Le verre est éternel

2017/06/20 | Par Gaston Michaud

L’auteur habite Racine. Il est membre du regroupement OPÉRATION-VERRE-VERT

Un dernier gros rapport, celui du CREATE, est sorti la semaine dernière sur la récupération du verre.  Un rapport de plus de 300 pages plein de tableaux savants qui remet en doute la rentabilité de la consigne et fait en quelque sorte la promotion du statu quo dans la cueillette des matières recyclables.

Les journalistes ont réagi avec prudence.  Même l’éditorial de LA PRESSE de samedi abordait les conclusions du rapport avec circonspection.

Nous sommes un groupe de citoyens d’un petit village de l’Estrie, Racine Nous avons mis sur pieds l’OPÉRATION-VERRE-VERT il y a bientôt deux ans.  Nous ne recevons pas de subventions, nous ne recevons de commandes de personne et nous ne recevons de mandat que celui que nous nous donnons.  

Nous avons pris conscience que la récupération du verre représentait un fouillis total et avait des impacts économiques et écologiques importants.  Nous avons visité des centres de tri, une usine de revalorisation du verre, nous avons mené des actions citoyennes qui ont regroupé un grand nombre de personnes et ramassé une grande quantité de verre.  Nous avons pris de l’information sur la situation dans les pays d’Europe, les États américains, les provinces et territoires canadiens.  Nous nous sommes informés sur les équipements, les prix, les débouchés, etc.  Dans nos actions nous avons reçu des appuis à la grandeur du Québec, de regroupements comme d’individus.   Une pétition de 15,000 signatures a été déposée au parlement à Québec.

Ce que nous retenons de ces deux années de recherches, c’est que pour porter un jugement solide sur la situation, il faut mettre tous les éléments dans la balance.  Ce que le rapport du CREATE ne fait pas.  Nous citons donc les principaux de ces éléments dont il est nécessaire de tenir compte.

1-Il y a une forte demande pour le verre.  Les fabricants de contenants de verre ont une économie de 25% en énergie quand ils utilisent du verre recyclé plutôt que du silicium.  Ils se plaignent de ne pas trouver assez de verre « propre, trié à la source.  Le verre est éternel, que nous disons, il peut être recyclé indéfiniment.

2-Toutes les provinces et territoires canadiens ont une forme de consigne excepté le Manitoba et le Québec. L’Alberta, la Colombie et la Nouvelle-Écosse sont des exemples à suivre.

3-Le verre qui sort des centres de tri, dans plusieurs régions, doit retourner aux sites d’enfouissement au coût d’environ $25 la tonne.  Dans le processus, il aura détérioré rapidement camions et machinerie.

4-Le papier et le plastique sont mélangés au verre concassé depuis leur dépôt dans le bac jusqu’à la sortie du centre de tri et perdent ainsi une très grande partie de leur valeur commerciale.  Ils sont, parait-il, envoyés en Chine pour….. chauffer!   

5-Les citoyens sont prêts pour la consigne ou même le dépôt volontaire.  Cela se fait dans la plupart des pays d’Europe.  En plus, à chaque fois que nous avons fait appel aux citoyens pour ramasser des bouteilles vides, le résultat a été surprenant et les citoyens en question continuent d’en apporter même après que l’opération soit terminée.  La municipalité des St-Denis, notre voisine, par souci écologique, a installé à ses frais un immense conteneur pour recueillir les contenants de verre.  La boite s’est remplie en un temps record et la deuxième est presque à ras bord. 

6-Un sondage Léger et Léger confirme que 90% de la population est favorable à la consigne.

7-Le bac de récupération n’est pas un bac de recyclage.  Pourquoi mêler d’abord ce que l’on doit démêler ensuite, à grands frais et avec des résultats douteux.  C’est clair, le verre ne doit pas être déposé dans le bac de récupération

8-La SAQ met en circulation plus de la moitié du verre au Québec : 240,000,000 de bouteilles par année.  Elle ne peut nier une responsabilité certaine devant l’ampleur de cette opération.

9-L’argent qu’elle investit dans la recherche n’est pas un mauvais investissement.  Il ne solutionne cependant le problème qu’à grands frais  et très partiellement.  En plus, il exige du verre……. propre.  Du matériel que les centres de tri ne fournissent pas.

Nous sommes un petit groupe de citoyens qui pensons que la gestion actuelle du verre au Québec est un cul de sac, que le verre ne devrait jamais entrer dans le bac de récupération parce qu’avec le papier et le plastique, il ne pourra jamais être recyclé à sa pleine valeur et grossira encore les sites d’enfouissement.  D’où l’impact écologique et financier majeur.

C’est le devoir du gouvernement de réagir rapidement, de ne pas se soumettre aux intérêts des lobbys, de mettre tous les éléments dans la balance et d’écouter les citoyens.

Le groupe OPÉRATION VERRE-VERT.