Le mouvement actuel de la lutte des classes

2017/04/12 | Par Raphaël Erkoréka

Écrivant un commentaire en 1998 sur une pochette de disque ré-édition des pianistes Chick Corea et Herbie Hancock (1978), afin d'expliquer la période de changements troubles des années 1970's, le producteur Bob Belden y alla de cette phrase cryptée: "The seventies (1970's) are a difficult decade to explain". Indeed!

Cette période difficile à analyser était en réalité une période de changements profonds des rapports de force des diverses institutions sociales versus la sphère financière et commerciale mondiale. Les fameuses « 30 glorieuses » (1945-1977), qui amenèrent prospérité et stabilité économique par la hausse entre autres de la base salariale et une augmentation du niveau de vie, se terminaient.

Prenant comme alibi, l'inflation, créée supposément par le mouvement ouvrier (et non par le patronat, bien sûr), la sphère financière et commerciale se servit de leurs journaux et médias grand-publique afin de détruire les porte-étendards du mouvement ouvrier.

Que ce soit les travailleurs de mines d'Angleterre, ou les contrôleurs aériens et débardeurs américains, ceux-ci furent démolis à coups de décrets juridiques et de matraques. Ç'en était fini de la hausse du rapport de force du mouvement ouvrier et par extension, de la classe moyenne.

 

1979 à 2008

De 1979 à 2008, l'on pourra dire que l'aiguille de l'axe gauche-droite se déplaça inexorablement vers la droite. Des idées comme l'individualisme pur, dérivant vers le culte de la personnalité, ainsi que la destruction de la conviction des bienfaits de la répartition de la richesse ou de la mise-en-commun des ressources, furent établies.

Dès lors, aidés par des traités commerciaux à grand déploiement, l'on a pu assister à des mesures de « rationalisation » des salaires et conditions générales de travail, ce, toujours sur le dos du mouvement ouvrier. On assista, en réalité, à la diminution du pouvoir d'achat de la masse (le 99,9 % de la population), qui aurait dû croître, en lien avec les innovations mondiales de la technologie. 

Ce ne fut pas le cas.

Ce mode de pensée, nommé néo-libéralisme, frappa un premier mur vers 2008, lorsque la demande globale des « consommateurs » (la masse des travailleurs) s'effondra, victime d'un endettement généralisé des ménages et de l'éclatement de la bulle des produits financiers créés afin de soutenir le profit des spéculateurs.

 

De 2008 à aujourd'hui

Depuis 2008, on assista à un sauvetage financier de banques et de nombreuses multinationales, ce, payé par les contribuables. MAIS !, il y eut une prise de conscience à l'échelle mondiale, que quelque chose dans le système clochait. Une colère sourde provenant des profondeurs d'années multiples de blocage et d'exploitation revint à la surface.

La manifestation au grand jour de cette colère, se fit voir, entendre et sentir dans des mouvements de masse tels: Occupy wall-street (New-York), « Podemos » en Espagne, le printemps arabe (Moyen-Orient), le mouvement Syriza en Grèce, ainsi que le printemps érable au Québec. Entre autres.

Dans les deux-trois dernières années, ce mouvement mondial est habilement traité, que ce soit par l'essoufflement contrôlé ou par la récupération politique de ses principes, vers un repli des revendications sociales.

Bref, nous vivons présentement un refroidissement des mouvements sociaux et ouvriers, et le patronat a repris la pôle.. mais constatant l'état de faiblesse relative dans lequel se trouvent les puissances russe et américaine... certaines surprises pourraient être au rendez-vous dans les années à venir!

À suivre.