Déconstruction des mythes sur la santé

2018/01/09 | Par Richard Lahaie

Nous voulons tous vivre vieux et en santé. Mais, régulièrement, des pseudos experts proposent des recettes miracles qui s’appuient sur des études obscures ou non vérifiables. La santé est l’affaire de chacun de nous et tout le monde devrait pouvoir faire des choix éclairés pour sa santé. C’est dans ce but que le docteur Vadeboncoeur a écrit le livre Désordonnances (Lux Éditeur).

L’auteur explique que nous sommes notre nourriture, au sens propre comme au figuré, parce que les molécules qui nous constituent proviennent des aliments que nous mangeons et, au figuré, parce que nos habitudes alimentaires influencent notre état de santé.

Il nous faut une alimentation simple et variée, avec beaucoup de fruits et de légumes, des légumineuses, des huiles et des noix, moins de viande et plus de poisson, et surtout moins de ces produits transformés gorgés de sucres et de sel.

La population est bernée par la publicité, les amis, les traditions et les études douteuses. Le fameux jus d’orange, que l’on consomme chaque matin, est un choix aussi peu santé qu’une cannette de Coca Cola. Leur composition étant assez proche l’une de l’autre, hormis pour la vitamine C.

La population fait trop confiance aux magazines qui vantent des propriétés curatives de super-aliments tels que le curcuma, les bleuets, les pommes grenades et un mélange de pruneaux et de chia. Il n’y a pas d’aliment qui peut allonger la vie, mais il y a certainement une organisation de ce qu’on mange qui peut allonger la vie, et c’est quand même assez bien démontré. Suivre une diète végétarienne ou méditerranéenne a clairement un impact sur les maladies cardiovasculaires et sur beaucoup de cancers.

« On raconte que le chocolat noir est un petit miracle de la pharmacopée du garde-manger. On attend toujours la preuve scientifique de ses bienfaits. Quand on parle de preuve, il ne s’agit pas d’effets plus ou moins biochimiques constatés sur des cellules de rats, mais bien d’une démonstration d’efficacité thérapeutique sur l’être humain. On attend d’un antibiotique qu’il guérisse une pneumonie, pas seulement parce qu’il présente des propriétés antibactériennes intéressantes en laboratoire. Or, comme les super-aliments, lorsqu’il s’agit d’antioxydants, on extrapole à partir de données biochimiques », écrit le Dr Vadeboncoeur.

Les réseaux sociaux sont très efficaces pour propager des faussetés qui nourrissent des craintes irrationnelles. Une visite sur le web permet de constater les affirmations fausses à propos des vaccins. Pourtant, grâce aux vaccins, de nombreuses maladies ont beaucoup diminué, telles que les oreillons, la rougeole, la varicelle, etc.

 

L’activité physique, c’est mieux qu’une pilule

L’urgentologue explique que les facteurs de risque augmentent la probabilité de souffrir de maladies, qui ont en retour la fâcheuse caractéristique d’abréger nos vies. Inversement, les bonnes habitudes, les facteurs de prévention, nous gardent en meilleure santé et allongent bien souvent nos jours.

« Pour augmenter vos chances de vivre en meilleure santé, explique-t-il, vous avez le choix des armes : la rue en face de chez vous, le parc pas loin, le bois derrière, le tapis roulant dans le sous-sol, la piscine du centre sportif ou le gym. Parce que peu importe le lieu ou la manière, si vous pouvez aller courir, marcher, nager, bref, pratiquer votre sport préféré, vous vous en porterez mieux. Les impacts positifs de tout exercice régulier sont manifestes. Pourtant, sortir les gens confortablement avachis de leur fauteuil n’est pas facile ».

 

Haro sur le dépistage

« Les gens veulent passer des tests qui ne sont pas très utiles. Ils veulent absolument rencontrer leur médecin régulièrement alors que ça ne sert pas nécessairement à grand-chose. On croit que si j’ai un cancer, mieux vaut le trouver le plus tôt possible. C’est que le dépistage est une pratique moins intéressante qu’elle ne paraît ».

Même si le concept général n’est pas déraisonnable, les effets ne sont pas toujours ceux que l’on attend. Le dépistage, ce n’est pas de la prévention. Le dépistage cherche une maladie existante avant qu’elle ne donne des symptômes, alors que la prévention vise à réduire les risques de développer cette maladie.

Quelqu’un qui mange bien, qui mange beaucoup de fruits et de légumes, qui fait de l’exercice assez régulièrement et qui ne fume pas, fait probablement 90 % de ce qu’on sait être efficace en matière de prévention. Nombreux sont ceux qui font des examens de dépistage et qui ont un risque faible d’avoir la maladie recherchée. Il en va autrement des personnes ayant des facteurs de risques élevés (tabac, historique génétique, etc.).

Comme le dit l’adage : Mieux vaut prévenir que guérir!