Il faut tout de même libérer Raif Badawi et sa sœur

2018/08/20 | Par Michel Gourd

Que l'Arabie Saoudite ait gagné les hostilités contre le Canada, ne change rien au fait que ce pays devrait libérer Raif Badawi et sa sœur, ne serait-ce que pour ses propres intérêts.

Depuis déjà plusieurs décennies, l'Arabie Saoudite est une plaie internationale au niveau de son non-respect des droits de l'homme et de l'État de droit. Trois choses permettent aux dirigeants de ce pays de se maintenir dans cette situation qui est pour le moins particulière et anachronique. La première est qu'ils possèdent une ressource non renouvelable que le monde entier convoite, le pétrole. La deuxième est qu'ils sont liés stratégiquement et politiquement aux États-Unis.

Or ces deux piliers de son pouvoir s'effritent actuellement. Le pétrole qui est toujours encore très utilisé est cependant de moins en moins un pouvoir géopolitique protecteur. Non seulement plusieurs autres pays en produisent de plus en plus, mais d'autres sources d'énergie plus écologiques le remplacent tranquillement. Le deuxième de ces piliers, soit l'appui des États-Unis, devient de moins en moins pertinent en raison de la perte de pouvoir autant économique que politique de la dernière superpuissance mondiale.

Il ne reste donc vraiment que le pouvoir de l'argent comme protection du mode de vie archaïque que maintient ce pays avec des armes ultramodernes. C'est ce pouvoir qu'il a fait jouer contre le Canada, petit pays faible, qui a été sonné et dont les dirigeants se perdent actuellement en bassesses et rampent jusqu'aux portes du royaume pour essayer de se faire pardonner et récupérer une partie des investissements qu'ils ont perdus.

Mais même ce dernier grand pouvoir ne contrôle pas tout et perd de sa force. Non seulement l'augmentation de la masse monétaire mondiale rend la fortune de l'Arabie Saoudite relativement de moins en moins importante, mais les humanistes commencent à donner de la voix contre ce récidiviste et accumuler des appuis autour de la planète. Ceux-ci commencent d'ailleurs à comparer l'Arabie Saoudite à son ennemi juré, l'Iran, au niveau du respect des droits de l'homme pour voir lequel mérite vraiment leurs appuis, surtout dans la guerre au Yémen. Mohammed ben Salmane aurait donc tout intérêt à calmer le jeu et trouver une bonne excuse pour libérer Raif Badawi, sa sœur et quelques autres militants des droits de l'Homme dans son pays.