Tout le Québec politique, sauf Trudeau, maintenant derrière la Davie

2017/12/05 | Par Guy Roy

L’auteur est coporte-parole du PCQ

De 500 à 600 personnes se sont mobilisées hier, dimanche 3 décembre, pour manifester dans les rues de Lévis et défendre les emplois au chantier de la Davie, ce qui faisait probablement de cette manifestation une des plus grosses à avoir jamais eu lieu dans cette petite ville, située juste au sud de notre Capitale nationale. Tout le Québec politique était représenté pour dire au Parti libéral du Canada et à Justin Trudeau que son attitude n'avait pas d'allure.  

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Il n'y avait pas de longue tirade sur ce fédéralisme canadien odieux qui risque maintenant de mettre 800 ouvriers au chômage d'ici Noël, si le contrat de l'Obélix n'est pas rapidement donné au chantier.

Une colère, qui aurait été toute naturelle, était plutôt remplacée par un grand sentiment de fierté, que la plupart des orateurs ne se sont pas gênés pour exalter. À chaque allusion aux énormes capacités de ce chantier, gaspillées au nom de la préférence pour les chantiers de l'Est et de l'Ouest du Canada, les ouvriers présents, et avec raison, criaient leur enthousiasme et applaudissaient.

Le maire et un dirigeant de la Compagnie dénoncèrent les bureaucrates d'Ottawa insensibles et aveuglés par leur parti-pris pour les autres chantiers « canadians ». Un représentant du NPD y alla plutôt, de son côté, de la démonstration que nous élisons des politiques justement pour qu'ils dirigent les hauts fonctionnaires.

Michel Boudrias, du Bloc, et responsable des questions militaires pour ce parti à la Chambre des Communes, évoqua quant à lui la résistance légendaire d'Obélix, du nom du bateau convoité par les ouvriers et la Compagnie, et de tout le Québec historique pour enflammer la foule. Il fut bruyamment applaudi.

Le PQ avait largement mobilisé. Des drapeaux soulignaient l'entier soutien des indépendantistes présents à la cause du chantier. Harold Lebel, député en Gaspésie, qui avait visité le chantier la semaine d'avant, pour exhorter Couillard se mouiller davantage, prit la parole « pour engager tout le monde maritime dans la défense du chantier ».

Philippe Couillard, qui avait finalement décidé de se déplacer, tenta, lui, de s'élever au-dessus de la partisanerie, comme il disait, pour rassembler tout le Québec autour d'une confrontation avec Ottawa encore bien timide, même pour lui.

Il faut dire que tous les politiciens présents n'en étaient en même temps pas à une contradiction près.

Prenez ce Blaney. Pour le compte du Parti Conservateur, responsable de la disette de contrats du Chantier Davie, il prit la parole pour en appeler à la « sécurité nationale du Canada », bien éloigné, peu s'en faut, de la sécurité des familles avant les Fêtes. J'ai alors vu des partisans de longue date de la cause nationale ainsi que du Chantier Davie, sans doute aussi plus radicaux, et en colère, quitter les lieux, dépités, plutôt que d'entendre son hypocrite diatribe

La présidente du Conseil Central de la CSN, pour la région de la Capitale nationale et de la région des Appalaches, Ann Gingras, parla pour sa part du fait qu'Ottawa voulait littéralement fermer le chantier au profit de ses concurrents du ROC. Annonce-t-elle plus grand malheur ? Les ouvriers, leur confiance retrouvée, et le dirigeant de la Compagnie, n'avaient pas l'air d'y croire.

Non, la fermeture n'est pas fatale si on maintient le combat. C'est ce que chaque acclamation des orateurs successifs reflétait. En fait, comme l'évoquait Couillard, il s'agit du combat de tout le Québec comparé à celui récent de Bombardier. Il y va d'enjeux tous nationaux.