Inspection des puits inactifs et abandonnés

2018/05/07 | Par Carole Dupuis

L’auteure est coordonnatrice générale du Regroupement vigilance hydrocarbures Québec

Des groupes environnementaux et citoyens estiment que le nouveau “plan de match " sur  les puits inactifs et abandonnés annoncé aujourd'hui par le ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles n'a rien pour rassurer la population dans un contexte où le gouvernement Couillard semble toujours déterminé à encourager les forages et la fracturation hydraulique au Québec.

 « Trois ans et demi après avoir lancé son plan d'action pour l'inspection des puits inactifs au Québec en 2014, et après avoir géré ce dossier avec une opacité et un laxisme ahurissants, le gouvernement Couillard lance... la même chose », souligne Carole Dupuis, du Regroupement vigilance hydrocarbures Québec. Les groupes voient dans cette annonce une manœuvre visant à rassurer la population au moment où le gouvernement s’apprête à adopter ses contestés règlements sur les hydrocarbures et à accélérer l’exploration pétrolière et gazière au Québec. « La population n’est pas dupe et comprendra qu’il n’y a rien dans ce plan d'inspection qui rendrait le développement des hydrocarbures au Québec plus acceptable considérant qu’il menace l’eau, l’environnement et va à l’encontre de nos engagements climatiques », a déclaré Patrick Bonin, porte-parole de Greenpeace. 

 

Des inspections déficientes

Selon la coalition, le ministre donne raison aux groupes qui ont dénoncé le manque de crédibilité de son ministère en matière de surveillance et d'entretien des puits inactifs. « Lors de son point de presse, le ministre Moreau a admis que plusieurs puits déclarés “conformes” lors des inspections de 2017 présentent des déficiences qui ne justifie pas ce statut », relève Marc Brullemans, du Collectif scientifique sur la question du gaz de schiste. Selon ce scientifique, qui a participé plusieurs fois à la recherche de puits inactifs au fil des ans, la localisation des puits n’est pas tâche impossible comme semble parfois le suggérer le ministère.

 « Nous trouvions les puits que nous recherchions dans une proportion largement plus élevée que le ministère. Sur les 85 puits enterrés, 57 ont pu être trouvés alors que le ministère en a trouvé moins de 1 sur 10 lors de sa ronde d’inspection de 2017, renchérit André Bélisle, président de l’AQLPA, l’organisation qui a mené une campagne de recherche de puits à l’abandon en 2015.  Malgré le rejet par son ministère du travail d'identification et d'inspection des puits abandonnés réalisé par l'AQLPA et CMAVI, le ministre Pierre Moreau se rend à nos recommandations. Maintenant il doit prioriser la mise oeuvre de nos recommandations avant toute chose. »

 « Le ministre Moreau erre lorsqu’il affirme que depuis 1860, aucun dommage à la propriété n’a été causé par un puits à l’abandon, estime Pascal Bergeron d'Environnement vert plus.  Depuis 2012, un propriétaire se plaint de la disparition de son terrain englouti par un puits à l’abandon, situation que le ministère ignorait toujours aux dernières nouvelles. Des dommages ont aussi été constatés sur plusieurs terres agricoles dans le centre du Québec, que ce soit par la présence de clôture ou de zones infertiles. Il faut prévoir que l’exploitation amènerait davantage de dommages aux terres. »

 

Transparence exigée

Les groupes exigent que le gouvernement publie sans tarder les rapports d’inspection et l’ensemble des documents en lien avec les inspections de puits effectuées au Québec, incluant celles faites en 2015 par l’AQLPA. Greenpeace a d’ailleurs récemment obtenu et dévoilé un inquiétant rapport d’inspection de l’AQLPA qui avait été financé par le gouvernement du Québec et que ce dernier refusait de le rendre public malgré diverses requêtes en accès à l’information.