Pourquoi ce recul, Monsieur le Ministre?

2017/11/17 | Par Sonia Éthier et Valérie Grenon

Sonia Éthier est vice-présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ)
Valérie Grenon est présidente de la Fédération des intervenantes en petite enfance du Québec (FIPEQ-CSQ)

Se pourrait-il que Luc Fortin ne comprenne pas tout à fait son rôle de ministre de la Famille que lui a confié le premier ministre?

C’est la question que nous nous posons en le voyant reculer dans le dossier du ratio des garderies privées. En effet, son prédécesseur avait pourtant initié le projet de loi no 143 dans le but d’améliorer la qualité et la sécurité des services de garde.

 

Un recul irresponsable

À cette fin, il proposait notamment de réduire le nombre d’enfants sous la responsabilité des services de garde privés, les faisant passer de six à quatre, parce que ceux-ci ne sont pas soumis à des normes de qualité contrairement aux services de garde publics. Une décision sensée, prise dans l’intérêt des enfants et de leurs parents.

Malheureusement, le nouveau ministre de la Famille fait volte-face et maintient le ratio de six enfants dans les services de garde privés, sans égard aux conséquences pour nos tout-petits.

Un recul irresponsable qui donne l’impression qu’entre les intérêts du développement des enfants et les intérêts financiers des propriétaires de garderies privées, il a choisi son camp en protégeant ces derniers.

 

Défendre le bon ministère

Monsieur Fortin devrait se rappeler qu’il est ministre de la FAMILLE et non pas ministre de l’Économie.

En ce sens, les garderies privées qui brandissent la menace de fermer leur service si on baisse le ratio à quatre, faute de rentabilité, ne devraient même pas faire partie de l’équation.

En fait, le Québec ne devrait même pas accepter de confier ses enfants à des services de garde qui n’ont aucune obligation d’encadrement et de qualité, comme c’est le cas avec ces garderies privées.

D’ailleurs, le projet de loi ne prévoyait la fermeture d’aucun milieu de garde, simplement l’obligation d’aller chercher une reconnaissance et de suivre certaines exigences à partir d’un certain nombre d’enfants. Les seules fermetures seraient volontaires et dues à un refus de suivre des règles implantées pour le bien des tout-petits!

 

Le ministre invité à se ressaisir

Monsieur le Ministre, les garderies privées comme modèle d’affaires pour faire de l’argent sur le dos des tout-petits, c’est inacceptable! On s’est doté comme société, il y a 20 ans, d’un réseau public de services de garde éducatifs à la petite enfance, régis et subventionnés, dont la mission première est le développement global de l’enfant. Voici ce que vous devriez défendre et développer avec conviction!

Nous invitons donc le ministre de la Famille à se ressaisir et à retirer l’amendement réduisant le ratio des garderies privées.

Il en va de votre crédibilité à nos yeux et à ceux de nos membres responsables de services de garde en milieu familial, régis et subventionnés, et intervenantes en CPE.

Chaque jour, ces travailleuses concentrent leurs efforts sur la qualité et la sécurité des enfants plutôt que sur la rentabilité. Elles respectent rigoureusement les normes et règlements imposés justement par votre ministère pour garantir la sécurité et la qualité des services, ce qui est tout à fait normal. Ce qui l’est beaucoup moins, c’est le laxisme et le laisser-faire éhontés lorsqu’il s’agit des services de garde privés. Ce que votre amendement vient renforcer.

Monsieur le Ministre, prouvez-nous que vous avez réellement à cœur le bien-être des enfants en retirant cet amendement qui fait offense aux responsabilités qui vous sont confiées.