LE CBN

2017/06/09 | Par Michel Rioux

Heureusement qu’il y a l’humour pour nous aider à traverser ces années douloureuses dans lesquelles nous sommes enfoncés et dont il est difficile d’imaginer que nous finirons par en sortir.

Un imam iranien a récemment fait ma journée en m’aidant à conserver le moral. En effet, on ne soulignera jamais assez la profondeur de la science de l’imam Kazem Sedegui. Comme aurait dit dans le temps Olivier Guimond : Lui, y connaît ça ! La mode…? Les tremblements de terre…? Fallait y penser : « Beaucoup de femmes mal habillées corrompent les jeunes et l’augmentation des relations sexuelles illicites font accroître le nombre de tremblements de terre. » Voilà un homme qui a l’art de régler de grandes questions en deux coups de cuillères à pot !

Il n’y a rien de tel pour vous requinquer le citoyen, non ?

Ah oui ! Qu’est-ce que le CBN ?

Il s’agit d’un cercle très sélect où n’ont accès que des baveux notoires. C’est cela, le CBN. Vérification faite, le Petit Robert atteste le mot baveux, qui serait apparu en 1931… Ce qui est loin de signifier qu’avant cette date, cette engeance n’existait pas.

Le premier, qui s’impose vraiment, c’est Philippe Couillard. Campé dans sa posture doctorale, il n’en accumule pas moins les âneries. La dernière en date a consisté à vouloir faire passer le Québec et ses habitants sous les fourches caudines d’un Canada qu’il veut nous enfoncer dans la gorge, à notre corps défendant.

On a aussi eu droit à une énième projection du film À souère, on fait peur au monde. « Du jour au lendemain, le Québec souverain serait dans la pauvreté et devrait sacrifier ses programmes sociaux pendant au moins dix ans, » a-t-il décrété péremptoirement. En oubliant au passage un effet positif de cette dégringolade : une bonne part des problèmes de la gestion de l’offre serait réglée, les vaches québécoises donnant désormais du lait en poudre !

Alain Bouchard, ce bleuet qui, selon les critères en vigueur dans le Merveilleux monde des affaires (MMA), aurait réussi, se classe avantageusement dans ce CBN. Il compte parmi les vingt personnes les plus riches du Québec et les cent plus riches du Canada. Vaut à lui seul plus d’un milliard de dollars. Un statut, en quelque sorte.

Il y a quelques années, devant un parterre d’hommes et de femmes d’affaires, le Bouchard en question a traité les Québécois de « BS du Canada ». « Aimez-vous ça être sur le BS vous autres ? Ça n’a pas de maudite allure qu’on tolère ça, nous, les Québécois, qui sommes si créatifs et capables de bâtir, qu’on accepte d’être sur le BS. Je trouve cela complètement ridicule. »

Il est revenu à la charge ces derniers jours, en annonçant qu’avec un salaire minimum à 15 $, Couche-Tard se verrait obligé de fermer des magasins en Ontario. Taillables et corvéables à merci, comme les seigneurs aimaient leurs vassaux au Moyen-Âge. C’est aussi comme ça que Bouchard aime ses employés.

Justin Trudeau n’est pas en reste. Ce n’est pas une fois, mais deux fois qu’il a cavalièrement envoyé promener Philippe Couillard. « On n’a pas de temps à perdre avec la Constitution », a-t-il répondu à un Couillard qui joue au matamore avec les ouvriers de la construction, les juristes de l’État et bientôt avec les ingénieurs employés par le gouvernement, mais qui s’écrase devant Ottawa, à genoux dans la gravelle.

Trois ministres libéraux du gouvernement québécois se distinguent à cet égard. Barrette, Fournier et Moreau se disputent à savoir qui afficherait le plus fièrement son appartenance au CBN.

L’arrogance de Gaétan Barrette n’a pas de limites. Il mène son ministère comme un satrape. « Je suis très déçu par la façon dont vous formulez votre question », a-t-il déjà lancé à une journaliste avec ce sourire sardonique qui est le propre des membres du CBN.

Jean-Marc Fournier et Pierre Moreau n’ont de cesse de dénoncer les journaux de Québecor, qui s’acharneraient sur le parti libéral. Ils ne sont pas les seuls à tirer sur le messager pour tenter de faire oublier l’essentiel.

En passant, des militants de Québec solidaire ont fait la même chose avec Le Devoir à la suite d’un congrès dont on ne peut pas dire qu’on y a péché par excès de transparence.

Les journalistes de Québecor se livreraient « à un tir groupé qui ressemble à une position politique à l’encontre du parti qui représente le gouvernement », d’accuser Moreau dans une langue pour le moins tortueuse. Ces ministres n’apprécient pas que le Journal de Montréal s’intéresse au cas Marc-Yvan Côté, un autre membre éminent du CBN. Ce dernier a envoyé paître un journaliste ce quotidien : « Vous pouvez aller vous faire foutre. L'éthique, vous ne connaissez pas ça. » Lui, y connaît ça, l’éthique, aurait encore conclu Olivier Guimond.

Louis Audet, propriétaire de Cogéco et grand contributeur de la caisse libérale, en avait assez que Benoît Dutrizac, contrairement à d’autres faire-valoir du milieu, appelle les choses par leur nom quand il est question de son parti. Au sommet des cotes d’écoute, Dutrizac a néanmoins perdu son micro… Le CBN a fêté ça !