L’Expo 67 et la prétendue xénophobie des Québécois

2017/05/09 | Par André Sirois

L’auteur est avocat auprès de l’ONU, à New York

C’est à bon droit que les Québécois célèbrent avec fierté le 50e anniversaire de l’Expo 67. Il s’agit d’une belle et grande réussite dont ils ont toutes les raisons de s’enorgueillir. En six mois, l’Expo 67 a accueilli plus de 54 millions de visiteurs qui sont repartis ravis de cette expérience exceptionnelle. Opération réussie.

À mon avis, il conviendrait aussi de souligner qu’une bonne partie de ces 54 millions de visiteurs étaient des étrangers, des non-Québécois dirons-nous, et que les Québécois les ont accueillis très chaleureusement, sans aucun incident raciste ou xénophobe. Aucun.

J’ai travaillé à la préparation de l’Expo 67, à partir de 1965. J’étais chargé de relations publiques. J’avais dans mes dossiers les pays de la Place d’Afrique — composés en grande partie de Noirs — et ceux du bloc soviétique — des «méchants communisses» — et jamais je n’ai entendu un seul de leurs représentants, avec lesquels j’avais des relations de travail directes et chaleureuses, formuler la moindre plainte. S’il y avait eu un problème, un seul, nous en aurions été informés immédiatement. Les services de sécurité aussi, bien entendu. Et les médias auraient fait leur travail. Il n’y a rien eu. Rien que du positif.

Lors de la célébration de l’Expo 67 au théâtre Maisonneuve la semaine dernière, j’ai vérifié auprès d’ex-collègues des relations publiques et de certains de la sécurité et ils confirment mon souvenir. Nous n’avons eu aucun incident raciste ou xénophobe à l’Expo 67. Pas même une seule plainte. Les seules craintes que nous avons eues sur le plan de la sécurité ne relevaient pas du danger ou de la menace, mais de l’enthousiasme exubérant de l’accueil faits à certains invités étrangers; par exemple Eartha Kitt, Léopold Sedar Senghor ou Ravi Shankar.

Alors, que conclure? Comment peut-on concilier cette expérience exceptionnelle, ces faits bien réels, ces millions d’étrangers accueillis chaleureusement, avec les accusations de xénophobie lancées maintenant contre les Québécois? Serait-ce qu’en 50 ans la tradition d’accueil et d’hospitalité des Québécois a disparu subitement? Qu’il y aurait eu un revirement inexpliqué d’une génération à l’autre? Ne serait-ce pas plutôt parce que ces accusations de xénophobie ne correspondent en rien à la réalité historique et ne sont que du dénigrement, lui-même bien ethnique (du «Québec bashing»), orchestré par quelques-uns à des fins inavouables?