Pour qui travaillons-nous ? Une nouvelle mise à jour

2018/05/23 | Par IREC

Présenter les dépenses et prestations publiques en pourcentage du PIB et en jours d’activité permet de saisir clairement à quelles fins ont été utilisés les taxes, impôts et cotisations versés à nos gouvernements. Les jours d’activité représentent l’équivalent du nombre de jours dans l’année complète que les agents économiques consacrent au financement d’un poste de dépense. Cet exercice fait ressortir que la majorité des jours d’activité consacrés financent des dépenses qui seront retournées sous forme de services ou de prestations dont profitent directement l’ensemble des ménages. C’est le cas des dépenses reliées à la protection sociale, à la santé, à l’éducation, au loisir et aux prestations des régimes de retraite publics, qui représentent ensemble 105 des 159 jours d’activité alloués aux dépenses publiques ou 28,6 % du PIB. Sans l’offre publique de ces services, les Québécois.e.s auraient à payer ces derniers directement, à un coût plus élevé, voire trop élevé pour plusieurs d’entre eux.

 

La protection sociale

En tête des dépenses : la protection sociale (incluant les prestations sociales versées aux personnes invalides ou âgées, aux familles et aux chômeurs) représente 37,3 jours d’activité et 10,2 % du PIB. Ce poste a augmenté de 2,1 jours par rapport à 2008. Parmi les éléments qui contribuent à l’importance de cette catégorie, on trouve notamment les prestations et dépenses de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ). Cette assurance publique permet de mutualiser les risques et d’offrir un service supplémentaire à meilleur prix qu'au privé. Vivement une véritable assurance médicaments publique universelle qui serait tout aussi bénéfique!

 

Coupures en santé

Vient ensuite la santé, avec 34,7 jours d’activité ou 9,5 % du PIB. C’est 1,6 jour de plus qu’en 2008, mais 0,3 jour de moins qu’en 2014. Le gouvernement Couillard a donc bel et bien coupé dans les dépenses en santé, provoquant une crise sans précédent du système. On peut faire un constat similaire pour le poste de l’éducation, qui a subi une baisse équivalant à 0,4 jour entre 2014 et 2016, passant même sous le niveau de 2008.

Au troisième rang, les services généraux des administrations publiques enregistrent la plus forte baisse, principalement grâce à la réduction des frais de la dette, représentant plus de 50 % de ces dépenses. Si les frais sur la portion de la dette attribuable aux déficits accumulés représentent des paiements pour des services publics rendus dans le passé, les frais sur la portion attribuable à des dépenses d’investissement et d’infrastructure représentent l’étalement du coût de projets dont nous profitons encore aujourd’hui (routes, hôpitaux, etc.).

 

Le fardeau fiscal baisse mais...

Ainsi, le nombre de jours d’activité alloués aux dépenses publiques aurait atteint un total de 158,8 en 2016, soit 43,5 % du PIB. C’est donc que dès le 7 juin 2016, nous avions collectivement consenti le nombre de jours travaillés pour combler les dépenses publiques courantes, soit une diminution de deux jours en deux ans (0,5 point de pourcentage du PIB) et de 2,8 jours en huit ans (0,8 point de pourcentage du PIB). Le fardeau fiscal tend clairement à baisser depuis plusieurs années et cette tendance s’est accélérée récemment. Ce n’est pas un constat nécessairement positif. Ce serait le cas si cette diminution résultait d’une amélioration de l’efficience des dépenses publiques, mais tout laisse à penser qu’elle s’est plutôt traduite par une détérioration des services publics.

Pour qui travaillons-nous, finalement ? Encore une fois, on voit que les jours d’activité que consacrent les Québécois.e.s au financement des dépenses publiques leur reviennent majoritairement en prestations et services.

 

Graphique 1. Comparaison du poids des dépenses publiques pour 2016, 2014 et 2008
(en jours d’activité)

 

Tableau 1. Poids des dépenses publiques courantes au Québec, 2016