La création de comptes au RRQ

2018/06/13 | Par IREC

Les deux derniers Bulletins de la retraite ont été l’occasion de dresser un portrait général des Régimes enregistrés d’épargne-retraite (REÉR) et de leurs cotisants, en plus de circonscrire les limites de cette formule d’épargne-retraite individuelle. L’objectif était d’abord de remettre en question l’efficacité réelle de ces produits financiers en matière de sécurité financière sous l’angle des rendements et des risques supportés par les individus. Bien qu’ils soient devenus une façon commune d’épargner pour la retraite chez la classe moyenne, les REÉR se présentent globalement comme un véhicule peu performant pour assurer un remplacement de revenu qui soit stable et suffisant à la retraite lorsqu’il est comparé aux véhicules d’épargne collective comme les régimes complémentaires de retraite ou le Régime de rentes du Québec (RRQ). Il est certainement possible de faire mieux en 2018 sur le plan de l’épargne-retraite.

Nous souhaitons ici élargir les perspectives sur l’épargne-retraite individuelle en discutant d’une alternative aux REÉR qui mériterait d’être approfondie, soit l’ouverture de comptes individuels au RRQ. Cette option publique d’épargne-retraite individuelle permettrait d’améliorer substantiellement la couverture financière des personnes, tout en contribuant à diminuer les frais de gestion du capital. Les Québécoises et Québécois disposeraient ainsi d’une option sécuritaire et rentable où canaliser leur épargne dans le but d’augmenter les rentes reçues à la retraite.

 

Une option adaptée à l’évolution de la retraite

Les politiques publiques de la retraite qui structurent le système actuel (avec trois ou quatre piliers qui s’additionnent pour atteindre un taux de remplacement du revenu d’emploi une fois à la retraite) ont été conçues sur le modèle de la classe moyenne : programmes uniformes, accès universel pour les employés, la retraite comme fin de l’emploi, financement sur l’ensemble de la carrière professionnelle, épargne individuelle en l’absence de représentation collective, filet social et redistribution des revenus par la fiscalité. La performance de ce système venait de sa cohérence d’ensemble. À partir de la publication du rapport de la commission présidée par Alban D’Amours, les décideurs publics ont pris conscience de la fragilité de l’héritage de la retraite pour les prochaines générations.

Si l’on prend le temps d’observer l’évolution du système de retraite au Québec depuis une dizaine d’années, on serait presque tenté de revendiquer la mise en place d’un revenu minimum garanti comme solution de « dernier ressort » afin de préserver l’idée d’un filet social tout au long de la vie, ainsi qu’une rente comme modalité de partage de la valeur ajoutée. Elle ne devrait pas être trop défavorable au monde du travail à défaut de faire des gains par la négociation collective. Or, rien n’interdit de penser que le principe de la solidarité peut trouver une nouvelle actualité dans la création de comptes individuels (pour tenir compte de la pénibilité des emplois, des besoins de formation, de l’aide à des proches, etc.) qui peuvent être abondés autant par les individus eux-mêmes que par les entreprises et les gouvernements.

Que ce soit avec la constitution de comptes individuels au RRQ ou de tout autre mécanisme d’épargne personnelle permettant de mutualiser les risques et d’augmenter les rendements, il apparaît important de proposer une alternative publique pour les personnes ne trouvant pas de produits financiers répondant à leurs besoins. Si, à une certaine époque, nous avons été capables de créer le RRQ malgré les réticences du gouvernement fédéral et des institutions financières, nous devrions être en mesure, aujourd’hui, d’aménager cette institution afin que l’épargne personnelle, fortement encouragée par les gouvernements, soit canalisée dans un meilleur véhicule financier pour le remplacement du revenu à la retraite, selon le profil et la situation des épargnants.