« I have a bigger nuclear button! » Donald Trump

2018/05/25 | Par Pierre Jasmin

Cette réplique du président américain servie à Kim Jong-un, lorsqu’ils étaient en mauvais termes il y a deux mois, redevient la politique américaine officielle : l’embellie n’ayant pas duré, ce grotesque tweet démontre une ignorance totale quant aux effets d’un conflit nucléaire moderne[1]. Et elle est partagée dans le New York Times par Stephen Harper et John Baird (qu’en pensaient les Conservateurs réunis l’autre fin de semaine au Québec?) puisqu’ils approuvaient la déchirure de l’entente iranienne par Donald Trump.

Le Canada, l’Union Européenne et l’Organisation de Coopération de Shanghaï (Russie, Chine, Inde, Pakistan…) veulent tous que l’Iran n’acquière jamais l’arme nucléaire et que continue de s’appliquer le Plan d’action global conjoint (2015) ayant fait l’objet de longues années de négociations. La ministre des Affaires étrangères Chrystia Freeland a sagement déclaré[2] : « Le Canada regrette que les États-Unis aient décidé de se retirer du PAGC, d'autant plus que, selon l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), l'Iran poursuit la mise en œuvre de ses engagements ». Elle a renchéri : « Le Canada souscrit à un ordre international efficace et fondé sur des règles, et il estime que le PAGC est essentiel pour éviter que l’Iran n’acquière la capacité de fabriquer des armes nucléaires et pour assurer une plus grande sécurité régionale et mondiale ». Le Secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres déplore le retrait américain qui risque de miner la confiance mondiale en les politiques de contrôle d’armement ou de désarmement, au moment où on aborderait le dossier de la dénucléarisation de la péninsule coréenne.

Alors que refusent les États-Unis et Israël, en écartant l’entente? Précisément ses conséquences possibles de paix et de désarmement, qui ne feraient pas l’affaire du complexe militaro-industriel qui contrôle leurs dirigeants et convoite les mille milliards de $ de contrats nucléaires prévus sur dix ans? Quant à M. Trudeau, souhaitons qu’il constate au plus tôt qu’il n’y a pas d’ennemis ou d’amis nucléarisés, puisque tous à risque de déclencher un holocauste par dessein, par détournement terroriste de matériel fissile ou par accident informatique. C’est pourquoi on lui redemande d’appuyer le Traité d’interdiction des armes nucléaires avancé le 7 juillet dernier à l’ONU par l’ambassadrice Elayne Whyte-Gómez du Costa Rica appuyé par cent vingt-et-un autres pays[3].

Pierre Jasmin, artiste pour la paix honoraire, membre du comité de direction du Réseau canadien pour l’abolition de l’arme nucléaire (CNANW), membre exécutif de Pugwash Canada (pugwashgroup.ca) et co-président d’honneur du Mouvement Québécois pour la Paix.

Pierre Jasmin (APLP, MPQ, CNANW, Pugwash),

Debbie Grisdale (Réseau canadien pour l’abolition de l’arme nucléaire)

et Steven Staples (Institut Rideau et ceasefire.ca)

 encadrent Elayne Whyte Gómez ambassadrice du Costa Rica le 25 septembre 2017, après la signature symbolique d’une copie du Traité par une sénatrice, une douzaine de députés NPD et la chef du parti Vert devant le Parlement d’Ottawa.

 


[1] Chacune des 17 000 ogives nucléaires aux mains de neuf pays (missiles balistiques, sous-marins et avions de l’OTAN) est en moyenne 100 fois plus destructive que la bombe d’Hiroshima.

[2] Contredite par un seul de ses fonctionnaires le 20 avril : http://www.artistespourlapaix.org/?p=14846