Harvey, Irma, José. Et Justin.

2017/09/18 | Par Lucie Pagé

Harvey, Irma, José… Et vous voulez maintenir les pipelines, cher Justin Trudeau ? Vraiment ? Lisez-vous les journaux ? Les rapports scientifiques ? Ils sont tous là, et très clairs. Il faut ARRÊTER l’exploitation des combustibles fossiles. ARRÊTER IMMÉDIATEMENT, car la dette écologique est infiniment plus importante que la dette économique. Quels emplois peut-il y avoir sur une planète roussie ?

Et puis, si vous lisez les rapports, vous saurez qu’il y a cinq fois plus d’emplois dans l’énergie renouvelable que dans l’exploitation de l’énergie fossile. Les chiffres sont là, prouvés. À titre d’exemple, pour chaque GWh généré, l’ONG Earthlife Africa a démontré que le charbon crée 0,7 emploi, le nucléaire 0,1 alors que le solaire crée 62 emplois et l’énergie éolienne 13.

Les sables bitumineux sont parmi les combustibles les plus polluants de la planète ! Demandez à des scientifiques : on vous dira que les sables bitumineux sont une menace pour l’humanité, qu’il n’y a aucune raison de les exploiter, surtout pas économique, surtout pas sociale, car ces sables rendent malades ou tuent.

La seule raison est politique : pour favoriser une petite poignée de gens à la tête de corporations qui sont grandement responsables de l’état actuel de la planète.

Faites-vous appel à un médecin lorsque vos enfants sont malades ? Pourquoi ? Parce que vous faites confiance à la SCIENCE qu’il a étudiée pour traiter votre enfant. Pourquoi accepter la parole de scientifiques dans certains cas et pas dans d’autres ?

Investir dans des pipelines qui transportent un produit dont on a SCIENTIFIQUEMENT PROUVÉ qu’il faut le laisser dans le sol est carrément irresponsable. Certains parlent maintenant de crime contre l’humanité ! Car utiliser un produit qui est un danger pour l’humanité est un crime contre elle.

James Hansen, un des plus grands scientifiques de la planète, a tout expliqué et prévu ce qui se passe actuellement dans son livre Storms of my grandchildren  (les tempêtes de mes petits-enfants). Un ouragan — Irma — a causé en 36 heures des destructions dont le coût est supérieur au PIB de la plupart des pays de la planète. Il n’y a que 36 pays qui ont un PIB de plus de 300 milliards de dollars. C’est ça votre idée de logique économique ?

Il y a une vérité qui ne peut pas être niée : la survie de l’espèce humaine dépend de celle de la nature. Gaïa finira par avoir raison de la cupidité de Wall Street et consorts, qui croient que la planète est une poubelle magique et que ses ressources sont illimitées.

Le généticien et militant écologiste canadien David Suzuki affirme que l’heure est si grave qu’il doute parfois que ses petits-enfants puissent mourir de leur mort naturelle. Selon lui, les dégâts écologiques causés par l’être humain sont incommensurables, et ceux qui font fi de la science devraient être jugés pour « crimes intergénérationnels ».

Vous faites peut-être partie de ces gens, maintenant, cher premier ministre : coupable de crime intergénérationnel. Car ce sont nos enfants (et les vôtres) qui devront trouver des solutions pour les graves problèmes que nous leur léguons en toute connaissance de cause. D’ailleurs à quoi sert la science, ultimement, si ce n’est pas à assurer la pérennité de l’humanité ?

Nous nous sommes rencontrés, cher Justin, sur le coin de la rue dans le quartier Villeray, à Montréal, en octobre 2015, deux semaines avant les élections. Nous avons jasé un moment. Je me souviens, comme la plupart des Canadiens d’ailleurs, que vous aviez PROMIS de rejeter les pipelines. Promis!

Vous avez menti; vous nous avez trahis. Pas juste nous, les Canadiens, mais l’humanité au complet puisque le Canada est un des plus grands pollueurs de la planète. Et nous avons TOUT — les ressources et les gens — pour effectuer un virage vers des énergies renouvelables qui assureront un avenir pour nos enfants. Et les vôtres. Et une économie en santé, en passant.

C’est une transition vers une énergie verte qu’il faut, cher premier ministre. C’est quoi votre problème, M. Trudeau ? Ne comprenez-vous pas que vos gestes et décisions aujourd’hui déterminent l’avenir de nos enfants ? Je pense sept générations d’avance, comme les grandes sages amérindiennes. Je vous conseille de faire la même chose.

En tout cas, j’ai soupé avec votre père à Johannesburg. On dira ce qu’on voudra de votre père, mais je sais qu’il serait d’accord avec moi. Je suis certaine qu’il lisait les rapports scientifiques indéniables et qu’il dirait — « Monte dans ta chambre, mon fils, que je te parle ! » Et moi de rajouter - « À genoux dans le coin, pis pense à ton affaire, jeune irresponsable ». Voulez-vous vraiment oublier le futur de vos enfants au nom d’une économie malade qui est en train de tuer la planète ?