Chute de l’indice de fécondité : les leçons à en tirer

2018/04/24 | Par Frédéric Lacroix

L’Institut de la statistique du Québec émettait un communiqué le 18 avril dernier pour relayer les dernières statistiques démographiques québécoises.

Voilà une donnée qui devrait intéresser tous ceux qui s’intéressent à l’avenir du Québec.

On y apprend qu’ « en 2017, 83 900 bébés sont nés au Québec. Cela représente quelque 2 500 naissances de moins qu’en 2016, soit une baisse de près de 3 %. Le nombre de naissances a diminué chaque année depuis le sommet récent de 2012 (88 900 naissances).

De plus, en 2017, l’indice synthétique de fécondité (ISF) est d’environ 1,54 enfant par femme, comparativement à 1,59 en 2016. On se souviendra que l’indice synthétique de fécondité avait dépassé 1,7 en 2008 et 2009 (voir figure 1).

 

Figure 1

 

Trois observations :

1. La chute de l’ISF qui a eu lieu à partir des années soixante-dix (de 1975 à 1987) avait conduit à une prise de conscience de la nécessité d’adopter des mesures structurantes afin d’intégrer les immigrants allophones au Québec français. Comme ceux-ci s’intégraient massivement aux anglophones, la fin de la surfécondité signifiait très clairement, à terme, la minorisation des francophones au Québec. Ce fût l’impulsion derrière la loi 101.

Le Canada Français avait toujours compté sur sa surfécondité pour non seulement se maintenir, mais même espérer un jour devenir majoritaire au Canada, un rêve que l’élite Canadienne-française a caressé brièvement entre les deux guerres mondiales. La fin de cette surfécondité vers la fin des années cinquante, combiné à la hausse des volumes d’immigration au Canada fut un brutal rappel à la réalité : le Canada Français non seulement resterait minoritaire, mais il le serait de plus en plus dans un Canada de plus en plus anglophone.

2. Sans vouloir simplifier outre mesure les mouvements complexes de la démographie, rappelons que la mise en place du Régime québécois d’assurance parentale date du 1 er janvier 2006, ce qui coïncide joliment avec la hausse marquée de l’ISF et la hausse du volumes des naissances entre 2005 et 2010. A contrario, la chute de l’ISF est particulièrement marquée entre 2016 et 2017, période qui coïncide avec l’augmentation brutale des tarifs de CPE, des tarifs de garde scolaire et le climat d’austérité morose que le PLQ a jeté sur le Québec.

3. La chute de l’ISF depuis 2009, mais aussi son maintien en bas de 2,1 depuis plus de 40 ans signifie une chose : le Québec français sera minorisé à moins d’arriver à intégrer linguistiquement et culturellement environ 90% des immigrants qui s’installent sur son territoire chaque année. A cet égard, nous sommes très loin du compte. L’intégration est nettement insuffisante pour éviter notre mise en minorité (cela est d’ailleurs déjà le cas à Montréal). Il est absolument urgent, vital, essentiel, de prendre des mesures structurelles pour rehausser l’attraction du français au Québec. Des mesures aussi structurantes que l’étaient celles de la loi 101 originale. Mentionnons la loi 101 au Cégep, la francisation obligatoire des immigrants, la fin du bilinguisme de l’État Québécois parmi ces mesures souhaitables.