Oui à la presse libre !, déclare le Conseil central de Montréal (CSN)

2017/06/20 | Par Pierre Dubuc

Nous saluons le Conseil central de Montréal (CSN), qui participe à la campagne « Oui à la presse libre » avec un article et la première page de son journal Unité. Une telle initiative s’inscrit dans une longue tradition au Conseil central de Montréal.

Il faut se rappeler que c’est le Conseil central de Montréal, dirigé par Michel Chartrand, qui lance en 1969 l’hebdomadaire Québec-Presse en y investissant temps et argent, dont un montant de 25 000 $, une somme énorme pour l’époque.

Dans la biographie qu’il a consacrée à Michel Chartrand (Michel Chartrand, La colère du juste – Lanctôt Éditeur), Fernand Foisy raconte l’origine de Québec-Presse.

« Michel réunit chez lui, sur les bords de la rivière Richelieu, des gens du milieu de l’information qu’il a triés sur le volet. On y trouve Pierre Lebeuf, réalisateur à la télévision de Radio-Canada; Paul Cliche, journaliste de métier; Gérald Godin, poète et journaliste; et André L’Heureux, du Secrétariat d’action politique de la CSN. Il leur explique en long et en large le besoin de créer un journal populaire afin de contrer le type d’information véhiculée par les grands propriétaires des journaux à travers le Québec. Tous sont emballés par le projet et ils ne demandent pas mieux que de se joindre à cette aventure. (…)

« C’est dans la salle de réunion du restaurant de Butch Bouchard, le 24 septembre 1969, qu’est fondé officiellement le journal Québec-Presse. Le premier numéro sort en kiosque le dimanche 19 octobre 1969. L’équipe éditoriale est composée de Pierre Lebeuf, directeur général, de Jacques Guay, comme chef de pupitre, et des  journalistes réputés Jacques Keable, Gérald Godin, Jacques Elliott, Micheline Lachance et Maurice L. Roy. (…)

« Dès le départ, la FTQ décide d’ajouter ses forces et son aide à la publication de Québec-Presse. Émile Boudreau et Gérard Docquier, délégué par la FTQ, dépenseront sans compter temps et efforts dans la construction de l’hebdomadaire. La CEQ aussi apportera son aide en personnel et aux campagnes de financement. »

L’expérience de Québec-Presse dura cinq ans.

Dans un contexte différent, l’aut’journal a poursuivi la mission de Québec-Presse. D’ailleurs, les pionniers de Québec-Presse, Jacques Guay, Paul Cliche, Micheline Lachance et Émile Boudreau ont tenu des chroniques régulières dans les pages de l’aut’journal et Michel Chartrand  nous a apporté un soutien enthousiaste et inestimable, entre autres en parrainant les AmiEs de l’aut’journal.

 

Vive la presse papier !

Aujourd’hui, certains ne jurent que par les réseaux sociaux. Cependant, comme le révèle un sondage Nanos, commandé par les Amis de la radiodiffusion canadienne, les lecteurs se méfient du contenu sur Facebook, Twitter et sur les informations en ligne qui ne proviennent pas de médias connus.

Seulement 17% font confiance à Facebook comme canal d’information, 19% à Twitter et 34% pour les sites d’information en ligne qui ne sont pas rattachés à une organisation médiatique, contre 83% pour les journaux.

Cela n’est pas étranger au fait que nous savons aujourd’hui que Facebook, qui est la principale source d’information pour une majorité de la population, utilise un algorithme secret, dont on sait maintenant qu’il nous conforte dans nos opinions et nous prive d’opinions contraires.

C’est pour briser cet enfermement et rejoindre un nouveau public et le sensibiliser à des idées nouvelles que nous croyons que le journal papier demeure un véhicule indispensable.

Aussi, bien que nous consacrions beaucoup d’énergie à notre site Internet depuis plusieurs années, nous n’avons jamais envisagé de mettre fin à l’édition papier, qui existe depuis 33 ans, soit depuis le 1er mai 1984, et dont les 20 000 exemplaires sont distribués à chaque mois dans toutes les régions du Québec.

 

Campagne de financement

Dans le journal Unité du Conseil central, on rappelle que les régions sont les parents pauvres des médias traditionnels. « Moins de 1% de l’information produite par les médias urbains traite des régions », peut-on y lire.

S’adjoindre un journaliste attitré aux régions, maintenir l’embauche de notre reporter syndical Richard Lahaie, augmenter notre diffusion dans l’ensemble des régions du Québec, voilà les objectifs de notre campagne de financement.

Lorsqu’il parrainait les AmiEs de l’aut’journal, Michel Chartrand nous avait fait parvenir ce message, qui s’adresse, en fait, à vous chers lecteurs et chères lectrices :

« Chaque syndicat, chaque progressiste devrait être abonné à l’aut’journal » (Michel Chartrand).

Nous croyons que ce message garde toute sa pertinence. Comme l’affirme le Conseil central de Montréal : « La liberté de presse : une responsabilité collective ».

Pour s’abonner, adhérer aux AmiEs de l’aut’journal ou faire un don, cliquez ici.