Une formation de qualité à la hauteur des besoins en santé

2017/06/02 | Par Louise Chabot

L’auteure est présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ)

Afin de contrer la pénurie de personnel dans le milieu de la santé, les établissements de santé aux quatre coins du Québec se substituent à l’école en choisissant d’offrir des formations accélérées de préposés aux bénéficiaires. Pour la CSQ, cette décision irresponsable rime avec déqualification et dévalorisation.

Dans la Capitale-Nationale, on parle d’une formation accélérée de cinq semaines, plutôt que des 25 semaines qu’exige la formation menant au diplôme d’études professionnelles (DEP), un diplôme d’État reconnu. C’est cinq fois moins de temps de formation, c’est cinq fois moins de qualité, c’est cinq fois moins d’acquis. Plus récemment, on apprenait qu'à Baie-Comeau on proposait une formation écourtée de 120 heures réparties sur quatre semaines.

Pourtant, la formation menant au DEP a été développée par le ministère de l’Éducation en collaboration avec le ministère de la Santé et des Services sociaux. Elle est offerte par du personnel enseignant qualifié issu du milieu de la santé, donc doublement qualifié.

 

Offrir la formation à temps partiel

Monsieur le Ministre de l’Éducation, depuis des années nous demandons que les programmes de formation professionnelle soient offerts à temps partiel afin de permettre aux élèves de se qualifier et d’avoir les moyens de concilier le travail et les études. La formation professionnelle demeure le seul parcours scolaire qui ne puisse se suivre à temps partiel. Ne pourrait-on pas penser à une telle formule dans ce cas-ci?

 

Agir contre la pénurie de personnel

Monsieur le Ministre de la Santé et des Services sociaux, vous annoncez en grande pompe au Forum des CHSLD la création de 1 100 postes majoritairement de préposés, mais vous n’avez pas pris les mesures adéquates pour prévenir des pénuries éventuelles ou corriger les problématiques déjà présentes. Pourtant, dans la liste d’Emploi-Québec des professions présentant un déficit de main-d’œuvre, 11 des 38 professions en déficit proviennent du secteur de la santé. On demande toujours plus au personnel de la santé, mais on abaisse la qualité de leur formation, c’est incohérent. Comment peut-on demander aux établissements de santé de jouer le rôle de l’école, rôle pour lequel ils ne sont pas mandatés, ni financés?

 

Miser sur l’adéquation formation-emploi

Monsieur le Ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale, en contexte de pénurie, il est urgent de faire la promotion de cette formation de préposés aux bénéficiaires auprès des centres locaux d’emploi, afin d’être en cohérence avec les besoins de main-d’œuvre du domaine de la santé. N’est-ce pas là l’un des mandats de votre ministère? L’ensemble des intervenantes et intervenants au rendez-vous national de la main-d’œuvre ont réclamé des formations de qualité, car c’est aussi cela l’adéquation formation-emploi.

 

Valoriser la formation professionnelle

Nous avons mis en place des centres de formation professionnelle qui offrent des formations de qualité, offertes par du personnel qualifié tant au niveau de la pédagogie qu’au niveau de l’expertise du métier. Tous les gouvernements qui se sont succédé au cours des dernières années ont mis à leur agenda la valorisation de la formation professionnelle. Vous avez aujourd’hui une occasion concrète de le faire, Messieurs les Ministres. Exigeons que le DEP soit la seule formation reconnue et qu’elle soit conditionnelle à l’exercice du métier de préposée et préposé aux bénéficiaires, comme cela se fait dans les autres professions du secteur de la santé.

Il faut exiger une formation adéquate et complète pour les personnes qui prennent soin de la population. Après tout, accepterait-on ce genre de formation accélérée pour un médecin?