76% des Québécois considèrent que la francisation des immigrants est un enjeu vital pour l’avenir du Québec

2018/05/03 | Par Frédéric Lacroix

Un sondage commandité conjointement par le Mouvement national des Québécoises et Québécois (MNQ) et la Fondation Lionel-Groulx apportait la semaine passée un certain baume au cœur de ceux qui gardent, malgré les vents contraires, une certaine idée du Québec.

J’ai été peu étonné de constater que les résultats du sondage n’ont pas fait l’objet de longs commentaires complaisants à Radio-Canada ou de multiples chroniques dans les journaux de Power Corp.

Ce sondage nous apprend pourtant un fait essentiel. Les Québécois, malgré un battage médiatique intense en faveur du « bilinguisme » depuis une quinzaine d’années, malgré l’association nauséabonde qui est faite à tout instant dans les médias sous contrôle fédéral entre « le français, langue commune » et la  « fermeture » voire le « racisme », tiennent encore malgré tout à l’idée du Québec français. La résistance des Québécois n’est pas encore tout à fait brisée.

Le sondage nous apprend que 76% des Québécois sont en accord avec l’affirmation suivante : « La francisation des immigrants est un enjeu vital pour l’avenir du Québec ». Une écrasante majorité des « francophones », soit 85%, sont d’accord. Par contre, seule une minorité, soit 46% des non francophones, sont d’accord. Sans surprise également. L’idée du Québec français est portée majoritairement par ceux qui parlent français à la maison.

Notons que 27% des non francophones sont « très satisfaits » et 27% sont « satisfaits » de « l’action du gouvernement du Québec pour promouvoir et protéger la langue française ». Le gouvernement Couillard, qui mène dans les faits un travail de sape du français, a donc l’appui d’une bonne partie de sa base électorale. A l’inverse, les francophones sont « plutôt insatisfaits » et « très insatisfaits »  à 57% et seuls 5% d’entre eux sont « très satisfaits » du travail du gouvernement.

A noter qu’une bonne majorité de la population (57%) est d’accord pour dire que la francisation des immigrants est un « échec ». Encore là, les francophones sont d’accord à 62% tandis que les non francophones sont d’accord à seulement 42%.

La profonde structuration linguistique des attitudes et des comportements au Québec est encore une fois mise en évidence dans ce sondage. Et nous rappelle un fait élémentaire : le jour où ceux qui parlent français à la maison seront minoritaires au Québec, ce sera aussi la fin de l’idée du Québec français. Notons que les francophones sont déjà minoritaires à Montréal, et que la conséquence politique de cela est que la Mairesse Plante prône maintenant ouvertement le « bilinguisme » dans les services offerts par la Ville.

Mais là où ce sondage étonne est sur la question « suivre des cours de français pour les nouveaux arrivants devrait être obligatoire ». A cela, 91% des francophones sont d’accord. Étonnamment, une majorité des non francophones sont aussi d’accord (59%) avec cette affirmation. Voilà une base sur laquelle construire. La francisation devrait être une condition pour s’établir de façon permanente au Québec.

Rappelons que le Vérificateur général déposait à l’automne 2017 un rapport dont le chapitre 4 portait sur la « francisation des personnes immigrantes ». La lecture de ce rapport serait vivement conseillée aux 40% des francophones et 54% des non francophones qui se disent « très » ou « plutôt satisfaits » et de l’action du gouvernement pour « protéger la langue française ».

On y apprend entre autres que de 2010 à 2016, des 283 000 immigrants âgés de 16 ans et plus accueillis au Québec, plus du tiers (94 333) ont déclaré ne pas connaitre le français. De par son incurie et sa mauvaise foi, le gouvernement Couillard s’assure que ce tiers l’apprenne le moins possible. Ainsi :

  • Le Ministère n’effectue aucun suivi des immigrants qui ont déclaré ne pas connaitre le français à leur arrivée.
  • La vaste majorité des participants aux cours de français offerts par le Ministère n’atteint pas le seuil d’autonomie langagière (qui permet l’accès au marché du travail).
  • Les immigrants de la cohorte de 2015 ont atteint le niveau d’autonomie langagière dans une proportion de seulement 9,1% à l’oral et de 5,3% à l’écrit (oui vous avez bien lu).
  • De ceux qui déclarent ne pas connaitre le français, la vaste majorité ne suit pas de cours de français (près de 72% dans l’échantillon vérifié!).
  • Le taux de participation aux cours de français est en chute libre depuis des années et atteignait seulement 28% en 2013.
  • Le taux d’abandon des cours est très élevé (presque 20%).

La « francisation des personnes immigrantes » est un échec retentissant.

Un échec qui met en péril notre avenir collectif. Pourtant, il existe solide appui public (84%!) à des mesures visant à rendre la francisation obligatoire. Qu’attendons-nous pour foncer?