Le port du niqab fait partie de l’idéologie islamiste, ultra-réactionnaire et foncièrement anti-féministe

2017/11/20 | Par Kevin Henley

J’aimerais réagir rapidement à cette différence de point de vue (17 novembre 2017) entre Pierre Jasmin (« Manif réussie contre la haine et le racisme ») et Nassira Belloula (et al.) (« Lettre ouverte aux féministes québécoises qui s’opposent à l’interdiction du niqab »).

Il me semble injuste de la part de Pierre Jasmin d’associer le point de vue des signataires de cette lettre ouverte au climat toxique d’intolérance islamophobe, uniquement parce que Belloula a réussi à très bien expliquer en quoi le port du niqab fait partie de l’idéologie islamiste, ultra-réactionnaire et foncièrement anti-féministe. J’ai aussi aimé l’article de Louise Mailloux, publié dans l’édition papier de L’aut’journal (novembre 2017), « Loi 62, ne touchez pas à l’islam », à l’effet que les accusations d’intolérance islamophobe ne devraient pas empêcher quiconque de lutter contre les effets anti-féministes de l’islam, en tant que religion, aussi bien que contre les effets anti-féministes de l’islamisme, en tant qu’idéologie politique. (Ce qui, pour moi, ne veut pas dire que la loi 62 mérite notre appui, dans sa mouture actuelle.)

Il ne faut pas oublier, toutefois, que l’intolérance de tout ce qui est musulman existe bel et bien dans des dizaines de pays différents, y compris au Québec. Beaucoup de gens, et pas seulement des partisans de Donald Trump, semblent totalement incapables de distinguer entre islam et islamisme, même dans des pays aussi peu chrétiens que le Myanmar bouddhiste.

Malheureusement, de nos jours, beaucoup de religions sont frappées très fortement par une vague énorme de fondamentalisme, ou d’intégrisme, qui affecte le christianisme (protestant, catholique et orthodoxe), l’hindouisme, le sikhisme, plusieurs écoles de bouddhisme ainsi que plusieurs autres religions, chaque sorte de fondamentalisme alimentant une phobie d’intolérance vis-à-vis de toutes les autres religions. L’Islam (sunnite et chiite) est touché autant, sinon plus, que toutes les autres religions par cette même vague, qui est à l’origine d'une très forte montée actuelle de l’islamisme politique.

C’est cela qui incite de plus en plus de femmes musulmanes à porter le hijab, le niqab et toutes les autres manifestations vestimentaires provenant d’une interprétation ultra-conservatrice de la modestie coranique.

Celles qui prétendent qu’elles portent ces vêtements librement, sans contrainte masculine d’aucune sorte, me semblent analogues aux briseurs de grève, luttant « volontairement » contre le féminisme, plus ou moins de la même façon que ces ouvriers anti-syndicaux qui traversent « librement » les lignes de piquetage dans un conflit de travail. (Est-ce une coïncidence si le Québec est devenu de nos jours la seule province canadienne possédant à la fois une loi anti-scab et une loi anti-niqab)?

En terminant, j’incite tous les gens anti-fondamentalistes et pro-féministes de ne pas oublier qu’ils sont du même côté de la barricade, après tout.