Presse syndicale : De l’imprimé au numérique

2017/10/05 | Par Richard Lahaie

Dans le cadre des «Journées de la culture», la Centrale des syndicats nationaux (CSN) a présenté une exposition intitulée «75 ans de presse syndicale : de l’imprimé au numérique». Ce fut une belle occasion pour donner la parole à quatre artisans qui travaillent à la réalisation de cette presse syndicale : la designer-graphiste Rachelle Desjardins, le photographe Michel Giroux, l’illustrateur Alain Renaud et le caricaturiste Boris.

Rachelle Desjardins a d’abord présenté les différents éléments que l’on trouve dans la presse : le titre, le bandeau, le chapeau, ainsi que tous les éléments qui constituent un article de presse. «La Une ou la première page d’un journal doit éveiller l’envie du lecteur. Elle doit être attrayante, mais aussi informative.»

«Des études ont démontré que le temps de regard sur la couverture d’un magazine ou d’un journal est passé de sept à trois secondes. Donc, le message doit être clair et précis, autant par le texte que par l’image. À travers le temps, le texte de la première page a laissé de plus en plus de place à l’image», de poursuivre Rachelle Desjardins.

Pour Michel Giroux, un photographe jouit d’une grande liberté de création. «Chaque fois que je fais une photo, j’observe la situation. Je suis un observateur et j’essaie de rendre la situation le plus fidèlement possible par la photo».

Le photographe a, par la suite, parlé de sa plus belle photo en carrière. «Je suis allé avec Marcel Pepin à Terre-Neuve pour rencontrer des grévistes syndiqués à la CSN. Je vois Marcel Pepin monter la côte pour rejoindre la mine. Il fonce contre le vent en passant au travers un cimetière. Entre les pierres tombales, Pepin en arrache avec les bourrasques», de se rappeler Michel Giroux. «J’ai fait la photo. Il faut se souvenir qu’à l’époque, un photographe pouvait mesurer la qualité de sa photo seulement après le développement de la pellicule. Ce fut ma meilleure photo».

«Le métier d’illustrateur est un métier souvent mal connu. L’illustrateur doit habiller un texte pour le mettre en valeur», de souligner Alain Renaud. «L’image doit synthétiser le texte pour accrocher le lecteur. L’illustration va au-delà de la décoration. Elle doit donner un petit plus au texte».

«L’illustration permet d’alléger le texte. Comme pour la photographie, l’image vaut mille mots. Quand les sujets sont un peu trop abstraits, c’est plus difficile de faire une bonne illustration. Contrairement à un caricaturiste, qui travaille seul, un illustrateur travaille au sein d’une équipe et il y a constamment un échange d’idées, de faire remarquer M. Renaud.

Le caricaturiste, connu sous le pseudonyme Boris, a d’abord expliqué l’origine de ce nom. «C’est en hommage a un caricaturiste russe, Boris Fetisov, qui est, selon moi, un fantastique dessinateur. Il était caricaturiste durant la Seconde guerre mondiale. Hitler avait dit de lui : ‘‘Si j’arrive à Moscou, je vais le pendre’’. Boris Fetisov est mort à 101 ans sans avoir connu le gibet nazi».

Successeur du dessinateur Garnotte, Boris produit depuis 1998 des dessins d’humour dans la presse de la CSN. «Il n’y a pas beaucoup d’endroit, à Montréal, pour faire de la caricature. Il y a La Presse, le Devoir et d’autres journaux. Mais ça reste très limité. À la CSN, c’est un endroit privilégié pour pouvoir s’exprimer», d’indiquer Boris.

«J’ai été très lent à utiliser Internet. Les gens riaient de moi parce que je n’avais pas d’ordinateur et que je venais à la CSN avec mes crayons de couleurs. Je m’installais au troisième étage pour dessiner. Maintenant, je suis à la maison et j’envoie mes dessins par courriel», de relater le caricaturiste.

Boris a présenté quelques-unes de ses caricatures parues, autant dans l’imprimé que dans l’infolettre numérique de la CSN. À chaque diapositive, l’auditoire s’esclaffait. «Une bonne caricature, à la CSN, c’est de voir des travailleurs opprimés qui veulent gagner. C’est un peu David contre Goliath. J’aime une caricature qui va durer et passer l’épreuve du temps. Faire une caricature de Barrette, je ne suis pas sûr que dans 50 ans, on va savoir qui il est. Je préfère un dessin intemporel», de confier Boris.

Les archives de la presse CSN, de 1920 à aujourd’hui, sont maintenant disponibles sur le site web du syndicat. Au cours de l’exposition, la CSN a fêté les 22 ans de son site Internet.