Élections pour la désignation au rectorat de l’UQAM

2017/06/02 | Par Pierre Jasmin

L’auteur est professeur honoraire UQAM; il a été élu pour représenter la Faculté des Arts à la Commission des Études de l’UQAM pendant sept années.

Comme en d’autres élections démocratiques ou référendums, après une première ronde achevée le 15 mai avec l’élimination d’une candidate arrivée en troisième position, la seconde ronde, en vue d’une désignation au rectorat de l’UQAM, s’est achevée par un résultat le 25 mai qui prouve, une fois de plus, la scission des sociétés occidentales en deux camps.

En caricaturant, d’une part les gens qui veulent sortir des compromissions avec les pétrolières, les industries militaires, leurs financiers (comme Sun Life Financial[1] et la désastreuse ex-présidente du C.A. de l’UQAM, Isabelle Hudon) et les grandes compagnies qui contrôlent les médias et, d’autre part les apparatchiks qui naviguent avec leur langue de bois dans ces arcanes du pouvoir.

Le comité de sélection UQAM a hélas décidé de lancer un nouvel appel de candidatures à la rentrée de septembre, en rappelant que le mandat du recteur Proulx ne s’achève qu’en janvier 2018 : lui demandera-t-on de le poursuivre, vu l’impasse actuelle, alors qu’il est urgent de passer à une nouvelle étape pour le bien du développement de notre université?

Avec la facultarisation, une nouvelle strate administrative a proliféré ces dernières années à l’UQAM au point de la faire dévier de sa trajectoire unique de gestion auto-participative menée par des syndicats éclairés : rappelons qu’ils s’opposèrent entre autres aux projets pharaoniques avortés d’avalement de la TÉLUQ et de constructions en PPP, telle cette plaie architecturale érigée en face de la Grande Bibliothèque rue Berri.

Ce faisant, le comité de sélection a choisi de ne pas tenir compte de la majorité populaire, ayant pourtant favorisé l’élection de Corinne Gendron : jeune et dynamique, la professeure résolument pro-environnementale a reçu la Légion d’honneur française, en partie pour son travail d’exploration favorisant COP21, le Traité de Paris de lutte mondiale contre les changements climatiques que M. Trump déchire aujourd’hui même.

La candidate a reçu une majorité en chaque catégorie de votes exprimés 1. des professeurEs ainsi que 2. des représentantEs des étudiantEs et 3. des chargéEs de cours, plus 4. celle des syndicats : en tout, elle a reçu 494 voix contre 454 à son rival, doyen des Sciences.

Enfin, comment ignorer que la professeure issue de l’École des Sciences de la Gestion propose de résoudre une fois pour toutes le conflit de cette faculté où une majorité de professeurEs souhaite voir la direction de l’UQAM apporter des solutions concrètes, sans recourir à une déstructuration longue, coûteuse et dommageable pour la force de l’institution?

Passer outre au vote populaire, aussi serré soit-il mais représentatif d’une coalition des forces vives de l’UQAM, me semble, ainsi qu’à plusieurs de mes plus jeunes collègues, mal avisé de la part du comité de sélection dirigé par la présidente du C.A. Lise Bissonnette.

 

[1] L’auteur étant vice-président des Artistes pour la Paix et membre de l’exécutif de Pugwash Canada a publié divers articles illustrant les milliards de $ consacrés par Sun Life à l’industrie militaire