Élections partielles au lac Saint-Jean : Des graines pour l'avenir

2017/10/27 | Par Germain Dallaire

Bien entendu, comme tout partisan du Bloc Québécois, j'ai été quand même un peu déçu du résultat de la partielle fédérale au lac Saint-Jean. Compte tenu de la notoriété de Marc Maltais et de sa crédibilité que je qualifierais de « béton », j'espérais un meilleur résultat. En y regardant de plus près cependant, ma déception s'est grandement atténuée et s'est plutôt transformée en espoir.

Pour évaluer un résultat, il faut savoir d'où on part. Par exemple, il faut savoir qu'un mois avant l'élection, il n'y avait ni candidat ni exécutif local pour le Bloc et que les pancartes électorales n'ont été installées que deux semaines avant le 23 octobre.

Plus largement, indépendamment des candidats, il faut aussi parler des idées. Bien sûr, il y a l'usine Rio Tinto d'Alma avec ses plus de 600 travailleur(se)s, mais il y a aussi 325 producteurs laitiers dans le comté. La question du système de gestion de l'offre était donc centrale. Les stratèges libéraux ne s'y sont pas trompés en envoyant Justin Trudeau faire ses selfies et prononcer des paroles rassurantes au congrès régional de  l'UPA quelques jours avant le scrutin.

Pourtant, ce système est actuellement attaqué de façon concrète avec l'entrée massive de lait diafiltré en provenance des USA et l'arrivée prochaine de fromages européens en vertu de la signature du CETA gracieuseté de... Justin Trudeau!

Bien entendu, les visées américaines dans le cadre de la renégociation de l'Alena sont d'une autre ampleur et les libéraux ont beau jeu de jurer, la main sur le cœur, que le système de gestion de l'offre est intouchable.

Mais le passé est garant de l'avenir et, surtout, la stratégie uniquement défensive de libéraux n'annonce rien de bon face à des Américains, qui attaquent de tous les côtés. La question du  bois d'oeuvre est aussi une question sensible au lac Saint-Jean. Là aussi, les libéraux ont beau jeu de jouer les victimes mais, là aussi, dans deux ans, ce sera plus difficile.

Pour le Bloc, au-delà du résultat qui constitue quand même une avancée (passé de 18% à 24%), c'est la qualité du candidat qui fait de cette élection un pas important en avant. Marc Maltais est un homme qui a toujours affirmé haut et fort ses convictions indépendantistes et progressistes. Son leadership a été salué par tous lors du lock-out de Rio Tinto en 2012, un conflit très difficile. Comme représentant régional de la FTQ, il continue avec la même constance. Le fait qu'une telle personne représente le Bloc constitue en soi une victoire et confirme la pertinence du recentrage opéré par Martine Ouellet, Mario Beaulieu et compagnie. C'est le genre de choses qui résonne dans les milieux intéressés.

Marc Maltais a déjà confirmé son retour dans deux ans. Il a cette période devant lui pour continuer la reconstruction du Bloc. D'ici aux prochaines élections, l'Alena devrait être renégocié avec des résultats qu'on peut craindre. À ce moment, les belles paroles sonneront creuses et les selfies avec le beau Justin auront peut-être un côté suranné.