’s. Il faut dire que ce dernier a déjà une réputation de francophobe bien établi avec ses photos du Bonhomme Carnaval de Québec se promenant avec des valises d’argent sale. Même Philippe Couillard, qui est le plus fédéraliste des premiers ministres de l’histoire récente du Québec, a hurlé avec les loups et dénoncé le texte.

Pour bien juger cette situation, il faudrait peut-être s’attacher au fond de l’histoire et voir en quoi les propositions d’Andrew Potter, qu’il a retiré d’ailleurs en voyant les réactions, étaient si insultantes pour les Québécois. Il faudrait aussi regarder avec attention comment les médias du ROC et particulièrement de l’Ontario dépeignent le Québec depuis des années.