Le procès constant du projet de pays

2017/04/07 | Par Étienne-Alexandre Beauregard

Depuis 50 ans, s’il y a bien une constante par rapport au mouvement souverainiste, c’est le procès constant que lui fait subir la population québécoise. Au lieu d’examiner ce fédéralisme canadien qui nous tue à petit feu autant culturellement qu’économiquement ou écologiquement, il semble qu’on préfère se faire des peurs sur le projet de pays.

Le camp du NON et le Parti libéral le savent très bien et ils s’en servent allègrement pour discréditer l’indépendance nationale sans trop d’efforts. Le pire dans tout cela, c’est que la plupart du temps, le peuple lui mange dans la main. Comme s’il était plus facile de croire en notre incapacité à être maîtres chez nous que de croire en nous-mêmes.

En effet, combien de fois a-t-on entendu dire par les fédéralistes que jamais un Québec souverain ne serait valable économiquement, alors qu’une quantité astronomique d’études nous prouve le contraire.

À l’inverse, quand on dénonce que nos 50G$ d’impôts envoyés annuellement à Ottawa, puis dépensés aux quatre coins du Canada pour faire prospérer le pétrole albertain ou l’industrie automobile de l’Ontario, le Canada invoque la péréquation, qui nous rapporte uniquement 6.7G$ annuellement, et les Québécois remercient la bonne fédération pour sa générosité.

Encore une fois, il semble plus facile de croire qu’on tire des bénéfices financiers du fédéralisme plutôt que de se rendre compte que tout cet argent que nous lui envoyons n’est pas réinvesti au Québec.

Au-delà de l’argument économique erroné du camp opposé au changement, le climat ambiant au Québec est qu’il faut prouver la validité de la souveraineté année après année, alors que le régime fédéral n’a pas à le faire et ce, même s’il est dépassé depuis fort longtemps.

Ce climat laisse entendre à tort qu’il y avait une époque où prendre les rênes de notre destinée collective était une bonne idée, alors que maintenant, il faudrait rester dépendants d’une fédération qui ne nous représente pas uniquement parce que le dernier référendum sur la souveraineté a eu lieu en 1995.

Au contraire, ce référendum ne nous a-t-il pas laissé l’impression qu’un autre suivrait tôt ou tard, car la question était loin d’être réglée, l’option étant valable pour plus de 49% des Québécois ?

S’il est parfaitement normal de se poser des questions sur le projet d’indépendance nationale, il est tout à fait malsain de ne pas critiquer également le fédéralisme canadien, qui cause bien plus de dommages au Québec qu’on ne le laisse couramment entendre.

La prochaine fois qu’Ottawa veut nous imposer un oléoduc, une langue ou toute autre mesure allant directement à l’encontre de l’intérêt du Québec, il faut avoir confiance en nous et réaliser que rien de tout cela n’arriverait si nous étions maîtres de nos affaires au lieu de nous apitoyer sur notre sort et continuer de suffoquer à l’intérieur du carcan canadien.