Finançons le communautaire : ça urge !

2017/10/05 | Par Collectif d’auteurs

Laurence Bolduc, Regroupement des organismes communautaires de la région 03 (ROC 03) 
Vania Wright-Larin, Regroupement d’éducation populaire en action communautaire des régions de Québec et Chaudière-Appalaches (RÉPAC 03-12) 
Isabelle Boily, Regroupement des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale (Portneuf-Québec-Charlevoix) (RGF-CN) 

Ce n’est un secret pour personne, la population fait les frais des mesures d’austérité, des coupures dans les services publics et de la démolition des programmes sociaux par le gouvernement libéral provincial. De ce fait, les gens s’appauvrissent et sont davantage isolés. Pour trouver entraide et solidarité, mais également pour se donner une voix afin de réclamer le respect de leurs droits, les gens se réunissent notamment autour des organismes communautaires. Entités accessibles et intégrées dans la communauté, les organismes communautaires exercent dans des secteurs variés : défense de droits, jeunesse, santé mentale, groupes de femmes, itinérance, éducation, habitation, arts/culture, justice et tant d’autres. La liste de leurs actions est longue et le rayonnement social qui survient grâce à l’action communautaire autonome est tangible. 

Cependant, les groupes communautaires autonomes subissent eux aussi le couperet de l’État. Leur sous-financement chronique les empêche de réaliser pleinement leur mission et de faire face aux demandes croissantes des laissés-pour-compte de la société. Face à cette situation intenable, il importe d’agir, le statu quo étant inacceptable. Le mouvement communautaire autonome réclame un rehaussement de leur financement de base, ainsi qu’un réinvestissement massif dans les programmes sociaux et les services publics. C’est qu’il en va du bien commun, d’une plus grande justice sociale et de l’amélioration des conditions de vie de la population.

Pour que les organismes communautaires retrouvent leur capacité d’agir et puissent assumer leur mission, il est essentiel de les financer adéquatement. C’est ainsi qu’est réclamé 475 millions $ de plus par an pour les 4000 organismes communautaires autonomes du Québec. 475 millions $, cela représente à peine 0,7 % de toutes les dépenses de programmes du Québec en 2016-2017. Rajoutons que pour la deuxième année consécutive, Québec prévoit faire un surplus budgétaire ; l’an dernier, il était de 1,8 milliard $, auquel on devrait ajouter la contribution au Fonds des générations de 1,5 milliard $. Depuis 2014, les compressions du gouvernement libéral totalisent plus de 4 milliards $ selon l’IRIS. Ces dernières ont des conséquences désastreuses sur les citoyennes et citoyens.

Tout en prétextant que ces choix d’austérité sont faits par soucis d’économie, le gouvernement du Québec n’hésite pas à soutenir généreusement des entreprises privées à même les deniers publics. À l’automne 2015, il a consenti une subvention de 1,3 milliard $ à Bombardier, laquelle a été suivie d’un investissement de 2 milliards $ de la Caisse de dépôt et placement du Québec, notre bas de laine collectif. On connait la suite. Autre exemple criant des choix économiques douteux du gouvernement libéral : l’exemption de taxes sur le capital consentie aux institutions financières depuis 2011. Cela prive l’État québécois de quelque 600 millions $ à chaque année.

 Sous le déguisement de la « bonne gouvernance » et la « gestion responsable », le gouvernement libéral a un objectif radical : le démantèlement de l’État québécois. Il n’y en a que pour les amis du pouvoir, la division pour mieux régner et les prochaines élections à remporter. La population est malheureusement victime d’un gouvernement qui réduit dangereusement les québécois et québécoises à l’insignifiance.

L’action des groupes communautaires va bien au-delà des services offerts ; elle est innovante et a mené à la mise en place de plusieurs politiques sociales. Les groupes communautaires autonomes veulent poursuivre sur cette voie, mais ils doivent avoir les moyens financiers pour le faire.

De la sorte, et pour paraphraser Mireille Havet et Marina Tsvetaieva, il est essentiel d’aller au-devant, de rompre, ne rien admettre, rejeter tout ce qui menace notre indépendance et ce que nous sommes. Ce n'est pas une politique de la conciliation, c'est exactement une révolte, éclatante et belle. Vous la voyez la chaine humaine qui avance sans peur ? À bon entendeur, merci, mais nous ne mangerons pas de votre pain. Nous resterons dignes, nous ne céderons pas. Nous nous battrons pour nos convictions, pour une inaccessible liberté et une beauté d'un autre monde.

 

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