Venezuela : quelle curieuse dictature !

2017/04/24 | Par Matías Bosch

Article publié le 22 Avril 2017 par Bolivar Infos

Comme la « dictature maduriste » que dénoncent Henrique Capriles, Henry Ramos Allup et Julio Borges est curieuse ! Alors que tous les pays gouvernés par des dictatures ont été des sources d'émigration de masse, que se passe-t-il avec les Colombiens ? Il y a 5 600 000 Colombiens au Venezuela. L'année dernière, il y en a eu 100 000 de plus et en 2017, il en est arrivé environ 30 000.
 
Le Gouvernement autoritaire du Venezuela est tellement brutal que « l'opposition » qui sort « manifester » à l'invitation de la MUD semble n'avoir rien d'autre à faire que d’attaquer et d'incendier l'Institut National de l'alimentation, le Métro, un hôpital pour enfants et tire avec des armes à feu sur la police. Savent-ils avec quelle dignité ont dû lutter les mayas persécutés au Guatemala de Ríos Montt ? Arrive-t-il aux Mères et aux Grand-mères de la Place de Mai d’incendier un seul parc en Argentine?

Est-ce que le fait qu'en République Dominicaine, entre le 24 et le 26 avril 1984, 46 personnes aient été assassinées et 185 autres blessées (officiellement mal comptées) par des policiers et des militaires seulement pour avoir essayé de trouver de la nourriture et de se défendre contre la violence d'Etat les intéressera ?

Curieusement, la jeune Paola Ramírez qui est morte jeudi d'une balle à Táchira n'a pas été assassinée par des policiers ni par des « collectifs chavistes » comme la grande presse le répète mais par une arme qui tirait sur des manifestants du parti au Gouvernement depuis l'un des immeubles adjacents. Que dit la MUD de cela ?
 
La tyrannie de Maduro est tellement sérieuse, tellement dure que l'opposition existe, a pu gagner les élections législatives, avoir la majorité au Parlement, faire des marches toutes les semaines, avoir des partis, se rendre à l'étranger, être reçue à l'OEA, posséder des journaux, des chaînes de télévision, de radio et tout ce qu'elle veut.

En vérité, l'affaire rappelle beaucoup la dictature de Trujillo quand le Parti Dominicain était le seul autorisé à exister et qu'avoir le carnet avec « la petite palme » était une obligation semblable à celle d'avoir sur soi sa carte d'identité.
 
Étant donné la cruauté du Gouvernement du Venezuela, le secrétaire général de l'OEA s'est vu obligé d'intervenir. Il laisse pour plus tard la situation des Chiliens qui ne peuvent pas rentrer dans leur pays parce qu'ils ont été exilés par Pinochet et que cette peine a été maintenue par les Gouvernements « démocratiques... » Et de parler des presque 20 dirigeants mapuches prisonniers politiques dans ce pays accusés sous prétexte de la loi de « sécurité intérieure de l'Etat. » Le secrétaire Almagro a aussi laissé pour plus tard les 40 dirigeants sociaux assassinés en Colombie en moins de 4 mois. Quand Almagro parle de « rupture de l'ordre constitutionnel », décidera-t-on de faire quelque chose pour le Honduras où il y a eu en 2009 un coup d'Etat et où déjà plus de 120 activistes de l'environnement ont été assassinés ?
 
Maduro et Chávez ont été 2 satrapes si cruels qu'ils consacrent 60% du budget public aux Dépenses Sociales, qu'ils ont créé et poursuivi la Mission Barrio Adentro, le seul programme qui a permis à la population des quartiers et de la campagne d'accéder aux soins de santé. Depuis sa création, elle a déjà donné plus de 1 300 millions de consultations, toutes gratuites et garanties.

C'est pareil qu'en République Dominicaine où entre janvier et mars 2017, plus de 300 bébés sont morts d'infections attrapées à l'hôpital où ils sont nés et où ils sont soignés. Il laisse aussi pour plus tard de parler des 5 700 enfants qui sont morts dans un seul hôpital public entre 2006 et 2012. C'est pareil aussi à la condition des 300 000 femmes indigènes péruviennes stérilisées de force pendant la période Fujimori, tout cela dans la plus parfaite impunité.
 
Face à un despote comme Maduro et compagnie, Leopoldo López est Gandhi et Lilian Tintori devient la femme de Mandela ou de Martin Luther King. Avec la différence que Tintori a fait ouvertement campagne pour que Guillermo Lasso gagne les élections en Equateur, ce Lasso impliqué dans l'effondrement bancaire qui a mis son pays en banqueroute pendant qu'il faisait des affaires et qui a des fortunes investies dans les paradis fiscaux. Quand on voit Tintori photographiée avec Peña Nieto, Trump et Macri, on se dit : « quelle chance ! » parce que quand les veuves des exécutés politiques du Guatemala, de Colombie ou d'Argentine ont-elles été reçues par un président ? Quand Peña Nieto a-t-il été pris en photo avec l'une des mères, des sœurs ou des fiancées des 43 disparus d'Ayotzinapa?
 
Certainement, beaucoup de Vénézuéliens et de Vénézuéliennes ont de bonnes raisons d'être ennuyés et en désaccord avec leur Gouvernement. Mais cette « opposition » instituée, celle des Capriles, Borges, Tintori, López, Ramos Allup… cette « opposition » se moque de la mémoire historique de son pays et de l'Amérique Latine chaque fois qu'elle utilise le mot « dictature » pour justifier son ambition, sa conviction qu'elle peut faire et défaire selon son bon plaisir et exhiber sa soif de triomphe et de pouvoir.
 
traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos
 
Source en espagnol :
http://www.resumenlatinoamericano.org/2017/04/21/opinion-del-dominicano-matias-bosch-sobre-venezuela-que-curiosa-es-esa-dictadura/
URL de cet article :
http://bolivarinfos.over-blog.com/ 2017/04/venezuela-quelle-curieuse-dictature.html Ajouter une section ici