Main rouge dans les rues de Montréal

2017/10/31 | Par Richard Lahaie

La Coalition Main rouge, qui regroupe des organisations syndicales, communautaires et étudiantes, a manifesté dans les rues de Montréal, samedi dernier, pour exiger un réinvestissement massif dans les services publics, les programmes sociaux et l’action communautaire autonome.

« Le gouvernement nous dit que, grâce à ses efforts, l’équilibre budgétaire a été atteint et qu’il va pouvoir réinvestir pour lutter contre les inégalités sociales, mais c’est la population qui a fait les efforts à travers les compressions budgétaires dans les services publics, de déclarer Véronique Laflamme, co-porte-parole de la manifestation. Le message d’aujourd’hui est qu’on a les moyens pour avoir une société plus juste. Si le gouvernement veut vraiment lutter contre les inégalités, il faut réinvestir dans les services publics et non baisser les impôts des plus riches en utilisant l’argent fait sur le dos de la population. »

La manifestation, sous le thème de Robin des bois, a déposé des sacs d’écus symboliques devant un CLSC, une école publique, un CPE, une coopérative d’habitation et un centre communautaire qui se trouvaient sur le parcours.

« Plutôt que de s’attaquer aux inégalités sociales, les politiques néolibérales, comme les plus récentes mesures d’austérité du gouvernement, les amplifient, de souligner Véronique Laflamme. Les baisses d’impôts profitent essentiellement aux mieux nantis et aux grandes entreprises. Elles contribuent aussi à créer artificiellement une ‘‘crise’’ des finances publiques en vidant les caisses de l’État, ce qui sert ensuite à justifier l’austérité. »

Les services publics sont menacés. Les coupes sévères en santé et en éducation ont grandement affecté les services à la population. Le désengagement envers les services de garde subventionnés et la modulation des tarifs ont diminué la qualité des services et appauvri les familles.

« Gaétan Barrette a essayé de nous faire oublier ses mesures d’austérités en promettant un deuxième bain par semaine en CHSLD. Mais on n’a pas oublié les patates en poudre, les coupes dans les services de professionnels dans les écoles pour les élèves en difficulté, les soins insuffisants dans les centres pour personnes âgées et autres compressions », de poursuivre Mme Laflamme.

Les programmes sociaux sont eux aussi largement sous-financés. Les prestations d’aide sociale permettent à peine de couvrir la moitié des besoins de base. Le trop peu de logements sociaux construits chaque année ne peut répondre aux besoins. Les mesures d’austérité ont aussi augmenté la pression sur les groupes d’action communautaire autonome qui souffrent depuis longtemps d’un sous-financement chronique.

« Pendant ce temps, avec le recours accru à la tarification et à la marchandisation, la population peine à obtenir des services », de rappeler Dominique Daigneault, également co-porte-parole de la manifestation. À titre d’exemple, les frais multiples à débourser pour du matériel ou des activités parascolaires au primaire et au secondaire, la multiplication des soins de santé et services sociaux dispensés au privé qu’il faut payer, l’essor de la médecine entrepreneuriale ou encore les hausses de tarifs d’Hydro-Québec qui se font au détriment des ménages les plus pauvres ».

La Coalition Main rouge dénonce les contradictions dans les nouvelles priorités énoncées par le gouvernement, suite au remaniement ministériel. Alors que Philippe Couillard dit vouloir abaisser le fardeau fiscal tout en réduisant les inégalités sociales et en améliorant la qualité de vie des citoyens et des familles, la Coalition affirme que le gouvernement libéral met plutôt la table pour de nouvelles compressions puisqu’il ne s’engage pas à revoir la fiscalité.

« Non seulement les derniers investissements en éducation, dans la santé et les services sociaux ne réparent pas les torts causés par les compressions, mais ils ne permettent pas de couvrir la hausse annuelle des coûts, de rappeler Dominique Daigneault. Les femmes font particulièrement les frais de ces décisions. Quand le filet social se désagrège, ce sont souvent encore elles qui doivent prendre le relais pour s’occuper des malades, des personnes aînées ou des enfants ayant des besoins particuliers. »

À quelques mois d’un budget préélectoral, la Coalition Main rouge vient de lancer une vaste campagne sous le thème « Viser la justice sociale », afin de contrer le démantèlement du filet social.

« En plus des baisses d’impôt, le régime fiscal, qui valorise l’évitement fiscal et ferme les yeux sur l’évasion fiscale, nous prive collectivement de plusieurs milliards de dollars. Cet argent pourrait être investi dans les écoles, dans les soins de santé, dans les services sociaux, la culture, la protection de l’environnement, les services de garde éducatifs subventionnés, le logement social, l’aide sociale et les groupes d’action communautaire autonome. On donne des cadeaux aux riches plutôt que de se préoccuper de notre développement social », de s’indigner Véronique Laflamme.

Selon les membres de Main rouge, les solutions existent pour vraiment réduire les inégalités sociales. Il faut mieux répartir la richesse, revoir la fiscalité et réinvestir massivement dans les services publics. « Sans cela, le gouvernement Couillard ne peut pas améliorer les conditions de vie de la population et des familles, comme il dit vouloir le faire, et la transformation en profondeur promise par le Premier ministre risque de se résumer à un nouvel affaiblissement de notre filet social », mettent en garde les porte-parole.​