Office national de l’énergie : Une enquête est demandée sur le lobbying de Jean Charest

2017/03/30 | Par Richard Lahaie

Le 28 mars dernier, une manifestation de groupes écologistes a été tenue devant l’hôtel Delta de Montréal. Le comité d’experts sur la modernisation de l’Office national de l’énergie (ONÉ) y tenait des audiences publiques.

Lors de son allocution, Patrick Bonin de Greenpeace a souligné le succès des manifestations antérieures envers l’ONÉ. « La mobilisation a mené à la récusation de trois commissaires qui ont rencontré Jean Charest en secret derrière des portes closes ».

« On demande qu’une enquête publique soit faite sur ce qui s’est passé avec Jean Charest. L’ex-premier ministre, payé par TransCanada, qui rencontre des hauts dirigeants de l’ONÉ chargés d’évaluer un oléoduc de TransCanada, c’est scandaleux! », de s’indigner monsieur Bonin.

« Tant que l’on n’aura pas cette enquête et qu’on n’aura pas une réforme des évaluations, le projet Énergie Est ne peut pas être évalué, car on n'a pas confiance en ce système-là. Un système qui a été mis en place par le gouvernement Harper pour approuver des projets de pipeline », d’ajouter Patrick Bonin.

Invitée à son tour au micro, Alyssa Symons-Bélanger, qui avait demandé aux commissaires de se récuser lors d’une audition antérieure de l’ONÉ et qui avait été arrêtée par la police, a déclaré « qu’au lieu que ce soit les personnes corrompues qui soient arrêtées, ce sont ceux qui dénoncent la corruption qui vont en prison et qui subissent les conséquences d’avoir mis en lumière la situation autour de l’ONÉ ».

L’activiste environnementale a posé la question qui tue : « Est-ce que l’ONÉ a déjà dit NON à un projet d’oléoduc? » Elle fut chaudement applaudit par les manifestants.

« Ces oléoducs ont été autorisés parce qu’il y a connivence entre l’ONÉ, les pétrolières et nos gouvernements pour faire en sorte qu’il y ait expansion de la production des sables bitumineux », d’analyser Patrick Bonin.

Le porte-parole de Greenpeace fait référence au fait que le siège de l’ONÉ est situé à Calgary et que ses membres permanents doivent habiter dans la région de Calgary pour pouvoir être nommés. Ainsi, l’indépendance de l'ONÉ est remise en question.

« Le gouvernement de Justin Trudeau a été élu sous la promesse d’une rénovation des manières de faire et de l’acceptabilité sociale. Il semblerait que l’on s’est fait encore une fois avoir par les politiciens fédéraux », de soutenir le vice-président de l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA), Vincent François.

Les groupes écologistes demandent que les évaluations environnementales soient retirées du mandat de l’ONÉ et qu’elles soient transférées à l’Agence canadienne d’évaluation environnementale comme c’était le cas avant que le gouvernement Harper change la situation.

Au printemps 2016, des résidents de Saint-Lazare ont découvert une section d’oléoduc qui n’est plus enfouie sur le bord d’un ruisseau qui se jette dans la rivière des Outaouais. L’écoulement de l’eau a érodé le sol qui recouvrait le pipeline. Il est maintenant exposé aux intempéries.

« C’est tout l’approvisionnement en eau potable de la région de Montréal qui est menacé par les oléoducs TransNord et Enbridge 9B », de rappeler Patrick Bonin.

La manifestation s’est terminée dans un grand fracas. Au moment où Carole Dupuis, coordonatrice du Comité vigilance hydrocarbures Montréal, commençait son discours, une voiture de taxi s’est encastrée dans les portes d’entrée de l’hôtel et fracassant les vitres. L’incident n’était pas en lien avec la manifestation. Le chauffeur de taxi a simplement raté sa manœuvre de stationnement.