Des partisans de la paix se réunissent pour dire « Non à l’OTAN! »

2018/04/19 | Par Jeunesse militante

Le 4 avril dernier, à l’occasion du 69e anniversaire du Pacte atlantique, le Mouvement québécois pour la paix a tenu une conférence pour dénoncer ce cartel criminel responsable de la mort de millions d’hommes, femmes et enfants à travers le monde depuis sa création et réclamer le retrait immédiat du Canada du poing armé de l’impérialisme et du complexe industrialo-militaire.

Cette rencontre s’est tenue à point nommé compte tenu que cette même date, coquin de sort, le premier ministre Trudeau recevait le Secrétaire général de l’OTAN, M. Stoltenberg et s’entretenait avec lui au sujet de la possibilité de nouvelles cyberattaques, sur trame d’expulsion de diplomates russes, comme si les puissances impérialistes et leurs alliés étaient menacées par un pays aux ressources militaires incomparablement moindres que celles des États-Unis, seule puissance ayant utilisé, par ailleurs, l’arme atomique et responsable aujourd’hui des conflits en Afghanistan, Syrie, Irak, Libye, sans compter les escalades de tensions sur la péninsule coréenne et les différentes formes d’interventions illégales avérées ou prônées en Amérique Latine et ailleurs.

Les participant.es au rassemblement ont pu compter sur la participation du chercher et militant pour la paix Yves Engler et de Pierre Jasmin, Président du collectif des Artistes pour la paix; tous deux ayant mis en garde contre le danger croissant quotidien d’une guerre mondiale ou d’un conflit globalisé dont les puissances militaires que sont en premier lieu l’OTAN et ses alliés, incluant le Canada, se font nonces. Les deux ont d’ailleurs souligné l’importance aujourd’hui plus que jamais du retrait du Canada de cette alliance comme premier pas nécessaire afin de garantir une politique étrangère indépendante, basée sur la paix, la solidarité et le respect du droit à la souveraineté et à l’auto-détermination des peuples et nations du monde.

Engler s’est concentré, pour sa part, sur l’histoire de l’OTAN et sur les liens que le Canada entretient avec cette alliance militaire et industrielle censée protéger le monde « libre » du péril rouge depuis sa fondation. Il s’est d’abord attardé à démystifier la raison d’être de ce pacte souscrit entre les puissances impérialistes occidentales : « L’OTAN a été conçue pour s’attaquer à la gauche », rappelle-t-il. En effet, reprenant des citations du premier ministre Pearson, le chercheur a pu montrer à quel point le but avoué de ce traité présenté comme une alliance défensive contre le Pacte de Varsovie remplissait en fait le carnet de commande des grandes entreprises qui avaient besoin de cette union militaire afin de s’assurer que « la conquête depuis l’intérieur [des communistes] n’aurait pas lieu ». Il ajoute que l’une des raisons d’être de l’OTAN a été, dès le début, de renforcer l’ancien ordre colonial dans un monde en changement où les puissances coloniales qu’étaient la France et l’Angleterre, ravagées par la Seconde Guerre mondiale, ont été supplantées économiquement grâce au Plan Marshall par les États-Unis.

C’est ainsi que le Canada, à travers les forces de l’Alliance, ont contribué à hauteur de 5 millions de dollars à la lutte contre les organisations de libération nationale dans les années 1950 – 1960, à commencer par l’Algérie où l’on sait que le Canada a envoyé plusieurs cargaisons de balles pour ravitailler les forces françaises contre les rebelles insurgés depuis la Toussaint rouge de 1954.   

Pierre Jasmin pour sa part s’est efforcé de dresser un portrait du groupe Artistes pour la paix et de défendre les titres de noblesse du mouvement pour la paix au Québec, mouvement qui a su, dans les années 2000, mobiliser des milliers de personnes contre la guerre en Irak, forçant ainsi le gouvernement du Canada à dénier l’invitation lancée par Bush de se joindre à l’invasion de l’Irak qui a fait environ un million de victimes. Ce mouvement a également dénoncé les essais d’avions supersoniques conduits par l’OTAN au-dessus des territoires autochtones de l’Innu Nistassinan, liant ainsi la question du militarisme à celle de la négation des nations autochtones à l’auto-détermination. Jasmin a également souligné son implication personnelle et celle de Pugwash Canada dans la mobilisation contre les armes nucléaires, dénonçant en particulier la position du Canada qui, le 7 juillet dernier, a refusé de signer un traité endossé par 122 pays membres des Nations Unies pour le ban des armes nucléaires.

En agissant de la sorte, le Canada s’est  rangé du côté des puissances militaires, portant sa voix au secours des va-t-en-guerre de l’OTAN et ses alliés plutôt que de s’engager dans une politique prônant la paix et la solidarité.

Depuis la création de l’OTAN, on sait que 90% des dépenses militaires canadiennes sont consacrées à ses opérations. Aujourd’hui, bien que le pacte de Varsovie et que le soi-disant « spectre du communisme » ne représente plus une menace immédiate, il reste que l’OTAN, non content de se maintenir comme alliance militaire, s’est étendue vers l’Est et accueille aujourd’hui des pays comme la Lettonie, la Pologne ou le Kosovo, encerclant ainsi la Russie de plus belle.

 Loin de renverser la vapeur, le gouvernement Trudeau poursuit dans cette même lancée, allant même jusqu’à se montrer bon élève en augmentant le budget militaire de 70%, tel qu’annoncé en juin dernier. Il formule ainsi une profession de foi qui engage le Canada encore plus loin sur la voie des guerres impérialistes d’agression : comment croire autrement qu’un gouvernement alloue une telle somme à ses opérations militaires si ce n’est que pour se préparer à la guerre?

Pour les partisan.nes de la paix, il ne fait aucun doute que notre mobilisation est impérative plus que jamais. Les récents évènements en Syrie en sont la preuve. Sans forcer les couleurs sombres du tableau, il ne fait aucun doute qu’avec les provocations de Trump sur cette terre du Moyen-Orient étaient dirigées contre la Russie en premier lieu.

Ainsi, comme l’affirmait Jaurès à l’orée de la 1e Guerre mondiale, « il n’y a plus, au moment où nous sommes menacés de meurtre et de sauvagerie, qu’une chance pour le maintien de la paix […], c’est que le prolétariat rassemble toutes ses forces qui comptent un grand nombre de nos frères […] et que nous demandions à ces milliers d’hommes de s’unir  pour que le battement unanime de leurs cœurs écarte l’horrible cauchemar. »

 Source : Jeunesse Militante, http://yclljc-magazine.blogspot.ca/