Débat en anglais : le MQF demande aux chefs de reconsidérer leur présence

2018/09/14 | Par MQF

Le Mouvement Québec français (MQF) dénonce la tenue du débat en anglais qui sera diffusé le 17 septembre sur les ondes de CBC et demande aux chefs des partis politiques de reconsidérer leur participation.

Pour Maxime Laporte, président du MQF, « les chefs de partis devraient reconsidérer leur participation au débat télévisé en anglais, ne serait-ce que par solidarité pour les Acadiens.nes qui eux, n'auront pas droit à une joute électorale dans leur langue à Radio-Canada au Nouveau-Brunswick, une province qui se dit pourtant officiellement bilingue... En espérant se magasiner quelques votes, ils cautionnent directement l'injustice linguistique qui s'abat sur le fait français au Canada. »

« Plus fondamentalement encore, les chefs de partis ont le devoir de se montrer cohérents et exemplaires eu égard au statut du français comme seule langue commune au Québec, principe qu'ils ne sauraient sacrifier sur l'autel du clientélisme politique. En acceptant de prendre part à un débat national dans la langue de Shakespeare à la télévision, quel message envoient-ils à nos concitoyens.nes allophones, déjà largement anglicisés ? - Hé bien ! Qu'apprendre le français n'est ni nécessaire ni important, au fond, puisque même nos aspirants Premiers ministres, - francophones de surcroît, sont prêts à servir en anglais, à l'image de nos institutions publiques qui ne cessent de se bilinguiser... ».

« Créer un tel précédent, c’est irresponsable. Si les chefs vont de l'avant, il ne se passera plus une seule campagne électorale à l'avenir sans qu'on ne presse les groupes médiatiques et les partis politiques de tenir pareil débat national en anglais, jusqu'à en faire une coutume, comme au fédéral. Et au diable l'esprit de la loi 101 ! », a fait valoir le président du MQF. Selon lui, il n'est pas trop tard pour MM. François Legault, Philippe Couillard, Jean-François Lisée et Mme Manon Massé de revoir leur position, « surtout que les derniers jours ont montré à quel point les Québécois se préoccupent de l'avenir du français ».

« C’est ainsi que l’anglicisation prend forme dans notre quotidien au Québec. C’est ce type de reculs significatifs qui, s’additionnant les uns aux autres, contribuent à affaiblir notre langue. Ne nous surprenons pas, après cela, du fait que les francophones sont en voie de devenir minoritaires sur l'île de Montréal. Or, tant que l'avenir du français ne sera pas garanti au Québec, le MQF et ses alliés interviendront sans relâche pour dénoncer chaque recul. Car un recul, même petit, c'est un recul de trop. »

« Rappelons que la très vaste majorité des Québécois.ses comprennent le français. Quant aux locuteurs de langue maternelle anglaise, qui constituent seulement 8,1% de la population, la très vaste majorité d'entre eux parlent très bien la langue de Molière et de Miron. Sachant cela, comment expliquer la nécessité d'un tel débat ? Courtoisie ou bonasserie ? - Même dans une pure logique de marketing politique, les bénéfices à en tirer ne font pas le poids face aux préjudices infligés au statut de la langue. En voulant faire plaisir aux anglophones, on nuit directement à la francisation des allophones, objectif qui commande tout d'abord l'affirmation sans ambiguïté du français comme seule langue commune de notre démocratie et de nos institutions. Quant à l'argument creux voulant qu'"il faut représenter tous les Québécois", il ne tient pas la route, car partant, pourquoi n'y aurait-il pas de débat national en langues autochtones, en espagnol, en créole, en arabe, en mandarin, etc. ? Inclure tout le monde, ça passe par le respect et la valorisation d'une seule langue commune pour tout le monde : le français », a conclu Me Laporte.

Fondé en 1972, le Mouvement Québec français (MQF) est une organisation citoyenne et militante active dans toutes les régions du Québec ayant mission de promouvoir et défendre la langue française. La mobilisation de ses membres a entre autres mené à l’adoption de la Charte de la langue française en 1977. Toutefois, avec l’apparition de nouvelles réalités ainsi que de nombreuses contestations judiciaires ayant grandement affaibli la protection dont le Québec s’est doté pour sa langue, le MQF poursuit sa mission de faire du français la seule langue officielle et commune au Québec.­