Le cercle vicieux de la dépendance au Supplément du revenu garanti

2017/05/12 | Par Richard Lahaie

Depuis 50 ans, le Régime des rentes du Québec (RRQ) était équivalent au Régime de pensions du Canada (RPC). Les provinces canadiennes viennent d’adopter une réforme avantageuse pour les prochaines générations. De son côté, le gouvernement du Québec propose un régime de retraite qui pénalise les jeunes.

En janvier dernier, la Commission des finances publiques a tenu des consultations à propos des modifications que propose le ministre Leitão au RRQ. « Cette proposition aurait pour effet de rendre plus pauvre le retraité québécois d’environ 2000 dollars par année par rapport à un retraité canadien », d’affirmer Pierre-Paul Côté, président de l’Association des retraitées et retraités de l’éducation et des autres services publics du Québec (AREQ).

L’entente fédérale-provinciale fait en sorte qu’un retraité d'Alberta touchera maintenant le tiers (33,3%) de son revenu à la retraite, tandis qu’un retraité québécois devra se contenter de 26,3%, si la proposition du ministre Leitão est adoptée. « Déjà, on était considéré comme des porteurs d’eau. Avec la proposition de Leitão, on veut nous maintenir dans cette situation de valet », de s’indigner monsieur Côté.

« L’argument de Leitão est que l’augmentation des cotisations privera les gens qui gagnent moins de 27 400 $ d’une partie du Supplément de revenu garanti (SRG) qu’Ottawa verse aux plus démunis en plus de la Sécurité de la vieillesse. On a aucun pouvoir sur ce programme. Ottawa pourrait décider de modifier les règles et les critères d’ici quelques années sans qu'on ait notre mot à dire », de réagir le président de l’AREQ.

Ainsi, le ministre des Finances du Québec propose que la réforme québécoise exclue toute cotisation sur la partie du revenu qui est inférieure à ces 27 400 dollars. « Les jeunes changent leur chèque de paye et se disent que la retraite, on verra ça plus tard. Plus tard, il sera trop tard pour rectifier la situation », d’analyser Pierre-Paul Côté.

La motivation du gouvernement Couillard est-elle de faire économiser de l’argent aux employeurs en forçant Ottawa à prendre à sa charge la couverture des besoins des petits salariés avec son SRG?

 

Un sondage tendancieux

Le ministre Leitão a choisi de consulter la population québécoise, sur l’avenir du Régime des rentes du Québec, par un sondage sur Internet. Le questionnaire web est uniquement accessible pendant un mois. Ce sondage guidera par la suite la réforme du RRQ.

« Pour répondre aux questions, il faut d’abord que le gouvernement du Québec informe adéquatement la population. Les gens ne sont pas très au courant du fonctionnement des régimes de retraite. Les questions du sondage ne sont pas impartiales », de déclarer monsieur Côté.

On retrouve des questions vraisemblablement logiques, mais qui sont accompagnées d’un énoncé très orienté. En voici deux exemples :

« Les prélèvements sur la masse salariale des employeurs du Québec sont déjà les plus importants au Canada. Quelle importance accordez-vous à la compétitivité des entreprises du Québec? »

« En raison de la longévité, la durée de versement des rentes s’est prolongée, ce qui s’est traduit par une hausse des coûts du Régime et, par conséquent, du taux de cotisation. Quelle importance accordez-vous à l’introduction de mesures atténuantes pour compenser l’accroissement constant de l’espérance de vie de la population?