Poursuite-bâillon contre Greenpeace

2017/06/01 | Par Greenpeace

Plus d’une centaine auteurs à travers le monde dont J.M. Coetzee, gagnant du Prix Nobel de littérature; Yann Martel (L'Histoire de Pi) et Margaret Atwood (La Servante écarlate), gagnants du Booker Prize; l’écrivain et metteur en scène Dominic Champagne (Cirque du Soleil - Love); l’écrivain et comédien Stephen Fry (Mensonges, mensonges); Laure Waridel (L'envers de l'assiette et quelques idées pour la remettre à l'endroit), Alain Deneault (Noir Canada: Pillage, corruption et criminalité en Afrique), Serge Mongeau (La simplicité volontaire) ainsi que Naomi Klein (La Stratégie du Choc) ont signé un manifeste [1] à l’invitation de Greenpeace pour soutenir la liberté d’expression et défendre le droit de militer pour la protection des forêts.

Les auteurs signataires se sont engagés à défendre « la liberté d'expression en tant que pilier de nos sociétés démocratiques et pacifiques; le droit des individus de se réunir, de s’organiser et de protester sans être intimidés; [et] les personnes qui protègent pacifiquement les forêts du monde.»

« En définitive, nous bénéficions tous de la liberté d'expression. Si Produits forestiers Résolu parvient à faire taire Greenpeace avec ses tactiques juridiques de bâillon, nous sommes TOUS perdants. Il ne s'agit pas seulement de préserver notre environnement, mais également la société civile, » a déclaré Yann Martel.

Alain Deneault, dont le livre Canada Noir fut justement la cible d’une poursuite-bâillon, maintient que « Les entreprises qui recourent aux tribunaux pour contrer les organisations indépendantes ou les citoyens qui les critiquent, transforment l’appareil judiciaire en une arme tournée contre eux et font preuve en cela d’une lâcheté qui les condamne. »

Le 16 mai, Greenpeace a publié un rapport [2] qui démontre que plusieurs éditeurs internationaux achètent le papier destiné à l’impression de leurs livres auprès de Résolu. [3] Greenpeace invite ces maisons d’édition à soutenir son appel pour défendre la liberté d'expression et à travailler avec Résolu pour que la compagnie adopte des pratiques forestières plus durables.

« C'est un dilemme pour les éditeurs internationaux de s’approvisionner en papier auprès d'une entreprise qui menace aussi directement le droit à la liberté d'expression. Sans ce droit fondamental, pensez à combien de livres, combien d'idées auraient été censurés,» a dit Shane Moffatt, coordonnateur de la campagne Forêt pour Greenpeace Canada.

« Nous demandons à ces grands éditeurs d'aider à convaincre Résolu de mettre fin à ses poursuites contre Greenpeace et de concentrer ses efforts sur la protection des forêts. En tant que clients importants, il est de leur responsabilité de travailler avec Résolu pour développer des solutions qui garantissent une forêt saine pour les générations futures, le respect des droits des Peuples Autochtones et le soutien des communautés locales. »

Plusieurs autres auteurs ont signé le manifeste dont les gagnants du prix Man Booker Julian Barnes (Une fille, qui danse) et Ian McEwan (Expiation), la lauréate du Prix MacArthur Deborah Eisenberg (Le crépuscule des superhéros), Lev Grossman (Les magiciens), Anthony Doerr, lauréat du prix Pulitzer (Toute la lumière que nous ne pouvons voir), la gagnante du prix du Gouverneur général Miriam Toews (Drôle de tendresse), la romancière primé et membre de l'Ordre du Canada Louise Penny (En plein cœur), Dmitry Glukhovsky (Métro 2033), Lauren Groff (Les furies) Eve Ensler (Les Monologues du vagin), Rebecca Solnit (Les hommes m'expliquent des choses), Peter Wohlleben (La Vie secrète des arbres), William Shatner (Up Till Now), Alec Baldwin (Néanmoins), Jane Fonda (Ma Vie) et bien d'autres encore.  

« La fin des ouvrages La Servante écarlate, 1984 et Le Meilleur des mondes est déjà écrite. Celle de notre histoire ne l’est pas encore. C’est notre chance de défendre le droit de parole, la liberté de militer pour le changement, de critiquer l’autorité, et c’est aussi notre chance de renforcer la protection de ces libertés par des lois. En tant que société, nous avons besoin que le dénouement de cette histoire soit positif » a déclaré Margaret Atwood, auteure du roman dystopique La Servante écarlate — récemment adapté pour la télévision — qui dépeint un avenir où la liberté d’expression n’est qu’un lointain souvenir.

Greenpeace sera au salon du livre Book Expo de New York cette semaine afin d'établir un lien direct avec des éditeurs et des lecteurs. Des responsables de campagnes et des bénévoles présenteront une installation artistique appelée Treewhispers par l'artiste Pamela Paulsrud, œuvre issue d’une collaboration internationale censée rappeler notre connexion profonde aux arbres.