L’histoire du Canada selon Justin Trudeau

2018/08/27 | Par Robin Philpot

On s’est beaucoup attardé sur les accusations de racisme lancées par Justin Trudeau à Sainte-Anne de Sabrevois. Or, son résumé de l’histoire du Canada est de loin plus grave et plus insultant.

« Le Canada, dit-il, a été bâti par des vagues d’immigration qui ont été accueillies par les Premières nations qui nous ont montré comment bâtir une société forte. »

Acceptons le temps d’un petit texte cette version de l’histoire et conformons-nous-y. Voici comment elle serait racontée.

D’abord par les Premières Nations.

« Oui, nous vivions sur ce continent depuis des millénaires. Ils sont venus des ‘vagues d’immigration’, Espagnols, Français et Anglais. Dans le but de leur permettre de bâtir une ‘société forte’, on leur a dit : prenez nos terres et, en retour, vous nous donnez de petites réserves dans des territoires lointains, une photo du Roi ou de la Reine d’Angleterre, 4 $ par année, et un droit de chasser et  de pêcher à l’occasion. Aussi, pendez nos chefs récalcitrants (‘Esprit errant’ et les 7 autres) ainsi que notre allié et frère Louis Riel. Par ailleurs, dans l’intérêt de la ‘société forte’ que vous voulez bâtir, prenez tous nos enfants, mettez-les dans des pensionnats où vous leur ferez perdre leur langue et leur culture. »

Ensuite par les Acadiens :

« Nous sommes venus de France fonder l’Acadie au début du 17e. Sans les Micmacs, nous n’aurions jamais pu survivre. Nous avons vécu côte à côte, en nous mariant avec eux, pendant plus de 100 ans. Mais une nouvelle ‘vague d’immigration’ est venue d’Angleterre et de la Nouvelle-Angleterre. Elle était armée jusqu’aux dents. Nous, et les Micmacs, les avons accueillis et leur avons dit : prenez nos terres, déportez-nous sous d’autres cieux ou chassez-nous vers les terres Micmacs à l’intérieur ou vers le Canada (aujourd’hui le Québec). Il est dans l’intérêt de la société forte que vous voulez construire. Nous et les Micmacs, on survivra… peut-être. Merci. »

Et finalement, les Canayens (aujourd’hui Québécois et Canadiens français).

« Nous sommes venus au 17e siècle, mais peu nombreux. Sans les Montagnais, les Hurons et d’autres nations, avec qui nous nous sommes mariés, on n’aurait jamais pu survivre en raison du climat extrême et des raids des Anglais et de certains de leurs alliés iroquois. Nous avons établi des alliances commerciales et militaires et fait la paix avec des dizaines de nations qui nous ont permis de visiter une grande partie de l’Amérique. Nous avons adopté beaucoup de leurs méthodes de survie. Mais une autre ‘vague d’immigration’ est arrivée, elle aussi armée jusqu’aux dents. Dans le but de leur permettre de bâtir une société forte, nous leur avons dit de brûler nos terres et nos maisons, de prendre le contrôle de nos seigneuries, de nos maisons et de nos villes, d’imposer leur langue et leur religion, de nous permettre de travailler comme coureurs de bois et de bûcherons, mais de garder tous les postes de décision pour eux. Nous leur avons dit aussi pendre les récalcitrants qui veulent avoir le contrôle du pays et de nous mettre en minorité dans notre pays pour plus qu’on mette les bâtons dans les roues de ‘la société forte’ qui se développe. Et ils ont bien voulu accepter de les pendre et de nous mettre en minorité. »

Oui, tout est bien qui finit bien dans le meilleur des mondes de Justin Trudeau.