Labeaume majoritaire à Québec ? Misère !...

2017/11/07 | Par Gilles Simard

L’auteur est journaliste, pair-aidant et citoyen de Québec.

Bien que très fier de mes concitoyens-nes de Cap-aux-Diamants qui ont élu le seul conseiller de Démocratie-Québec, Jean Rousseau, colistier d’Anne Guérette (qui devrait démissionner), je suis amèrement déçu qu’on ait reporté au pouvoir une équipe Labeaume majoritaire, avec à sa tête un personnage aussi arrogant, autoritaire et suffisant politiquement que l’inénarrable Régis Labeaume soi-même. Une vraie honte !

Non mais… Serions-nous un peu masos-sur-les-bords dans la Cité de Champlain ? Serions-nous en train de donner raison à ces petits malins de la métropole qui nous traitent volontiers de « fonfons nostalgiques » qui dorment au gaz des radios-poubelle en rêvant béatement au retour des Bleus dans le ventre vide et insatiable de cet éléphant blanc qu’est le Centre-Vidéotron ? Un nouveau-futur-Stade Olympique qui nous coûte déjà 3,7 M $ par année ?

 

Besoin d’une vraie opposition

Certes, je charrie un peu. Mais comment pourrait-il en être autrement, quand on voit qu’en matière d’opposition forte et articulée, on a ignoré des candidats-es aussi solides et impliqués-es dans leur communauté que les M’Bai Mbaïrewaye, Jacquelyn Smith, Christophe Navel, Philippe Moussette et Pedro-Nel Marquez, pour les quartiers centraux de la Ville ? Des gens aussi prometteurs que Denis L’Anglais et Marie Lacerte pour les districts de l’ouest (Sillery, Sainte-Foy), là où on voit des terrains patrimoniaux passer entre les mains de promoteurs voraces, et où l’on voit aussi pousser des projets pharaonesques comme le Phare, cette gigantesque tour de 65 étages, décriée de toutes parts ?

J’exagère encore, vous pensez ? Eh bien, dix ans que Régis Labeaume est en place, et dix ans que je vois la démocratie municipale s’effriter, la qualité de vie des résidents-es s’amenuiser, leurs services baisser, l’air s’imprégner de poussière rouge et autres toxines et les taxes municipales augmenter de façon draconienne à Québec. Dix ans, que je vis dans une congestion routière qui va s’aggravant, que je vois des cyclistes et des piétons se faire amocher, et que je vois le Vieux-Québec s’effondrer littéralement sous le poids de l’industrie touristique et des lubies d’un maire qui trippe sur une néo-Végas du Nord.

Au final, dix ans que j’entends les résidents-tes, les éditorialistes, les commerçants, les groupes d’intérêts, les gérants d’estrade, le communautaire et les syndicats exiger un changement de ton à l’Hôtel de Ville et vouloir une opposition forte, branchée, représentative et à l’écoute des gens… Et, ô stupeur, que vois-je au lendemain des élections ? À peine si on aura réussi à faire élire un conseiller de Démocratie Québec, un indépendant et deux conseillers (dont peut-être J. F. Gosselin) de Québec-21, le parti de la « droite-auto-troisième-lien » …

Non, mais dites-moi que je rêve ?

 

Des groupes de pression à bout de souffle

Et ici, j’en entends déjà pérorer en pensant que cette opposition forte et structurée qui nous manque cruellement, viendra comme par magie du communautaire et d’autres groupes de pression du genre. Malheureusement, et malgré toute leur bonne volonté et leur courage, plombés qu’ils sont par l’austérité et d’autres contraintes (recherche de financement, manque de personnel), les comités de citoyens-es et autres groupes sociaux ne pourront pas tout faire à eux-seuls.

Parlez-en, voir, aux militants-es du Comité de Citoyens-nes de St-Sauveur, qui ont dû se taper (sans trop d’appuis) des réunions du Conseil municipal pendant plus de deux ans, dans l’espoir vain d’empêcher la démolition du Centre Durocher : un autre fabuleux fait d’armes de l’Équipe Labeaume en matière d’aménagement urbain.

De fait, les groupes sociaux ont beau s’échiner et déchirer publiquement leur chemise pour défendre publiquement leurs causes, à un moment donné ça prend des relayeurs politiques, pour « porter le ballon » et entrer dans la zone payante des buts. Ça prend des gens élus, honnêtes et crédibles, n’en déplaise à certaines factions de l’électorat (dont la gauche), qui semblent prendre le vote municipal à la légère et qui font de l’abstention ou de l’annulation leur credo. Un geste inutile et improductif, s’il en est.

 

Un vent de fraîcheur

Voilà une chose (le nécessaire changement) qu’on semble avoir bien compris, à Montréal, avec l’élection de Valérie Plante, ainsi qu’ailleurs, avec de nouvelles forces au pouvoir, un peu partout, au Québec.

Chapeau à tout ce beau monde, et puissions-nous en prendre acte, dans la Capitale-Nationale, pour bénéficier au plus tôt de ce vent de fraîcheur qui balaye actuellement la province. Un vent, une brise vivifiante et porteuse d’espoir qui devrait nous ramener bien assez tôt les Navel, Mbaïrewaye, Marquez, Lacerte, Moussette, L’Anglais, Smith et autres, pour contrer la « vieille politique » Labeaumienne, et nous épargner ses affres et ses miasmes.

Ainsi-soit-il.